Soyons clair, dès le début. Le Sénégal n’est pas encore une grande nation du football africain ! Oui, nous avons été une fois en finale de Coupe d’Afrique (comme la Guinée -1976- et le Mali -1972- !) ; c’est vrai que nous avons atteint les ¼ de finales de deux compétions mondiales majeures : Coupe du monde 2002 (comme le Cameroun en 1994 avant nous et le Ghana après nous en 2010) et JO 2012 (que le Nigéria en 1996 et le Cameroun en 2000 ont déjà gagnés). Qu’avez-nous donc fait d’exceptionnel dans le foot africain qu’une autre nation n’a pas fait ? Rien !
La vérité absolue et difficile à intégrer est que nous n’avons rien gagné sur le continent footballistique aussi bien en nation qu’en clubs. Alors arrêtons de jaser et remettons-nous à notre place : à savoir une petite nation de football africain. Et ça le restera tant que nous n’aurons pas accroché une première ligne à notre palmarès désespérément vierge depuis l’indépendance. On veut un palmarès, certes, comme tout compétiteur, mais nous voulons tout d’abord, en tant que passionné du ballon rond, prendre du plaisir à regarder les Lions jouer. Et si au bout, nous remportons les 3 points d’un match quelque soit la compétition, nous signons des deux mains car ce ne sera que du bonus et donc du bonheur pour les supporteurs du Sénégal du foot que nous sommes.
Commençons par le commencement et arrêtons de nous fixer des objectifs farfelus, c’est-à-dire favoris à chaque CAN ! Trouvons un sélectionneur qui sait faire les bons choix d’abord. Ensuite, laissons-lui développer grâce à ses compétences techniques un jeu propre à son groupe qui répondra à notre idée du foot. Et enfin aidons-lui à trouver une psychologie de gagneurs tels la « Juve » de la fin des années 90 – début 2000. On ne cherche pas un extraterrestre, on cherche tout juste un bon coach qui sait faire gagner des footballeurs en pratiquant un jeu agréable à voir. Un chef qui aura dans son orchestre des virtuoses avec qui il participera à composer et à interpréter une symphonie gagnante. Si c’est trop demander, prions Dieu pour qu’il nous accorde la baraka de tomber, tous les 5 ans, sur une génération exceptionnelle de joueurs avec à la tête un sélectionneur qui a du bol. Amine. Mais en attendant la grâce divine, concentrons-nous sur les petites catégories, à l’image de Diambars, et continuons à former les jeunes à jouer un seul et bon football. N’arrêtons jamais de participer aux compétions internationales de jeunes en football pour nous forger dès le bas âge cette expérience du haut niveau incontournable si on veut gagner quelque chose. Et tant qu’on aura un vivier de jeunes toujours disponible pour alimenter les futures sélections A, nous ne manquerons jamais une compét’ importante. Formons, et j’insiste formons et attendons : ça viendra ! Et puis où est le scandale à ne pas participer à une CAN ou à ne l’avoir jamais remporté ? Le football n’est pas la chose la plus importante dans la vie au point d’occasionner des émeutes violentes. Le foot n’a jamais développé un pays ! L’Espagne est un cas patent aujourd’hui : 1ère nation du foot au monde avec dans son championnat, le plus médiatisé de la planète, les deux plus grands clubs du monde, le Real et le Barca. Et pourtant le pays, au bord du gouffre économique, est englué dans une crise sans précédent due à une récession qui touche toute la population. C’est ça la réalité quotidienne des Espagnols en 2012, très loin du rêve d’hégémonie de Messi ou CR7 ! Voilà. Travaillons pour développer ce pays, pauvre et très endetté, et confinons le foot à sa vraie place dans la société : assouvir notre passion et nous relaxer après une journée difficile de travail. Laissons la gestion du football à ceux qui en ont le temps et l’amour. Si après avoir aidé à faire croître le Sénégal dans tous les domaines, on n’arrive à en faire un cador du foot, on applaudit et on retourne au TAF !
Pour finir, arrêtons de nous auto-glorifier et de nous prendre à l’orée de chaque CAN pour les épouvantails de la CAN. Laissons les autres parler de nous, et nous l’espérons, en bien. Mais ça, c’est une autre histoire au Sénégal. Faisons sien le slogan du rappeur Gaston : Wakh toutti, job lou bari*
*Parlons peu, travaillons plus !