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Rentré dans son club d’Anderlecht (D1 Belgique) depuis le match nul aux relents de défaite ramené de Conakry, samedi 23 mars dernier, face à l’Angola (1-1, 3e J. Elim. CM 2014), après une escale au Maroc où certains «Lions» se sont fait chiper leurs bagages, Cheikhou Kouyaté rumine encore cette contre-performance devant les «Palancas Negras». N’empêche, malgré ce rendez-vous manqué de «se réconcilier avec le public sénégalais», le joueur de 23 ans ne veut pas «s’éterniser» sur les regrets. Il croit à un possible sursaut d’orgueil du Sénégal devant les «Antilopes noires», en juin prochain. Mais pour y parvenir, il ne perd pas de vue que l’équipe doit «hausser (son) niveau de jeu». La route qui mène au Brésil passe forcément par là. 

Trois jours (l’interview a été faite le mardi) après le match de samedi, êtes-vous toujours habité par un sentiment de déception ?

Comme tout le monde, nous sommes déçus parce que nous nous attendions à une victoire pour faire oublier aux Sénégalais l’élimination face à la Côte d’Ivoire (qualifications Can 2013) et leur montrer que c’était une erreur. En plus, ça fait un moment que nous n’avons plus gagné un match et c’était le moment de le faire pour se réconcilier avec le public sénégalais. Mais c’est la réalité du football et il faut travailler et redoubler d’efforts pour revenir plus fort. Il y a forcément des regrets, mais on ne peut pas s’éterniser sur cela. Il ne faut pas oublier que nous avons tout donné, même s’il y avait la chaleur et tout, même si ce n’est pas une excuse. Nous n’avons pas joué sur notre vraie valeur, on le sait, il faut donc se ressaisir. On sait maintenant qu’on doit aller gagner en Angola. On n’a plus le choix.

Au-delà du résultat, beaucoup de gens ont davantage vu un manque d’engagement de l’équipe. Êtes-vous d’accord avec eux ?

Je ne le pense pas parce que nous étions motivés avant ce match. Nous nous sommes bien entraînés pendant une semaine et les Guinéens nous ont facilité la tâche en étant derrière nous. Maintenant, il faut retenir les leçons de ce match et savoir qu’on doit hausser le niveau de jeu si l’on veut se qualifier pour la Coupe du monde 2014.

Certains ont aussi vu un manque de volonté sur le penalty manqué par Demba Ba, et surtout la manière dont il l’a tiré…

Non, même pas. Demba était concentré au moment de tirer le penalty et s’il l’avait marqué, personne ne dirait cela. Il était tellement concentré qu’il n’a pas regardé le gardien. Dans sa tête, il s’était dit qu’il allait le mettre à gauche, le gardien a plongé de ce côté. Sur le but encaissé, c’était un coup franc latéral, on ne s’attendait pas à cela. On s’est fait avoir, il faut l’accepter et apprendre des erreurs en espérant que la prochaine fois sera la bonne.

Pensez-vous que la chaleur soit la cause de ce relâchement constaté en deuxième période ?

Oui, on peut le dire. On s’est donné à fond et la chaleur était là pour toutes les deux équipes. La plupart des joueurs évoluent en Europe avec parfois des températures de -6 ou -7 degrés et c’est un peu difficile pour eux. Mais de toutes les façons, on s’y attendait. Nous savons bien qu’en Afrique, il faut jouer tout le temps dans des conditions climatiques similaires (à celles du match de samedi passé). Maintenant, nous savons ce qui nous attend et il faut que nous nous réveillions parce que nous avons vraiment envie de nous qualifier.

«Chaque joueur sélectionné mérite sa place dans l’équipe. Le chef c’est le coach, c’est lui qui décide de mettre qui il veut.»

Après l’élimination face à la Côte d’Ivoire et l’absence à la dernière Can, y avait-il trop de pression avant le match ?

Personnellement, je ne connais pas la pression car je la gère de jour en jour. Mais elle peut s’installer dans les têtes parce que nous voulons maintenant gagner tous les matches. Nous savons que le peuple nous attend et c’est normal parce que c’est un pays de football et les gens ont soif de victoire. Ça fait longtemps qu’ils attendent une victoire de leur équipe nationale. Ça joue aussi et tout le monde a envie de bien faire. Mais si nous mettons cette pression dans nos têtes, ce sera très difficile de gagner un match.

Giresse a quand même promis de faire bouger les choses…

Comme je l’ai dit à Idy (Gana Guèye) et à Zarco (Touré), mes potes de sélection, je respecte la décision du coach. L’équipe nationale, ce n’est pas à moi ni à Papiss ou Idy ou à quelqu’un d’autre. Ça appartient à tout le monde et chaque joueur sélectionné mérite sa place dan l’équipe. Le chef, c’est le coach, c’est lui qui décide de mettre qui il veut. Tous les joueurs veulent jouer et il n’y en a aucun qui veut être sur le banc. Mais si nous y sommes, nous soutenons à fond ceux qui sont sur le terrain. Si le Sénégal gagne, c’est tout le monde qui gagne. Il faut aussi faciliter la tâche au coach qui essaie de mettre une équipe compétitive parce qu’il veut faire des résultats. Il ne va pas faire n’importe quoi. Mais c’est comme ça, c’est la vie d’un professionnel.

Depuis le banc de touche où vous avez regardé tout le match, qu’est-ce qui n’a pas bien fonctionné selon vous ?

Je pense que nous avions eu les occasions de tuer le match, même si les Angolais étaient bien organisés. Même à 1-0, je pense qu’on pouvait tenir le ballon, ce qu’on n’a pas fait en deuxième mi-temps parce qu’on était pressés de marquer le deuxième but. Nous avons eu un penalty qu’on n’as pas et il y a eu ce coup fatal (l’égalisation angolaise). C’est sûr que si le penalty était marqué, ça faisait 2-0 et le match était plié. Mais c’est le football et c’est celui qui tire un penalty qui le rate aussi. La chance n’était pas avec nous ce jour-là, parce que sincèrement, je pense que c’était un match qu’on devait et pouvait gagner facilement.

«Quiconque connaît Papiss sait que c’est un garçon qui a tellement de respect… Nous le respectons beaucoup et c’est un exemple à suivre.»

Êtes-vous déçu de ne pas jouer ce match ?

C’est sûr, les gens qui me connaissent savent que j’aime bien jouer. Je suis un combattant et prêt à aller au charbon. Et lorsqu’il s’agit de l’équipe nationale, l’excitation est encore plus grande. J’étais déçu parce que je voulais jouer ce match, mais je respecte la décision du coach. Il y a beaucoup de prétendants en équipe nationale et tout le monde mérite sa place et il faut respecter chacun. Je dois maintenant mettre le cap sur le prochain match. Je vais retourner dans mon club et travailler dur pour revenir plus fort et convaincre le coach pour lui montrer que j’ai ma place dans cette équipe.

Une partie de la presse a relayé un clash entre Papiss et Giresse à la fin du match. Qu’est-ce qui s’est réellement passé dans le vestiaire ?

J’ai appris ça comme tout le monde. Quand j’ai entendu ça après, je me suis tenu la tête en me disant : «Non, ce n’est pas possible !» Il ne s’est rien passé. A la fin du match, Papiss est rentré (aux vestiaires) en disant qu’on avait pris un but d’amateur et le coach essayait de le calmer. Il a parlé à chaud. Mais celui qui connaît Papiss sait que c’est un garçon qui a tellement de respect… Nous le respectons beaucoup et c’est un exemple à suivre. Il n’a jamais tenu ces propos.

«Si nous voulons gagner ce match (en Angola), nous devons hausser notre niveau de jeu, nous battre de la première à la dernière minute et oublier les conditions climatiques, parce que je pense que c’est parfois dans la tête.»

Depuis quelque temps, les Sénégalais ne sont plus motivés comme ils l’étaient avant à supporter l’équipe nationale. Comprenez-vous leur déception ?

Je leur dis de garder espoir et d’être derrière leur équipe. Ce n’est pas facile, mais Inch’Allah, on sera bientôt là où l’on attend l’équipe nationale du Sénégal. Nous avons besoin de faire quelque chose, pas pour nous, mais pour le peuple sénégalais. Je suis né à Dakar, dans un quartier (Khar Yalla) où il y a de vrais amateurs de foot. Je sais comment les Sénégalais vivent les matches. Moi aussi, j’étais supporter de l’équipe nationale en 2002. Les Sénégalais sont passionnés et veulent que leur équipe soit toujours forte. Les Sénégalais adorent leur équipe. Les critiques, c’est normal parce que les gens veulent voir leur équipe au niveau où elle était dans le passé.

Tout le monde s’attend maintenant à un match retour difficile en Angola. Est-ce aussi votre sentiment ?

Comme tous mes coéquipiers en sélection, nous y croyons. Nous sommes toujours 1ers du groupe et pour que la première place nous échappe, il faudra que l’Angola gagne devant nous. J’entends beaucoup de gens dire que ce ne sera pas facile, mais je leur réponds qu’aucun match n’est facile. Si nous voulons gagner (en Angola), nous devons hausser notre niveau de jeu, nous battre de la première à la dernière minute et oublier les conditions climatiques, parce que je pense que c’est parfois dans la tête.

Le président de la FSF, Me Augustin Senghor pense que vous devez une revanche aux Sénégalais…

Nous savons depuis bien longtemps que nous devons quelque chose aux Sénégalais. C’est évident que les Angolais se disent maintenant qu’ils vont gagner au retour. Ce sera difficile quand nous irons là-bas. Nous devons nous préparer dès maintenant en étant performants dans nos clubs, mais je suis sûr que c’est un match que nous pouvons gagner.

 

GFM

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