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Henri Camara ne comprend pas le comportement de l’équipe du Sénégal. Le recordman des sélections en équipe nationale avec 98 capes trouve les Lions trop tendres et leur recommande engagement et vigilance face à la Tunisie et à l’Egypte, leurs principaux adversaires des éliminatoires de la CAN- 2014. Entretien

Henri, quel regard jetez-vous sur la poule G que le Sénégal partage avec la Tunisie, l’Égypte en attendant la Guinée Bissau ou le Botswana ?

J’ai peur des Arabes. Ils ont un football très bizarre. Mais puisque dans chaque poule, il y a deux équipes qui se qualifient, je suis confiant pour la qualification du Sénégal parce que nous avons une équipe qui peut surprendre tout le monde.

Que faut-il faire pour se sortir de ce groupe ?

Il faut répéter le même match que contre la Côte d’Ivoire. Là, on a vu une équipe du Sénégal métamorphosée avec des joueurs qui se sont transcendés jusqu’au bout.

Cela sera-t-il facile avec les fréquents changements dans l’équipe-type de Giresse ?

Je pense que cette question doit être définitivement réglée par Alain Giresse. Parce que dans toutes les équipes du monde, il y a une ossature. On ne peut pas changer d’équipe d’un match à un autre au risque de perturber son propre système de jeu.

Ne se pose-t-il pas un problème de gestion du groupe ?

Je ne sais franchement pas. De notre temps, Bruno (Metsu) avait imposé un onze titulaire et n’importe quel Sénégalais pouvait te dire le onze-type. Tout le monde savait ceux qui allaient démarrer les rencontres. Certes au Mondial (2002), il m’a soustrait du groupe de départ. Mais par la suite, j’ai regagné ma place. Mais trois mois avant le Mondial, le coach avait trouvé son groupe de performance.

D’aucuns pensent qu’il y a un manque de rigueur, notamment dans la gestion du score et des moments forts…

Depuis qu’Alain Giresse est à la tête de l’équipe nationale, il n’y a eu qu’un seul match-référence. C’est le nul concédé face à la Côte d’Ivoire, à Casablanca, en match retour des barrages des éliminatoires du Mondial 2014. C’est sûr que si les joueurs avaient fait montre du même engagement depuis le début, le Sénégal serait au Brésil. Le Sénégal n’a plus de guerrier en équipe nationale. De notre temps, on ne nourrissait pas de complexe. On avait des joueurs qui savaient casser le moral de l’adversaire, parfois avant même de fouler la pelouse. Mais aujourd’hui, cette hargne a complètement disparu de l’équipe nationale.

Que faut-il faire pour ramener cette mentalité dans la sélection ?

Ce sont eux qui doivent montrer aux Sénégalais qu’ils sont de vrais guerriers, comme ils l’ont démontré face à la Côte d’Ivoire. Le match nul concédé face aux Ivoiriens n’a pourtant pas scandalisé les supporters sénégalais parce que les gens étaient très contents de la prestation de l’équipe. Aujourd’hui, personne ne peut donner de coup de pousse à cette équipe-là. Ce sont les joueurs eux-mêmes qui doivent se surpasser pour convaincre les Sénégalais qui attendent d’eux une qualification à la prochaine CAN.

En 2001, sur la route du Mondial 2002, vous avez joué l’Algérie, le Maroc et l’Égypte. Qu’est-ce
qui a été déterminant ?

Ils doivent se mettre en tête qu’en Afrique, aucune nation ne joue mieux que les Arabes. Donc, à eux de montrer qu’ils ont plus envie que les adversaires, mais toujours est-il qu’il faut être intelligent derrière parce que, que ce soient les Tunisiens ou les Égyptiens, ils trichent tous. Maintenant s’ils sous-estiment les adversaires, ils se trompent.

Pensez-vous que les meilleurs joueurs actuels du Sénégal sont en équipe nationale ?

Je suis étonné de la mise à l’écart de Bayal Sall de la sélection. Quel que soit problème qu’il aurait avec le sélectionneur, je pense qu’il a sa place. Dans toutes les sélections du monde, si on ne fait pas appel à l’un des meilleurs à son poste, c’est parce qu’il y a un  problème sérieux. On ne peut pas nous dire le contraire. Aujourd’hui que le coach le veuille ou non, Bayal a sa place dans cette équipe. Il ne peut pas faire partie de l’équipetype de la Ligue 1 (française) et ne pas avoir sa place en équipe nationale. Il faut être raisonnable. Pourtant, il a sélectionné le meilleur joueur de la Ligue 2 (Diafra Sakho).

Mais, ce sont quand même les prérogatives du sélectionneur qui est comptable des résultats de l’équipe…

Giresse gère des détails et cela ne fait que nous retarder. Tant qu’il n’arrêtera pas avec ces détails, il portera préjudice à l’équipe. On a vécu la même chose avec Demba Bâ. Il faut qu’il ait un esprit de dépassement. J’aurais compris si Bayal était passé à côté de sa saison. Mais, il a fait un beau parcours avec Saint-Etienne.

Le stade Léopold Sédar Senghor qui est suspendu depuis plus d’un an a du mal à faire peau neuve… 

Je pense que ça serait une grosse faute des autorités si le stade n’est pas livré à temps. Je crois que les autorités avaient largement le temps pour réfectionner le stade qui a été suspendu pendant un an. Même le stade Demba Diop doit être relooké parce qu’il n’y a plus de gazon sur la pelouse. En tout cas, jouer devant ses supporters est plus bénéfique. Aujourd’hui, on ne doit pas compter sur un seul stade. Ce n’est pas digne du Sénégal. Recevoir une nouvelle fois à l’étranger serait une grosse honte pour notre pays.

Stades

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