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El Hadj Diouf attendait une revanche de ses jeunes frères. Elle n’a pas eu lieu. Comme en 2002 où le Cameroun avait brisé le rêve étoilé du Sénégal, les Camerounais ont mis un terme à l’aventure sénégalaise. Sans vraiment jouer avec panache, les Lions indomptables sont parvenus tout de même à se hisser dans le dernier carré à l’issue de la séance des tirs au but. Une sanction difficile à digérer, car les Lions de la Téranga étaient nettement supérieurs. Malheureusement le football n’est pas une science exacte. La bande à Gana Guèye quitte la compétition certes invaincue, mais avec beaucoup de regrets. En revanche, tout n’est pas à jeter à l’eau. Il y a eu des points positifs.

La K-K (Kara-Koulibaly)

Mis à part quelques flottements lors du match face à la Tunisie, difficile de trouver quelques écueils à la paire Kara-Koulibaly. La charnière centrale a fini la compétition sans aucun but encaissé. Précieux dans la relance et rugueux, le défenseur du Napoli a plusieurs fois écœuré les attaquants adverses. Tout comme Kara. Présent dans les duels, solide et buteur, il n’a cessé de monter en régime. Une chose est sûre : ses prestations ne devraient pas laisser insensibles certains clubs huppés des cinq grands championnats. C’est un guerrier dans l’âme. Match après match, il démontre qu’il est un solide leader.

Abdoulaye Diallo

Depuis Tony Silva, le Sénégal n’a souvent fait que bricoler avec les derniers remparts. Si les Lions de la Téranga n’ont pas sombré au premier match, ils le doivent en grande partie à leur gardien. Son titre d’homme du match corrobore ses dires. A l’image du vétéran El-Hadary (44 ans*), Abdoulaye Diallo n’a encaissé le moindre but. Inutile de l’accabler sur la séance des tirs au but. Avec son jeune âge, c’est en tout cas une solution pour l’avenir. Il devrait peut-être davantage parler pour faire partie de ce groupe de leaders.

Ismaïla Sarr

Quand on évoque les joueurs talentueux de l’équipe nationale, les gens n’ont d’yeux que pour Sadio Mané et Diao Baldé Keita. Mais l’attaquant messin marche sur les traces de ses aînés. Explosif, technique, peu avare en efforts, c’est un dynamiteur de couloirs. Il incarne le futur des Lions de la Téranga. Il aurait pu être très utile lors du match cadenassé face au Cameroun. Comme il l’avait été face à l’Algérie. Avec ses qualités athlétiques et techniques, son avenir pourrait même s’inscrire loin de Saint-Symphorien. A l’instar de Mané, qui a fait une bonne CAN malgré son penalty manqué, il a un bel avenir devant lui.

 

Aliou Cissé

Comment peut-on remettre en cause son avenir à la tête des Lions ? Les Sénégalais ne devraient pas avoir la mémoire sélective. Les quarts de finale étaient l’objectif initial après les couacs répétitifs (absences et éliminations au premier tour). Dépasser les quarts de finale aurait été un bonus. Mais la frustration ne doit pas prendre le dessus sur la raison. Le bilan du sélectionneur est globalement satisfaisant. Il a presque trouvé son équipe type et a su bâtir un groupe soudé, qui lui voue un immense respect. C’est un fédérateur. Et son projet de jeu commence à s’installer. Il doit apprendre de ses erreurs. Mais il doit être prolongé. Ce qui serait un signal fort.

Quelques points à rectifier

1 La hiérarchie en attaque

Il n’est pas question de tirer sur l’ambulance. Il convient juste de tirer quelques enseignements. Car tout n’a pas été rose non plus. Le gros point noir et presque toutes les voix s’accordent là-dessus : la hiérarchie des attaquants. Nul ne pouvait concevoir le choix numéro 1 porté sur Mame Birame Diouf. Son implication n’est pas à remettre en cause, bien au contraire. Il se démène comme un diable pour gêner la relance des défenseurs adverses. Mais son rôle est de concrétiser les occasions. Comme en Premiere League, il quitte la compétition sans le moindre but inscrit. Malgré la myriade de situations franches.

2 La tactique

Si contre le Cameroun, il y a eu de la déception, c’est parce qu’il y avait possibilité de faire quelque chose. Les intentions des Lions indomptables étaient claires : ne pas prendre de but et miser sur la vitesse de Moukandjo. Sauf qu’ils ont rarement été dangereux. Ils redoutaient le Sénégal. C’est peut-être là qu’il fallait oser en sacrifiant un défenseur et miser sur un atout offensif pour faire sauter le verrou. Quand on a une équipe qui bétonne, si on choisit le « rentre dedans », il importe de cibler le point faible de l’équipe adverse et avoir des joueurs friands du un contre un. Il faut savoir parfois s’adapter à l’adversaire et changer de système en cours de match. Les Sénégalais souffrent de ne pas avoir un vrai animateur capable de distiller de bons ballons, de casser les lignes et d’assurer la dernière passe. Plutôt que d’abuser très souvent des longs ballons et les passes en arrière.

Un collectif sans leader

Cette génération est talentueuse. Personne n’ose dire le contraire. Mais même si le collectif commence à être huilé, il manque un vrai leader capable de porter l’équipe dans les moments difficiles. Comme la France avec Zidane, le Brésil avec Ronaldo et le Sénégal avec El Hadj Diouf. Sadio Mané n’a pas encore atteint cette dimension. Tout comme Diao Baldé Keita, dont la conduite de balle est un délice, mais qui gagnerait à mettre son talent au service du collectif. Et hormis Moussa Sow, le Sénégal n’a vraiment pas de super-subs. Ce qui n’était pas le cas en 2002.

L’héritage légué par la génération 2002 est encore lourd. Ce n’est pas le moment de semer la zizanie, mais si les Lions veulent écrire leur propre histoire, que Cissé se remette très vite au travail. Les Sénégalais voudraient être du voyage en Russie.

 

MOUSSA SARR

@Sarr37

 

Au moment de la rédaction de l’article, l’Egypte est la seule équipe à n’avoir pas pris de but. *

 

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