Blanchi par la FSF après une suspension de 5 ans. El Hadji Diouf avait secoué le landerneau footballistique sénégalais et africain par cet interview incendier accordée à RFI en juin 2011 dans l’émission Radio foot International. Dans cet entretien aux allures de règlements de comptes, il avait traité notamment Augustin Senghor, l’actuel pdt de la fédération et « magouilleur » et le système du football africain de « corrompu ». Flash-Back!
RFI : Votre réputation de footballeur ingérable vous joue-t-elle des tours ?
El Hadji Diouf : Je ne suis pas un joueur ingérable, je dis les choses. Si vous demandez à un de mes anciens entraîneurs, Rolland Courbis, Joël Muller (à Lens), Sam Allardyce, ils vous diront que je n’ai jamais eu de problème avec eux. Je n’ai jamais eu de problème avec un entraîneur ou un autre joueur. Ce qui dérange, c’est mon franc-parler en club ou en équipe nationale. On m’a collé une étiquette de ‘bad boy’ à cause de mes tatouages et de tout ce que je dégage. En réalité, je suis une personne simple, comme tout le monde.
RFI : Y a-t-il des choses à cacher chez les Lions de la Teranga ?
El Hadji Diouf : Oui, les primes non-payées par exemple, c’est anormal. Si je suis présent, ils ne pourront pas faire leurs magouilles. L’entraîneur actuel, Amara Traoré, faisait aussi des grèves pour toucher ses primes. A l’époque (en 2002), il avait 36 ans et évoluait à Gueugnon. Pourtant, on l’avait emmené avec nous. Ça veut dire qu’aujourd’hui, il n’est pas décisionnaire. C’est la Fédération qui décide pour lui. […] Tout le monde le sait.
RFI : Il y a un nouveau président à la tête de la Fédération sénégalaise, Augustin Senghor…
El Hadji Diouf : Le président aussi fait des magouilles. Ils magouillent entre eux. Le ministère leur donne de l’argent mais ils ne versent pas les primes aux joueurs. C’est inadmissible. Si j’étais convoqué, je ne laisserais pas passer ça.
RFI : Les résultats sont pourtant au rendez-vous et l’équipe du Sénégal va sans doute se qualifier pour la CAN 2012 ?
El Hadji Diouf : J’espère qu’ils vont se qualifier. Si les résultats sont là, raison de plus pour payer les joueurs.
RFI : Pourtant, l’équipe du Sénégal a réussi à se reconstruire après sa non-qualification pour la CAN 2010.
El Hadji Diouf : Ça, c’est parce que le Sénégal dispose de bons joueurs. Ce n’est pas l’entraîneur ou la Fédération qui gagne les matches. Cette équipe dispose de bons joueurs, il faut le dire. Il faut les laisser jouer et leur faire plaisir en leur donnant les primes à temps.
RFI : Sur et en dehors du terrain, les joueurs ont l’air unis et satisfaits. N’est-ce qu’une impression
El Hadji Diouf : Certains joueurs m’ont appelé pour se plaindre. Mais tant que je ne suis pas dans le groupe, je ne peux rien dire. Ces joueurs, il faut les laisser travailler car la route est encore longue. Les Sénégalais veulent que l’équipe gagne une Coupe d’Afrique. Notre génération a mis la barre très haute en 2002 avec une finale de CAN et un quart-de-finale de Coupe du monde.
RFI : Ces magouilles que vous évoquez, sont-elles une spécificité du football sénégalais ou un problème africain en général ?
El Hadji Diouf : Non, c’est un peu partout pareil. C’est à cause de ça qu’on ne gagnera pas de compétition majeure : les Sénégalais au niveau africain et les Africains au niveau mondial. […] Tout le système du football africain est corrompu. Certaines osent le dire et d’autres non.
RFI : Quelle conséquence peut avoir cette situation ?
El Hadji Diouf : Ça peut tuer le football africain. Quand tu vois des mecs comme Seydou Keita ou Michael Essien qui hésitent à venir en sélection, ce n’est pas parce qu’ils ne veulent plus venir mais parce que le système les a dégoutés.
RFI : D’où provient ce mal ?
El Hadji Diouf : Des Fédérations, parce qu’elles ne sont pas professionnelles. La plupart des Fédérations aiment l’argent du football mais pas le football. Ces Fédérations doivent être sérieuses, savoir où elles veulent aller, payer les primes à temps, les billets d’avion à temps.
RFI : Avec de telles accusations, il y a peu de chances que vous réintégriez l’équipe nationale du Sénégal.
El Hadji Diouf : Ça ne me dérange pas si c’est pour dire la vérité ! J’ai fait cette équipe nationale. Si les gens en sont fiers, c’est aussi parce que Diouf en a fait partie et qu’ils veulent devenir le nouveau El Hadji. Je suis double meilleur joueur africain quand même, doublé étoile d’or et je fais partie des 125 meilleurs joueurs du siècle avec Pelé ou Maradona. Je n’ai rien à envier à qui que ce soit.
RFI : Pourquoi le franc-parler est-il une qualité rare dans le football moderne.
El Hadji Diouf : Parce que les gens sont faux. Moi, je ne dois rien à personne et personne ne me doit rien. La seule chose que je dois aux gens, c’est le respect.
Eric Mamruth (RFI)
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