Membre du comité pour le renouveau du football sénégalais, Amdy Faye estime que demander aux anciens internationaux de descendre à la base est un manque de respect et une insulte pour ces Lions qui ont porté haut le flambeau du football sénégalais. Pour l’ancien Bourguignon, seul le départ de Me Augustin Senghor reste à l’ordre du jour.
Amdy, après la dernière réunion du Comité pour le renouveau du football sénégalais, quel plan d’ac‐ tions comptez‐vous déployer dans les prochains jours ?
Nous restons clairs dans nos positions. Nous ne sommes pas dans le «ôte‐toi de là que je m’y mette». Non, loin de là. Personnellement, je ne brigue aucun poste. Mais, nous constatons ensemble que le foot‐ ball sénégalais est mort. Il y a beaucoup de choses que je ne veux plus laisser passer. Si nos actuels dirigeants avaient fait leur boulot comme il se doit, je n’aurais jamais demandé leur départ. Je respecte les sénégalais et ceux qui sont là. Mais, vu que rien ne marche dans notre football et que ça fait plus de vingt ans que les mêmes personnes nous dirigent, je dis basta. Ça suffit ! On a été professionnel dans de grands clubs. Par conséquent, on ne peut pas accepter que des gens qui ne connaissent pas le football nous dirigent. Me Augustin Senghor est un homme que je respecte. Personnellement, je ne le connais pas mais tout le monde dit du bien de lui. Maintenant, pour ne pas ternir son image, je pense qu’il est temps qu’il parte par la grande porte. Je ne comprends pas pourquoi il veut briguer un troisième mandat. Il est là depuis huit ans et il sait pertinemment que rien ne marche. Il ne doit pas tenir tête aux Sénégalais.
Votre Comité a‐t‐il un candidat ?
Au Sénégal, on n’a pas de problème de manage‐ ment ou de leadership. Il y a des gens outillés pour diriger cette Fédération. Senghor ne doit pas se dire : puisque je n’y arrive pas, personne ne pourra y arri‐ ver. S’il pense à ça, il se trompe. Le football a bien existé avant lui et continuera d’exister après lui. Avec son règne, rien n’a marché. Nous sommes 14 millions de Sénégalais. Le problème majeur d’Augustin Senghor, c’est qu’il n’a pas un bon entourage. Et ça, il en a conscience. Sur les trois Coupes d’Afrique aux-quelles il a participé, ce n’est qu’à la dernière qu’il a atteint le cap des quarts de finale. Quelqu’un comme Mbaye Diouf Dia est légitime et il peut servir ce football‐là, ainsi que Louis Lamotte. Si j’étais le conseiller du président Senghor, je lui demanderais de partir. Il est encore jeune, il peut prendre son destin en main et aller chercher ailleurs. Il doit sortir par la grande porte.
«Pour ne pas ternir son image, je pense qu’il est temps que Me Augustin Senghor parte par la grande porte. Je ne comprends pas pourquoi il veut briguer un troisième mandat»
Quelles solutions préconisez‐vous pour mieux as‐ sainir l’entourage du prochain président de la FSF ?
C’est avec la complicité des textes de la Fédération que toutes ces histoires‐là ont été créées. Ce sont eux qui ont mis en place un système de vote caduc. Il y a trop de lobbying dans le système fédéral. Si ces textes ne sont pas revus, les compétences n’y accéderont pas. C’est un manque de respect que de demander aux anciens internationaux d’investir la base pour être éligibles. Ils oublient que ces derniers ont servi au plus haut niveau le football de notre pays. C’est n’importe quoi que de nous demander de descendre à la base. Avec notre vécu, on n’a pas besoin de cela.
«C’est un manque de respect que de de‐ mander aux anciens internationaux d’investir la base. Ils oublient que ces derniers ont servi au plus haut niveau le football de notre pays»
Vous pensez que le mal du football sénégalais se trouve au niveau des textes ?
Bien sûr que oui. Quand vous vous taillez des textes sur mesure et que, après, vous êtes incapable de diriger le football, c’est peine perdue. Il faut respecter les gens. Vous voyez El Hadji Diouf, Amdy Faye ou n’importe qui de la génération 2002 partir siéger dans leurs petits quartiers pour dire qu’on veut être mandatés pour intégrer le systéme ? Qu’est ce que les gens vont dire là-bas ?
Qu’avez‐vous de plus que ces présidents de clubs qui mettent leurs moyens au service de leurs clubs ?
Le simple fait d’avoir été international et d’avoir dé‐ fendu les couleurs de notre pays mérite un grand respect. On a aidé dans nos localités respectives, que vous le sachiez ou pas. Personnellement à Yarakh, que ce soit Xam Xam ou USB, ces deux équipes n’ont jamais porté d’autres maillots que les miens pendant les 17 ans qu’a duré ma carrière professionnelle. On n’a pas besoin de ça. Mais, encore une fois, je dis que je n’ai besoin d’aucun poste. Mon combat c’est que le football doit être géré par les gens qui le connaissent. Le Cameroun a été dirigé par le neveu du président Paul Biya. Mais, audité, il a fini en prison. Ce sont les anciens joueurs qui se sont réunis autour de l’équipe et ils ont gagné la dernière Coupe d’Afrique. C’est la même chose au Nigeria. Il faut des gens qui font vivre le football mais pas ceux qui vivent du football. Il y a trop de corruption dans notre football.
On a l’impression que vous ne respectez pas non plus vos coéquipiers de 2002 qui travaillent pour la Fédération ?
Vous savez que ni Aliou Cissé, ni Omar Daf, ni Lamine Diatta, encore moins Khalilou Fadiga ne sont dans la Fédération. Ils travaillent pour l’équipe. Ils sont dans le staff de la sélection et ils n’ont rien à avoir avec la fédération.
«Nous restons clairs dans nos positions. Nous ne sommes pas dans le «ôte‐ toi de là que je m’y mette». Non, loin de là. Personnellement, je ne brigue aucun poste»
Donc, vous lorgnez des postes au niveau de la FSF ?
Personnellement, je ne veux aucun poste là‐bas. Mon combat, c’est de combattre un gars comme Me Senghor parce qu’on n’en veut plus. Il nous faut un nouveau président, de nouvelles têtes pour qu’on puisse avancer. Depuis belle lurette, le Sénégal n’a plus organisé la Coupe d’Afrique. Ils n’ont aucune ambition. Le Gabon qui n’a même pas trois bons footballeurs professionnels n’arrête pas d’organiser des compétitions du genre. Ce n’est pas un problème de moyens mais plutôt de bon sens.
Et si vous vous retrouviez autour d’une table pour discuter de tout cela ?
Je l’ai toujours dit. Notre football a besoin d’un ndeup national. Il nous faut un débat national comme l’a fait le Cameroun. Ce sera l’occasion de discuter et d’apporter des solutions pour le développement de notre football. Le Cameroun l’a récemment expérimenté. Quand les anciens internationaux ont pris les choses en main, les Lions indomptables sont sacrés champions d’Afrique avec la plus mauvaise équipe de l’histoire de ce pays. Même s’il faut encore tout recommencer, on est prêt à faire face. Quitte à descendre dans la rue.
Là, vous incitez les gens à la révolte ?
Ce n’est pas de la rébellion. On va dénoncer cela jusqu’à la dernière énergie. Tout ce que j’ai aujourd’hui, c’est grâce au football sénégalais et je n’accepterai jamais de le regarder s’écrouler. Encore une fois, je demande solennellement à monsieur Augustin Senghor de ne pas postuler à sa propre succession parce qu’il risque de gâcher tout le travail qu’il a accompli à la tête de cette Fédération‐là. Il ne doit pas ternir son image d’autant plus que le football ne le fait pas vivre.