Dominateurs contre l’Iran, le Sénégal s’est finalement contenté d’un nul (1-1), mardi à Vienne. La faute à une inefficacité criarde qui poursuit les attaquants sénégalais. Mais au-delà de cette lacune offensive, il y a à se poser des questions dans la manière dont Aliou Cissé gère certains de ses cadres qui goûtent très rarement au banc. Décryptage.
Dans une équipe organisée et marquée par un coaching rigoureux, jamais un Ismaïla Sarr ne serait resté aussi longtemps sur le terrain contre l’Iran (1-1), mardi à Vienne. Pour avoir vendangé plusieurs occasions, manquant de tuer le match à maintes reprises, l’attaquant de Watford n’a été remplacé que dans les dernières minutes de la partie.
Idem pour Sadio Mané. En baisse de forme, le nouveau Bavarois a curieusement joué tous les deux matchs en entier, sans répit. Un choix du coach assez surprenant concernant l’ancien Red qui visiblement avait besoin d’être ménagé, surtout dans des matchs sans gros enjeu.
Quid de Gana Guèye ? Associé au milieu du terrain avec Nampalys Mendy, dans une position de double pivot, le nouveau pensionnaire d’Everton était loin de la mode «dépassement de fonction». Au contraire, Gana a manqué terriblement d’impact et de créativité en phase offensive, contrairement à ce qu’on avait vu samedi dernier à Orléans, face à la Bolivie, avec les «3 P».
Personne n’a compris l’entrée de Kouyaté
Jouant souvent sur la même ligne que Nampalys (crédité d’un match correct malgré son manque de temps de jeu), Gana a rarement utilisé la profondeur et les transversales pour offrir des solutions aux attaquants. Boulaye Dia ne dira pas le contraire pour avoir été peu servi, avant de céder sa place… à Cheikhou Kouyaté. Et là c’était la surprise du chef. Car personne n’a compris cette entrée de Kouyaté à la place d’un attaquant, au moment où le Sénégal tentait de reprendre l’avantage. On connaît la suite avec son positionnement hybride devant où il avait du mal à trouver ses repères.
Avec de telles prestations, fallait-il laisser sur le terrain Sadio Mané, Gana Guèye et Izo Sarr (sorti à la fin) ? Dans un tel contexte de Coupe du monde, la réponse est Non ! Surtout que pour ces deux matchs de préparation, Aliou Cissé avait ouvert large la Tanière en convoquant sept nouvelles têtes, pour une liste de 29 sélectionnés, un vrai record. Ce qui avait poussé le sélectionneur, au sortir du bon match des Lions samedi face aux Boliviens, à faire la promesse de jouer l’Iran avec «une nouvelle équipe».
Cissé doit avoir plus de rigueur dans la gestion de ses cadres
Une promesse non tenue. En lieu et place, ce sont surtout les champions d’Afrique qui ont été alignés, en y greffant seulement deux nouveaux : Formose Mendy et Ismail Jakobs. Les Demba Seck, Nicolas Jackson, Iliman Ndiaye… qui avaient des fourmis dans les jambes, se sont résignés à rester sur le banc. Seul l’attaquant de Sheffield United s’est offert quelques petites minutes, comme contre le Bénin (3-1) lors de la première journée des éliminatoires de la Can 2023.
Du coup, on a envie de se demander : est-ce qu’il fallait convoquer tous ces jeunes pousses à moins de deux mois du Mondial ? Sachant que Aliou Cissé a déjà sa liste en tête et que presque tous les champions d’Afrique seront au Qatar.
En fait, la leçon qu’il faut retenir de ce coaching de Aliou Cissé contre l’Iran, c’est qu’il doit être plus rigoureux dans la gestion de ses cadres. Un statut de cadre, pour ne pas dire de «sénateur», ne doit pas pousser Gana et Cie à rester dans leur confort en dehors de toute pression. Le Mondial est tellement sérieux qu’il urge de faire savoir à ces «intouchables» qu’une contre-performance renvoie aussitôt sur le banc, quel que soit leur statut. Ne pas le comprendre, c’est faire de la figuration au Qatar !