Disparu des radars après avoir été cadenassé par Newcastle, Henri Saivet (31 ans) vit une seconde jeunesse au Pau FC qu’il a rejoint cet été. L’international sénégalais, auteur de 4 pions en 9 matchs, revient sur son début de saison flamboyant en Ligue 2, sa longue traversée du désert et son amour pour les Lions de la Téranga.
Depuis ton arrivée à Pau, on a l’impression que tu es en pleine renaissance. Comment le vis-tu ?
Je suis arrivé un peu de manière anodine. J’ai signé très tôt, fin mai, ce qui m’a permis de me remettre en forme tranquillement, de retrouver mon niveau pour la reprise de l’entraînement. Là, je me sens très bien. Quand j’étais en fin de contrat en Angleterre, je suis revenu dans la région. Pau, ce n’est pas si éloigné de Bordeaux, donc je connaissais un peu déjà la ville et la mentalité des habitants. Je n’ai eu aucun mal à m’acclimater, puis ici il fait tout le temps beau, ce n’est pas comme à Newcastle. (Rires.)
Pourquoi avoir choisi Pau pour te relancer ?
J’ai déjà pu m’entraîner ici à la fin de la saison dernière pendant deux semaines. Ce qui a largement facilité les choses quand je suis revenu. Dans le lot, il y avait pas mal de joueurs avec qui j’avais bien sympathisé, donc je n’étais pas en terre inconnue. Quand je suis arrivé, dès les premiers jours, ça s’est super bien passé. Avec le staff, on a une relation honnête. C’est un club familial avec des ambitions et un beau projet. Finalement, c’est tout ce dont j’avais besoin.
Revenir en France, c’était une évidence pour toi ?
Dans l’absolu, j’étais ouvert à d’autres possibilités. Honnêtement, je pensais avoir d’autres opportunités, mais il n’y a rien qui s’est présenté à moi. Ça fait partie du foot.
Tu avais demandé à Bordeaux de pouvoir t’entraîner avec la réserve pour te retaper. Tu es resté sans réponse de la part des Girondins alors que c’est le club où tu as été formé, avec qui tu as été champion de France et dont tu as même été le capitaine. Qu’est-ce que tu as ressenti à ce moment-là ?
L’absence de réponse de Bordeaux m’a déçu et rendu triste. Je m’entraînais tout seul depuis plusieurs semaines, mais je voulais intégrer un groupe. Bordeaux, c’est mon club formateur dans lequel je suis arrivé à l’âge de 12 pour ne le quitter qu’à mes 25 ans en bons termes… Je pense avoir fait un minimum de choses là-bas, j’ai même porté le brassard parfois. C’est un épisode qui a été mal géré. Mais bon, je ne suis pas rancunier, peut-être que la nouvelle direction ne me connaissait pas, ils avaient sûrement d’autres soucis à gérer avec la descente de l’équipe en Ligue 2.
Tu as marqué 4 buts en 9 matchs. Tu t’attendais à un tel début de saison ?
Je n’ai jamais arrêté de jouer, donc je savais que je n’avais pas perdu mon football. Après, d’un point de vue physique, avec l’enchaînement des matchs, il y a des douleurs et des petites blessures, parce que mon corps n’était plus habitué à la compétition, mais rien de grave. J’ai peut-être étonné des gens, notamment le staff. Lors de nos discussions, ils m’avaient dit qu’ils m’attendaient plus en deuxième partie de saison, donc c’est une belle surprise pour tout le monde.
Tu as toujours l’air d’aimer les coups francs. Tu en a déjà mis trois cette saison dont deux dans le même match contre Saint-Étienne. C’est quoi ton secret ?
C’est un exercice que j’ai toujours apprécié, j’en tire des dizaines quotidiennement à l’entraînement. Ça demande beaucoup de travail, notamment dans la concentration et la façon de frapper. Il faut accélérer au bon moment, regarder où est placé le gardien. Il faut trouver une certaine mécanique et la garder, à ce stade de ma carrière je pense l’avoir trouvé. Si je tire bien, il y a de grandes chances pour que ça fasse trembler les filets ou que ça amène le danger dans la surface adverse. Aujourd’hui, c’est devenu une arme fatale. Quand j’entends des adversaires me dire à la fin des rencontres qu’ils ont évité de concéder des coups francs parce que j’étais en face, ça me fait plaisir.
Avec du recul, comment analyses-tu ton passage en Angleterre ?
C’est forcément un constat mitigé. Je suis arrivé dans un bon club, mais pas au bon moment. L’équipe se cherchait et était dans une situation difficile. L’entraîneur qui m’a recruté se fait virer au bout de quatre matchs. Rafa Benítez, le nouvel entraîneur, redistribue les cartes… L’urgence à son arrivée, c’était de sauver le club, pas de gérer les égos ou le temps de jeu des uns ou des autres.
Finalement, Newcastle est descendu…
Dans mon contrat, j’avais une clause qui disait qu’en cas de relégation, je pouvais partir. Mon objectif, ce n’était pas de jouer en Championship, mais plus haut. Il y a des choses qui se sont passées en interne que je ne maîtrisais pas. Ils m’ont bloqué pour que je ne parte pas. Newcastle demandait des pourcentages à la revente indécents. Ils ont refusé beaucoup de propositions alors que je ne jouais pas. Même pour les prêts, j’ai dû forcer mon départ. Encore aujourd’hui, ça m’énerve, parce que je suis sans réponse. Je n’ai jamais compris pourquoi je n’étais pas plus intégré dans le projet du club, alors que les joueurs qui étaient à ma place sur le terrain, honnêtement, n’étaient pas meilleurs que moi.
Paradoxalement, c’est une époque où tu vivais des bons moments avec la sélection sénégalaise. Tu étais performant même durant des compétitions internationales comme la Coupe d’Afrique des nations…
Ils ne respectent pas la CAN, c’est aussi simple que ça. Quand je suis revenu à Newcastle après la finale perdue contre l’Algérie, ils m’ont avoué qu’ils n’avaient même pas suivi mes performances, alors qu’il me restait deux ans de contrat. C’est tout simplement un manque de professionnalisme.
Qu’est-ce qui t’a permis de te vider la tête ?
C’est un gar pourtant très compétent