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De retour à Nancy en provenance du Qatar, Issiar Dia revit. Le feu follet sénégalais qui a récemment séjourné à Dakar pour les vacances de Noël s’est confié à Stades. Sa bonne entame de saison en Lorraine, son passage dans le Golfe, la prochaine Coupe d’Afrique des Nations…, le natif de Sèvres à cœur ouvert. 

Issiar, comment se passent vos vacances à Dakar ? 

Les vacances se passent super bien. Je les passe avec ma famille et mes amis. C’est bien de se ressourcer au Sénégal, d’être en famille. C’est pourquoi je suis tranquillement chez mes parents avec mon épouse et mon enfant plutôt qu’à l’hôtel.

Parlez-nous de votre retour dans le championnat de France…

Ça fait du bien parce que je suis parti à l’étranger pendant un certain nombre d’années avant de revenir à Ajaccio. On a rompu le contrat à l’amiable et je suis reparti au Qatar. Là, je suis rentré en France et tout se passe super bien. Je m’éclate avec une bande de potes et un entraîneur que je connais bien et qui m’apprécie beaucoup.

A part Nancy, pourriez-vous évoluer dans un autre club français?

On ne sait jamais. J’ai des agents qui gèrent ma carrière et ils le font super bien. En tout cas, je me rends compte que j’ai eu une très belle carrière quand je jette un coup d’œil sur mon parcours. Malgré ce que les gens peuvent dire, mes parents sont fiers de moi. Aujourd’hui, je suis bien motivé à Nancy. On ne va pas cracher dans la soupe. J’ai encore des années de football devant moi. Peut-être que ce sera à Nancy, à l’étranger ou dans un autre club français.

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Qu’est-ce qui s’est réellement passé avec le Gazélec Ajaccio ?

C’est simple,je ne me suis pas senti bien dans ce club. Je n’ai pas tergiversé. J’ai dis au coach et au directeur sportif que je ne me sentais pas bien. C’était un peu difficile et je l’ai dit. Le coach aussi m’a fait savoir que j’étais un joueur affectif mais que si je ne sens pas cet amour envers le club je pouvais partir. Je ne me sentais pas à l’aise dans le club. On s’est serré la main et on s’est séparé à l’amiable.

Reconnaissez-vous que sur le plan sportif vous n’étiez pas à la hauteur à Ajaccio ?

Non pas du tout. Si je n’ai pas été à la hauteur là bas, je ne le serais pas aujourd’hui à Nancy. En football, on ne peut pas tricher. Parce qu’en Ligue 1, ça ne bouge pas. Moi,je n’aime pas parler dans le vide. Quand je ne me sens pas bien je le fais savoir.

Partagez-vous l’avis des observateurs qui pensent que ça a été un gâchis pour vous d’aller jouer au Qatar?

Ces observateurs sont libres de penser ce qu’ils veulent. Le dernier mot me revient. En Turquie, j’ai été bien aimé. Au Qatar aussi, ça a été une belle aventure que je n’oublierai jamais. Je ne regrette rien.

Quand même ne dites pas que sportivement vous vous êtes senti bien au Qatar…

C’est différent. Dans la vie, il y a de ces contrats qu’on ne refuse jamais. A moins que l’on ne veuille rien dans la vie. Moi je vois des anciens footballeurs qui sont la. dans des situations difficiles, financièrement dans des difficultés. Alors je me dis que mon choix était réfléchi. Je ne le regrette pas du tout.

Vous êtes resté sur la même lancée à Nancy puisque vous avez le meilleur salaire du club ?

(Éclats de rires). Je ne sais pas. Je ne regarde pas le bulletin de salaire des autres. J’ai vraiment aimé mon passage en Turquie mais sportivement j’ai moins aimé le Qatar. Mais comme je l’ai dit tantôt, il y a de ces contrats qu’on ne refuse pas. Aujourd’hui, je suis heureux de revenir en France. Qu’est-ce que vous voulez de plus ? Je suis bien avec ma famille, je me suis marié, j’ai un garçon et je suis heureux. J’ai des amis tels que Demba Ba, Moussa Sow et les autres qui sont toujours à mes côtés. On s’est connu depuis l’age de 15 ans. On est tous heureux.

Que vous a apporté le Qatar dans tout ça ?

Je ne sais pas. Je n’ai pas trop envie de parler d’argent parce que je sais qu’en Afrique, les temps sont durs. Vous savez, ma mère était femme de ménage à Paris, elle ne gagnait pas des grosses sommes d’argent. Je sais la souffrance qu’elle a endurée pour nourrir ses enfants. Aujourd’hui, on pratique le football, ce sport qu’on aime ; on ne fait qu’une heure et demie sur le terrain pour gagner super bien notre vie, contrairement à ces femmes de ménage qui passent des heures et des heures dans leurs lieux de travail pour ne gagner que des miettes. C’est pourquoi je ne veux pas trop mettre en avant l’aspect financier. Je donne tout le temps l’exemple de ma mère parce que, même étant femme de ménage, elle est restée brave, a protégé ses enfants. C’est pour cela qu’aujourd’hui, je la suis très reconnaissant et je me battrai toujours pour qu’elle soit heureuse.

Khalilou Fadiga avait lui aussi évoque la situation de son papa…

(Il coupe). J’ai connu pareil. J’ai eu plusieurs fois la chance de discuter avec Kali ici au Sénégal et même quand il était consultant au Qatar. On discutait souvent de cette situation qu’ont vécu nos parents parce qu’on sait bien que la vie à Paris n’est pas facile. C’est plus difficile au Sénégal. D’ailleurs, c’est pour cela qu’on doit avoir les pieds sur terre. L’argent fait péter la tête à certains.

Pourquoi votre maman avait-elle oppose son veto à votre choix pour le maillot sénégalais…

Ce n’est pas qu’elle avait dit niet. C’est que j’ai été sollicite par la France. Je me rappelle Gerard Houiller (ndlr, ancien directeur technique national de la France) ne voulait pas me donner ma lettre de libération pour que je vienne jouer au Sénégal. Quand ma maman a compris mon choix, elle m’a donne le feu vert en m’accordant sa bénédiction. Youssou Ndour avait appelé chez nous à Paris et a bien discuté avec ma mère. Un grand monsieur comme Youssou Ndour qui fait de grandes choses pour ce pays-là, s’il intervient sur certains dossiers, c’est normal qu’on l’écoute. C’est vrai que ma maman était un peu braquée mais ça s’est bien passe. Et je l’ai remerciée de m’avoir laissé porter les couleurs du Sénégal avec fierté.

La volonté de votre papa n’était-elle pas que vous ne jouiez pas pour le Sénégal ?

Non pas du tout. Ce n’est pas vrai. Mon père voulait que je sois heureux.

Le Sénégal va jouer la CAN 2017 sans Issiar Dia comme en 2015 ?

Ça fait déjà plaisir de savoir qu’au Sénégal les gens me portent en estime. Même quand je me fais arrêter ici à Dakar par la police pendant les contrôles, je vois que les hommes de tenue ont aussi beaucoup de sympathie pour moi. A chaque fois qu’ils me reconnaissent pendant les contrôles de routine, je me rends compte que les supporters continuent à me porter dans leurs cœurs. Ce n’est pas pour rien que j’ai choisi cette équipe nationale. Elle restera dans mon cœur même si je n’irai pas à la CAN 2017.

Comment comptez-vous vivre cette compétition ?

Je serai avec ma famille devant le poste de télévision. Puisque les matchs ont lieu souvent à 20h00 en France, j’aurai le temps de voir tous les matchs du Sénégal. Je serai à fond derrière les Lions et derrière mon ami Moussa Sow, un joueur de grande classe qui est en train de démontrer ses qualités. J’espère que pour cette Coupe d’Afrique, il portera à nouveau le Sénégal au plus haut niveau en marquant beaucoup de buts.

Pensez-vous revenir un jour dans la Tanière ?

Je ne sais pas. Si je reviens c’est bien ; dans le cas contraire, ce ne serait pas grave. Je n’ai plus 20 ans. Mais je joue en club et si on ne m’appelle pas, je ne vais pas en mourir.

N’avez-vous pas de remord si on sait que votre carrière internationale n’a pas été un fleuve tranquille?

Non pas du tout. Ça a été une grande fierté pour moi de porter le maillot du Sénégal. Si c’était à refaire, je le referais dix fois. Il n’y a aucun regret.

Avez-vous une fois tenté de convaincre des binationaux de choisir le Sénégal ?

Bien sûr. Avec beaucoup de joueurs, Moussa Sow avant qu’il ne se décide pour le Sénégal, Jacques Faty sans oublier son frère Ricardo, Armand Traoré aussi. Je leur filais deux mots sur la sélection mais le dernier mot leur revenait. Je pense que tout ce beau monde-là a aidé l’équipe du Sénégal à devenir ce qu’elle est aujourd’hui.

Le Sénégal a-t-il les capacités de réussir une bonne campagne cette année contrairement à 2012 et 2015 ?

Il faut arrêter de parler des précédentes campagnes. Au Sénégal on a l’habitude de parler de 2002, 2006 ou encore de 2012. C’est un grand problème chez nous. Il faut se concentrer sur le futur et laisser le passé. Aujourd’hui, il y a une belle génération et il faut mettre en avant ces joueurs-là. La presse doit éviter de «descendre» nos Lions, parfois je vois de ces articles qui font peur. Ça ne sert à rien de critiquer l’équipe à la veille d’une compétition aussi importante qu’une Coupe d’Afrique. Il faut aider les joueurs.

A quel niveau se situent les faiblesses de cette équipe du Sénégal ?

Sincèrement, je ne sais pas. Je ne suis pas coach, je ne suis pas à l’intérieur du groupe. Et vraiment je ne veux pas dire des bêtises. Il faut arrêter de parler ou de penser négativement.

Mais il faut reconnaître qu’il y a des faiblesses…

Toutes les équipes du monde ont leurs faiblesses. Il faut arrêter de se focaliser sur ces faiblesses car il y a beaucoup de bonnes choses dans cette équipe du Sénégal mais personne n’en parle. Les journalistes sénégalais doivent pousser cette équipe à aller plus haut. En Cote d’Ivoire, au Cameroun, les journalistes sportifs sont toujours au chevet de leur équipe nationale en aidant les joueurs à progresser.

Qu’est-ce que vos amis vous disent de la gestion d’Aliou Cissé?

Ce sont les secrets de vestiaire, on ne dit pas tout mais je n’ai que de bons échos du sélectionneur. Même de loin, on sent qu’il a beaucoup changé cette équipe. Elle a de la hargne et les résultats suivent.

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