Les regrettables incidents du match de football entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire commencent à être oubliés à Abidjan. Les Ivoiriens n’en voudraient pas au public sénégalais mais n’en tiennent pas moins le footballeur El Hadji Diouf pour principal responsable des incidents.
Abidjan décrie fortement son attitude.
La qualification des Eléphants de Côte d’Ivoire pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations de football aux dépens des Lions de la Téranga en poche, Abidjan veut oublier le mauvais film joué samedi dernier, par le nombreux public du stade Léopold Sedar Senghor de Dakar. Mais, le petit peuple de la Lagune Ebrié fulmine encore contre l’ancienne vedette du football sénégalais, El Hadj Diouf, accusé d’avoir mis le feu aux poudres. Les commentaires sont unanimes, renforcés sans doute par les analyses des différents organes de presse qui ont rendu compte des incidents.
«Faut corriger ce Diouf-là !»
Dès l’aéroport Felix Houphouët Boigny, l’agent de police vous apostrophe : «Mais Gorgui, c’est quoi manière-là ? Faut corriger ce Diouf-là ! Nous, on ne veut pas de ce genre de problème. Il faut de la fermeté. C’est quoi ça ?» En effet, l’idée la mieux partagée à Abidjan est que ce serait l’ancien international de football El Hadj Diouf qui avait préparé ses fans à des actes de sabotage. Certains joueurs ivoiriens ont même fait des confidences qui accusent gravement le bad boy. Les incidents consécutifs au deuxième but de Didier Drogba qui avaient provoqué l’arrêt du match sont incompréhensibles ici à Abidjan. En fait, les Ivoiriens ne croyaient pas les Sénégalais capables d’une telle réaction, tant l’estime pour le Sénégalais est haute pour ce qui est du caractère pacifique, de fair-play et de tolérance.
Macky va à nouveau prêcher la paix
La réaction du Président Macky Sall depuis Kinshasa pour regretter les incidents du match et surtout présenter des excuses a été donc bien ressentie en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, son arrivée aujourd’hui à Abidjan pour participer à la réunion de l’Internationale Libérale devrait être une autre occasion pour prêcher la paix et le calme entre les deux Peuples qu’un match de football ne devrait pouvoir brouiller.
Les Abidjanais ont un mauvais souvenir des terribles incidents dans les années 90 d’un match entre l’une des équipes locales l’Asec d’Abidjan et l’Ashanti Kotoko de Kumasi un club ghanéen, pour ne plus laisser revivre de pareils grabuges, indique un journaliste du Quotidien d’Abidjan. De toute façon, les autorités politiques et les médias ivoiriens ont joué à fond la carte de la paix dans cette affaire. La Radio télévision ivoirienne, première chaîne de Télévision publique, qui diffusait le match a détourné ses caméras des incidents. «Pas une image des échauffourées n’a été montrée. Un gros plan a systématiquement été fait sur les discussions bon enfant entre joueurs des deux équipes au centre du terrain. Les commentateurs ont dédramatisé la situation et ont surtout expliqué que les supporters sénégalais en voulaient aux dirigeants de leur équipe mais pas aux joueurs ou supporters ivoiriens», souligne Dieudonné.
Abidjan a bien tourné la page
Ce discours a été conforté par les déclarations du ministre de la Sécurité publique, Hameth Bakhayoko et des responsables des services de communication de l’Etat. Aussi, témoigne avec satisfaction, Mbaye Guèye, bijoutier sénégalais du quartier de Treichville, des forces de sécurité ont été déployées dans les quartiers où résident de fortes communautés sénégalaises pour les protéger d’éventuelles agressions, mais Dieu merci tout s’était bien passé. Une seule exaction aura été enregistrée et qui a fini par un «happy end» dont les Ivoiriens ont le secret.
Une restauratrice, Fatou Seck établie au quartier Abobo a reçu la visite d’un groupe de jeunes excités qui ont exigé de manger à l’œil. La restauratrice était bien contente de voir que ses visiteurs indélicats ne lui demandaient que cela. Ainsi, a-t-elle servi une cinquantaine de plats de thiep à des supporters contents de la qualification de leur équipe et qui voulaient par ce moyen se venger de la mauvaise attitude des supporters sénégalais. Après s’être bien régalés, ces supporters ont accroché sur les lieux le drapeau de la Côte d’Ivoire. La restauratrice ne s’était pas laissé démonter en mettant à côté les couleurs nationales de son pays. L’incident a fini par des chants et danses. Abidjan a donc bien tourné la page.