L’attaquant international sénégalais de Zulte Waregem boucle sa huitième saison en Belgique cette année. Mbaye Lèye s’y est fait un nom et construit une carrière auréolée de victoires.
La Belgique lui réussit et il s’y plait. «Ça fait 8 ans que je suis dans ce championnat. On ne m’y présente plus.» Mbaye Lèye n’est pas de la lignée des rois et ne s’imagine pas un jour sur le trône. Mais c’est un privilégié. Et ce n’est pas négligeable. «Disputer trois finales de Coupe avec trois clubs différents, c’est quelque chose de spécial, se satisfait l’international sénégalais de Zulte Waregem. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui l’ont réussi. Moi, j’avais l’opportunité de la gagner une troisième fois (victoire de Lokeren devant Zulte, (1-0). J’ai terminé trois fois deuxième avec trois clubs différents (La Gantoise 2010, Standard de Liège 2011 et Zulte 2013). J’ai gagné la Coupe deux fois dans deux clubs différents (Gantoise en 2010, Standard en 2011). L’année passée, j’ai été soulier d’ébène, meilleur joueur africain du championnat et septième au classement du soulier d’Or, alors que je n’ai joué que six mois, la moitié de la saison. J’ai un palmarès assez consistant.» En plus de cette carte de visite, le bonhomme «a une grosse personnalité, il a de la poigne, c’est un joueur qui est beaucoup plus intelligent que la plupart des footballeurs professionnels. Il a des opinions, c’est un bon client en matière de communication, fait remarquer le journaliste belge (lesoir.be), Frédéric Larsimont, joint au téléphone par L’Observateur. Il a un gros vécu et sait parfaitement où il veut aller. Sa personnalité cadre parfaitement avec le championnat belge. Le gros problème des footballeurs professionnels qui évoluent dans des championnats comme celui de Belgique, c’est qu’il leur arrive vite de penser, aussitôt arrivés, qu’ils peuvent jouer dans des clubs huppés. Lui, je trouve que sa grande intelligence, c’est de se connaître, de savoir qu’il est un excellent joueur pour des clubs comme ceux où il a joué (Zulte Waregem, Gantoise, Standard de Liège). C’est un buteur efficace, qui sait gérer ses efforts et qui a compris qu’il vaut mieux être roi du village qu’un «nobody» dans une grande ville. Aujourd’hui, il est un des piliers de son club, il a de l’engagement, de l’intelligence de jeu. Ce n’est pas Samuel Eto’o, mais il rentabilise énormément par son potentiel. C’est ça qui fait la différence.»
Une intelligence louée
Au pays du roi Philipe, Mbaye Lèye a bâti un empire relationnel solide. Le journaliste l’atteste : «Il est très apprécié en Belgique pour son intelligence et parce qu’il ne se laisse pas marcher sur les pieds. Il a une très bonne cote de popularité. De plus, il est accepté en tant que francophone, dans un club flamand. Ce n’est pas rien.» Le joueur a donné à sa carrière une trajectoire qui cadre avec sa personnalité. Au summum de son art, au moment où d’autres pays lui faisaient les yeux doux, il est resté lui-même, la pensée bien éclairée. «Mbaye Lèye a toujours fait le bon choix. Quand il arrivait à Zulte (2007-2009), ce n’était pas un club du Top 6 à l’époque, ne jouait pas les Play-Offs, mais plutôt sa survie. Et puis, il a disputé une finale de coupe avant d’aller à Genk, qui, lui, jouait le Top 6 et enfin, il a rejoint Standard, qui jouait carrément le titre. Il n’a donc fait que de bons choix jusque-là. Maintenant, il a 31 ans, il pourrait espérer un contrat dans un championnat qui paie mieux que celui de Belgique, mais d’un autre côté, il a une belle-famille belge. Une partie de sa famille vit là-bas, ce n’est pas évident d’aller s’aventurer en Russie avec de petits enfants, ce sont des paramètres à prendre en compte.»
Content d’être là
Le championnat belge a révélé des footballeurs comme Steven Defour, Eliaquim Mangala (Fc Porto), Christian Benteke (Aston Villa), Marouane Fellaini (Manchester)». Mais le Sénégalais garde les pieds sur terre et se méfie des comparaisons flatteuses. «Chacun sa voie, sa destinée. Pour le moment, je suis ici (Zulte) et content d’y être.» Le joueur n’a pas des envies d’ailleurs et ne se «pose pas de questions sur son avenir.» Les chances de le voir quitter la Belgique sont moindres. «Je suis en fin de contrat, mais le club veut me garder encore.»
Sur le terrain, Mbaye Lèye (1 but, six titularisations) n’a pas connu la même réussite que l’année précédente (21 réalisations). Mais ce n’est pas de sa faute. La blessure qui l’a écarté des terrains pendant six mois en début d’exercice, l’a rattrapé en cours de route. Il souffre à nouveau «d’une déchirure aux Ischio-jambiers». «Je vais manquer les quatre premiers matches des play-offs.» Une étape importante sur le chemin de l’Europe. «Après la finale perdue en coupe, on n’a pas d’autre choix que de finir parmi les trois premiers du championnat, pour gagner une place européenne.» Le rêve est permis. Surtout pour les privilégiés…
iGFM