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Il a crié sur tous les toits qu’il n’était pas «mort» sportivement et qu’il avait sa place en Ligue 1 française. Mais, en s’engageant avec le Gazélec d’Ajaccio en août dernier, on ne s’imaginait pas que l’histoire avec le club corse allait tourner court. Si les médias occidentaux ont évoqué le problème de rythme que l’ancien Nancéen n’a pu supporter, le sociétaire d’Al Khritiyat (Qatar) parle plutôt d’un choix personnel. Issiar revient sur son parcours de footballeur, sur sa vie d’homme, sans oublier la Tanière qu’il n’est plus sûr de retrouver à nouveau.

Issiar, racontez-nous votre parcours de footballeur.

Comme tous les enfants de la banlieue parisienne, c’est dans la rue que j’ai commencé à jouer au football. Après, je me suis engagé dans les petits clubs de mon quartier dans la commune de Sèvres. Petit à petit, les gens m’ont repéré jusqu’à mon intégration à Clairefontaine. C’est là où je me suis vraiment forgé. Après, la suite vous la connaissez. J’ai intégré les équipes de jeunes de France jusqu’en Espoirs avant de m’engager définitivement avec le Sénégal.

Vos parents vous ont-ils laissé jouer au football dès le bas âge ?

ils m’ont demandé de privilégier les études. mais quand ils ont compris que j’avais les capacités d’aller plus loin en football, ils sont revenus sur leur décision. ils ont respecté mon choix, ils m’ont accompagné.

Vous vous êtes très tôt retrouvé, paraît-il, dans la peau d’un responsable suite au décès de votre papa…

Bien sûr. Après le décès de mon papa, je devais prendre toute ma famille en charge. Ça fait partie de la vie. Heureusement, Dieu m’a soutenu pour mener à bien cette responsabilité. Nous sommes des musulmans, nous avons surmonté quelques difficultés. C’est comme ça. Je n’ai plus de mots pour parler de cet aspect-là, mais sachez que je remercie le Tout Puissant.

Êtes-vous fréquent dans votre quartier de naissance, à Sèvres ?

J’ai bien gardé le contact avec mes amis d’enfance. C’est important pour moi et primordial pour ma famille. Ça fait partie de ma façon de vivre, il n’y a aucun souci à se faire.

Vous avez très tôt abandonné les études ?

À Clairefontaine, on alliait sport et études. Ce qui fait que je partais à l’école, même si je n’ai pas un niveau d’instruction élevé. mais en un moment, j’ai fait mon choix, c’est-à-dire arrêter les études pour poursuivre ma carrière de footballeur.

Comment se passait la formation à Clairefontaine ?

En réalité, c’est très compliqué de rester là-bas. Étant jeune, on est loin de ses parents. Et vous ne faites pas tout le temps ce que vous avez envie de faire. De l’extérieur, les gens ne voient pas cela. ils ne voient que les  footballeurs. Or, il y a une autre éducation. On vous prépare pour devenir de vrais hommes dans la vie. On est passé par des étapes. Le matin, on va à l’école, on termine à 15h00 avant que le bus ne vienne nous récupérer pour nous amener au centre de formation. À partir de 16h30, c’est le début des entraînements.

Quels sont les joueurs que vous avez côtoyés dans ce centre de formation ?

il y a eu pas mal de joueurs. J’étais de la même promotion que Blaise matuidi, Hatem Ben Arfa, Ben Artia, Jimmy Briand, il y avait aussi Ricardo Faty et momo Diamé. À cette époque, j’étais plus proche de Ben Arfa parce qu’on était dans la même classe. J’étais vachement proche de lui, et on l’est toujours aujourd’hui. On se voit tout le temps quand je viens à Paris. Ce sont tous des amis de très longue date. On s’est connu avant de devenir des footballeurs professionnels.

Comment vous êtes-vous retrouvé à Nancy ?

C’est à Amiens que j’ai commencé ma carrière. Par la suite, mon agent m’a conseillé d’aller à Nancy pour avoir du temps de jeu. Et là-bas, j’ai découvert autre chose. J’ai connu toutes les sensations de la Ligue 1, jusqu’au moment où j’ai migré vers la Turquie.

Et c’est ce qui vous amène à profiter de la belle vie turque à fenerbahçe ?

Franchement, en Turquie, j’ai connu des moments extraordinaires. Que ce soit dans la vie de tous les jours ou sur les pelouses, j’ai vécu de bons moments. Je ne pensais qu’au football, mais la population, pour ne pas dire les supporters de Fenerbahçe, m’ont bien accueilli et m’ont aimé. Ce qui m’a le plus forgé dans ma carrière. Ce club me manque beaucoup.

Le qatar semble être votre destination privilégiée…

J’ai une bonne image au Qatar. Je suis quelqu’un de très franc qui donne tout et qui dit ce qu’il pense. Contrairement à ce que pensent les gens, le Qatar a un très bon championnat, qui me plaît beaucoup ; d’où mon épanouissement ici.

Qu’est-ce qui explique la rupture de votre contrat avec le Gazélec d’ajaccio ?

J’étais dans une équipe un peu compliquée. mais en réalité, il y avait des dirigeants qui ont un bon état d’esprit. Et quand j’ai reçu la proposition de revenir au Qatar, je n’ai pas hésité un instant. Contrairement à ce que les gens disent, ça n’a jamais été un problème de rythme ou de niveau. il faut arrêter de rigoler.

Reconnaissez-vous n’avoir pu réussir à vous imposer à ajaccio ?

J’étais stoppé par pas mal de blessures. Je savais que le coach comptait beaucoup sur moi. Par la suite, il n’y a rien eu d’anormal. maintenant, les gens sont libres de dire ce qu’ils veulent, mais ma version est la bonne.

Avec tout ce qui s’est passé, n’avez-vous pas mis fin à votre rêve de revenir à nouveau en Europe ?

Je ne sais pas. Comme je le dis souvent, j’irai là où le football m’amènera. Aujourd’hui je suis au Qatar, demain je peux me retrouver ailleurs. J’ai toujours les aptitudes pour jouer encore longtemps.

Certains disent qu’en allant au qatar, vous avez privilégié l’aspect religieux ?

Non. Ce n’est pas une question de religion. Je suis là pour jouer au football. maintenant, la religion fait partie de nous. ici, on la pratique de la meilleure façon. Je suis content de me retrouver ici, de faire mes activités comme il se doit.

Comment avez-vous vécu votre passage de l’équipe Espoirs de la france à la tanière des lions ?

Ah oui ! il y a bien longtemps. C’était en 2008. J’étais en regroupement avec les Espoirs de l’équipe de France. Je n’ai pas envie de reparler de ça aujourd’hui parce que ça date. C’est un vieil épisode qui date de 8 ans.

Et si c’était à refaire ?

Sans hésiter, si c’était à refaire pendant dix fois, je le referais. Je n’ai jamais regretté mes choix. Je n’ai pas choisi le Sénégal par défaut. Franchement, c’est un choix du coeur. Sur le plan sportif, je n’ai rien à regretter en venant défendre les couleurs du Sénégal. Dans ma carrière de footballeur, je ne regrette aucun choix.

Votre absence de l’équipe nationale est-elle un gâchis ?

un gâchis ? Je ne saurais le dire. Aujourd’hui, il y a de jeunes joueurs dans la Tanière. Ils sont de vrais compatriotes au même titre que nous. moi, j’aime bien l’équipe du Sénégal qui restera à jamais dans mon coeur. Le public sénégalais m’a bien adopté et m’a aimé. Mais c’est ça la vie. il y a des hauts et des bas.

Rester au qatar ne vous éloigne-t-il pas de la tanière ? Ou bien vous avez tourné la page ?

Je ne sais pas si la page est tournée. Je ne vais pas mourir quand on ne m’appelle pas. L’essentiel est que je sois à fond derrière l’équipe. Je la supporte. Et de mon côté, je vais continuer mon travail sans problème. Je sais que je m’éloigne de l’équipe nationale, mais cela ne m’empêche pas de travailler convenablement comme je l’ai toujours fait jusqu’ici.

Pensez-vous que le Sénégal est sur la bonne voie pour assurer sa qualification aux prochaines joutes ?

En tout cas, ils ont tout mon soutien. Je ne sais pas s’ils se qualifieront pour la CAN-2017 et le mondial 2018, mais je serai derrière l’équipe durant tout son parcours. Comme je l’ai dit, nous avons de bons joueurs, maintenant on verra ce que ça donnera.

Vous avez dit qu’à votre retour en Europe, vous vouliez montrer que vous n’étiez pas mort sportivement. Mais vous n’avez pas relevé le défi…

Non pas du tout. J’avais toujours clamé mon envie de revenir en Europe et principalement en France. Sur le terrain, les gens ont vu que je n’étais pas mort. mais comme je le dis, il y a des choses de la vie qu’on ne comprend pas. il y a les aléas de la vie qu’on ne comprend pas. mais il faut faire avec.

Qu’est-ce qui s’est réellement passé à ajaccio?

il ne s’est rien passé. il ne s’est rien passé d’anormal. il n’y a pas eu d’embrouille. Franchement, j’avais juste envie de revenir au Qatar. Comme je l’ai déjà dit, ce qui a été dit par vous, les journalistes, n’a rien à voir avec ce qui s’est passé. Les dirigeants savent très bien que j’ai le niveau. J’avais juste pris la décision de partir.

Le salaire n’est-il pas à l’origine du problème ?

Non, loin de là. Ce n’est pas une question d’argent. ils avaient des structures. C’est vrai que ce n’était pas le top, mais comme je le dis à chaque fois, Ajaccio est un club qui m’a bien marqué. ils ont un super directeur sportif qui tient bien le club. On a bien collaboré jusqu’à la fin.

Que comptez-vous faire après votre carrière ?

Je ne sais pas du tout. Pour l’instant, je n’y réfléchis pas. il me reste encore beaucoup de temps. ma carrière n’est pas encore finie. mais petit à petit, j’y penserai. Je pense que je resterai dans le domaine du football parce que c’est ce métier-là que j’ai choisi pour toute ma vie. Donc, je n’ai aucune raison d’en sortir. J’ai connu des moments extraordinaires dans ce métier, et je me vois mal le quitter.

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