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Journaliste sportif précédemment à la RTS1, le Sénégalais Aboubacry Ba a rejoint l’équipe de Canal+ en septembre 2012. Il co-présente l’émission Talents d’Afrique avec Philippe Doucet sur cette chaîne. Nous avons échangé avec lui lors de son dernier passage à Abidjan à l’occasion du match aller Côte d’Ivoire- Sénégal comptant pour les éliminatoires du Mondial 2014.

 

Comment tu vas, Ba ?

Très bien, depuis que je suis à Abidjan !

Et comment ça se passe à Abidjan ?

Ça se passe bien sauf que si Dakar n’existait pas, Abidjan aurait été la meilleure ville d’Afrique. Et comme Dakar existe, alors Abidjan est la deuxième ville. (Rires).

Tu es sûr ?

Oui, dans ce domaine au moins Dakar est devant, puisque vous nous avez battus au foot ! Laissez-nous être au moins la meilleure ville d’Afrique !

Okay ! Comment tu t’es retrouvé à Canal+ et surtout à animer “Talents d’Afrique” ?

Je suis d’abord journaliste sportif et je travaillais à la télévision sénégalaise. Un des responsables de Canal, notamment Philippe Doucet qui connaît bien l’Afrique, a fait ma connaissance. Il m’a proposé de venir les rejoindre. C’était un rêve qui s’est réalisé.

Et du coup c’est un talent qui manque à la télévision sénégalaise…

Oui, du point de vue du nom-bre peut-être, car il y a aussi des journalistes talentueux qui sont là-bas et qui continuent le travail. J’ai eu une opportunité d’aller voir comment ça se passe ailleurs, quelle autre manière de faire existe, etc. alors, je n’ai pas hésité à saisir cette opportunité. Parce que c’était une très belle occasion. Le tout n’était pas seulement de quitter mon pays. C’était aussi de dire que je veux intégrer ce qui se fait de mieux en manière de sport dans le monde francophone. On sait tous que Canal a l’expertise, et avoir l’occasion de vivre cela au quotidien, c’était vraiment quelque chose d’inespéré pour moi.

C’est dire que tu es à l’aise à Canal ?

Dire que je suis à l’aise, c’est trop dire ! Je fais du journalisme avec une autre organisation. Je me considère beaucoup plus en phase d’adaptation, d’apprentissage parce qu’il faut connaître aussi leur manière de faire. Si on amène le meilleur journaliste de Canal dans une de nos télévisions africaines, il sera obligé de s’adapter pour pouvoir travailler. Il y a toujours une période d’adaptation. A la base, c’est du traitement de l’information classique qu’on a appris mais appliqué à des méthodes très rigoureuses pour ceux qui ont fait leurs preuves.

C’est quoi la différence entre une chaîne de sport africaine et une autre, européenne ?

Les moyens ! A ouais, c’est clair, ce sont les moyens qui font la différence. Quand on a les moyens, on peut se permettre beaucoup de choses, on peut mettre en place une organisation nickel. On peut se permettre ce qui se fait de mieux. L’avantage de Canal, c’est que la chaîne a les moyens de sa politique. Là-bas, on te dit : «tout ce qu’on attend de toi, c’est d’être le meilleur.» Il ne s’agit pas de faire une émission avec le souci permanent du genre : «est-ce que j’aurai ci, est-ce que j’aurai ça…». Ce n’est pas ton travail. Ton travail, c’est de parler du contenu. Donc finalement, la différence est d’abord économique.

Jamais fatigué, à parcourir constament le continent ?

Fatigué ? Non jamais ! Il n’y a pas de fatigue dans cette histoire. Le journalisme sportif, c’est d’abord une passion. Et quand on est passionné, on est rarement fatigué. C’est comme le supporter qui peut faire des milliers de kilomètres pour aller voir un match et à la fin, il n’est pas fatigué. Il est content d’avoir vu le match, d’avoir vu jouer ses idoles. C’est exactement la même chose pour le journaliste sportif. On s’enrichit de ses voyages. On ressent donc de l’enrichissement mais jamais de la fatigue.

Comment se fait le choix des sujets de Talents d’Afrique ? Pourquoi avez-vous choisi de venir enregistrer à Abidjan après Côte d’Ivoire-Sénégal plutôt qu’à Ouagadougou, par exemple après Burkina Faso-Algérie ?

C’est du réel. On a des réunions de rédactions. On détermine le choix du pays où enregistrer par rapport à l’enjeu. Pour la phase aller de ces éliminatoires, tout le monde savait que le gros match, c’était Côte d’Ivoire-Sénégal. Ce sont aussi deux pays francophones, couverts par Canal. Les abonnés de canal connaissent mieux beaucoup de joueurs qui allaient s’affronter dans ce match. Alors c’était un devoir pour Canal de couvrir cette rencontre. Que ce soit les Ivoiriens ou les Sénégalais, chacun mérite plus de Canal et Canal est conscient de donner un plus à ces abonnés-là et partant, à tous ses abonnés d’Afrique. Quand on a sur le plateau de grands joueurs comme Didier Drogba, Yaya Touré, on ne s’adresse plus seulement aux Ivoiriens, mais à l’ensemble de l’Afrique francophone, à l’ensemble de l’Afrique du football.

Quel est ton pronostic sur les cinq pays africains qui iront au Mondial brésilien ?

Je suis trop nul en pronostic. Je pense qu’on ne va pas être très original. J’ai dit juste après le tirage au sort de cette seconde phase des éliminatoires du Mondial 2014 qu’on risque de retrouver les cinq derniers qualifiés pour le Mondial sud-africain. Mes favoris en termes clairs sont la Côte d’Ivoire, le Ghana, l’Algérie, le Cameroun et le Nigeria.

Est-ce que l’Afrique a une chance de remporter ce mondial en 2014 ?

Je ne vois pas pour le moment un pays africain faire une finale ou gagner la coupe du monde. Une équipe africaine peut repousser les barrières des perfomances d’une nation du continent. En 2010, on était à un pénalty des demi-finales. La coupe du monde, ça dépend de beaucoup de choses. L’équipe de Côte d’Ivoire qui était à la coupe du monde 2006 peut jouer une demi-finale de coupe du monde. Mais malheureusement, elle tombe sur une poule où il y avait l’Argentine, la Hollande. C’était très difficile pour cette équipe ivoirienne. Quand elle retourne en coupe du monde en 2010, elle retombe dans une poule où il y avait le Portugal et le Brésil. C’est un concours de circonstances qui font qu’il y a plein de choses qui entrent en jeu pour aller en coupe du monde. En partant dans une situation favorable, une équipe africaine peut se retrouver dans le dernier carré de la coupe du monde. Gagner la coupe du monde reste cependant une entreprise de longue haleine. C’est un sacrifice que les équipes africaines ne peuvent pas encore faire. C’est sur des générations qu’on prépare une coupe du monde. C’est l’une des rares compétitions où il n’y a pas de hasard. Le vainqueur est souvent préparé à gagner.

Est-ce vrai que les joueurs africains se donnent plus en clubs en Europe que dans les sélections nationales ?

Ce n’est pas vrai. Je suis désolé mais ça ne correspond pas à la réalité. Ce que les joueurs font en sélection, ils ne font même pas la moitié en club. En club sur un geste, un joueur peut attraper la cuisse et s’il sort, il ne rentre plus. Mais en sélection, c’est rare de voir un joueur sortir sur blessure. Il y a même des joueurs qui cachent leur blessure pour pouvoir venir jouer en sélection. Il y a des joueurs qui sacrifient des heures et des heures de repos pour être en sélection. Et on sait qu’en sélection, ce n’est pas facile. L’organisation n’est pas ce qu’elle devrait être. Il faut qu’on arrête de croire que les joueurs qui viennent en sélection, sont là pour faire de la figuration. Non !

Après George Weah en 1995, l’Afrique n’a plus eu un Ballon d’or européen alors que ces dernières années, il y a de nombreux joueurs africains qui évoluent en Europe et qui jouent bien.

Le Ballon d’Or, c’est aussi beaucoup de facteurs qui entrent en jeu. Il y avait des joueurs africains qui méritaient de gagner le Ballon d’Or. Il y en a encore qui le méritent. Mais on sait que pour cette distinction, c’est également des résultats. Quels sont les joueurs africains qui font des résultats avec leurs clubs ? Il n’y en a pas assez. En finale de la Champions League 2013, il n’y avait aucun joueur africain. Mais en termes de valeur intrinsèque aujourd’hui (c’est moi qui parle et je me mouille), le meilleur joueur du monde est africain : il s’appelle Yaya Touré. C’est le joueur le plus complet. C’est le joueur qui fait gagner une équipe, qui porte son équipe. Malheureusement, il est dans un club (Manchester City, ndlr) qui ne brille pas en ligue des champions, qui n’a pas encore gagné la ligue des champions. Il est aussi dans une équipe de Côte d’Ivoire qui n’a pas encore fait des résultats qui peuvent lui conférer cette distinction-là. Mais en termes de valeur individuelle pour moi, Yaya Touré est le meilleur joueur du monde.

As-tu un temps pour ta famille ?

Oui, heureusement d’ailleurs !

Tu as des enfants ?

Oui, j’en ai deux !

Où vivent-ils ? Au Sénégal ou en France ?

Ils vivent avec moi en France.

Quels sont tes meilleurs moments quand tu n’es pas dans une cabine de retransmission d’un match de foot ?

Je n’aime pas trop regarder la télé. Quand je ne suis pas en reportage, j’aime bien sortir ou lire. J’aime bien la lecture. En tout, ma vie ne se résume pas qu’au sport. Heureusement d’ailleurs. J’aurais eu l’impression de travailler tout temps. Voilà pourquoi je n’aime pas regarder les matches à la télé. Quand je finis un match et je rentre chez moi, je préfère faire autre chose que de regarder la télé. Pas le foot en tout cas !

 

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