Quand on ne peut pas être plus éloquent que le silence, la logique voudrait qu’on se taise. Normalement ! A moins qu’on soit un homme politique contraint d’occuper l’espace public pour exister. Ce qui est loin d’être le cas d’El Hadji Ousseynou Diouf. Du haut de ses 33 ans (sans la TVA), l’ex-international sénégalais, condamné à l’errance par Leeds United (deuxième division anglaise), ne rate plus une seule opportunité pour flinguer l’équipe nationale de football et les dirigeants de cette discipline.
C’est de cette manière qui frôle la schizophrénie, que le bad boy démontre son attachement au maillot national qui a lui pourtant permis d’atteindre le Graal. S’il se targue de ses deux ballons d’or (2001 et 2002) et nargue les footballeurs sénégalais avec, il ne devrait pourtant pas perdre de vue que c’est grâce au maillot national qu’il y est parvenu.
En club, Diouf n’a existé qu’une année (saison 2001-2002) avec le RC Lens. Mais depuis, c’est la descente aux enfers. Poussé vers la sortie par des jeunes aux dents de loup, il refuse de faire profil bas et préparer sa retraite en pensant à sa reconversion. Comme ont su le faire intelligemment, Salif Diao, Aliou Cissé, Ferdinand Coly, Omar Daf, entre autres joueurs de la génération de 2002.
Diao investit sur des jeunes de Kédougou. Il mise sur l’avenir. Aliou Cissé a fini de démontrer tout le bien qu’on pense de lui avec les Olympiques à Londres en 2012. Quelle classe ! Ferdinand Coly a servi de tampon au duo Amara Traoré–Abdoulaye Sarr et aux joueurs, sans compter ses actions à Ziguinchor. Daf démontre sur le banc de Sochaux qu’il a la trempe d’un coach digne de diriger un club de Ligue 1.
Habib Bèye crève l’écran sur les plateaux de Canal +. Sans occulter ses pertinentes analyses sur RFI.
Tous qu’ils sont, encouragent, conseillent, guident leurs jeunes frères, pour qu’ils puissent rallumer et entretenir la flamme et offrir enfin au peuple sénégalais, qui le mérite bien, son premier titre continental.
Un bonheur que Diouf ne souhaite visiblement pas. Nihiliste, jusque dans la crête peroxydée, il crache du feu et des injures sur les dirigeants du football sénégalais. Même le doyen Lamine Diack n’a pas été épargné.
Il a encore saisi la balle au rebond avec le retour de Demba Bâ, pour sortir ses diatribes dans un français chaotique. Alors que le sélectionneur national a pris toutes ses responsabilités en écartant l’attaquant des Blues, Diouf a préféré y voir la main invisible de l’instance fédérale.
«C’est le lobby de la FSF qui a écarté Demba Bâ. Ils l’ont tué moralement», a-t-il déclaré. Et d’ajouter que «cette Fédération et l’entraîneur (Alain Giresse, Ndlr) sont paumés. Ils ne savent plus ce qu’ils font. On pense que les marabouts peuvent nous donner la coupe du monde (sic). Nos dirigeants ne sont pas à la hauteur et le coach n’est pas l’homme de la situation».
Tenez en parlant de marabouts! Qui ne se souvient du rapport de la Cour des comptes en 2004 sur les participations sénégalaises à la Can et au Mondial 2002 ? Jamais, autant d’argent n’avait été aussi utilisé pour le mystique qu’avec la génération 2002. Plus de 90 millions de francs Cfa, selon le rapport dont Sud Quotidien avait l’exclusivité.
Le problème de Diouf, c’est qu’il n’a jamais souhaité ce qui s’est produit à Casablanca face à la Côte d’Ivoire. Il meurt de chagrin de voir que le Sénégal entend rester dans la dynamique de la continuité comme l’atteste la publication de la liste des joueurs devant faire face au Mali, le 5 mars prochain. Son temps, il l’a fait. Très bien même. Certes ! Mais, il devrait aussi comprendre qu’il appartient au passé. La peur de l’oubli n’empêchera pas le temps de faire son œuvre.