Après neuf années passées à Diambars où il a remporté deux titres de Champion du Sénégal, en Ligue 2 (2009) puis en Ligue 1 (2013), Khassim Soumaré pense avoir fait son temps au Sénégal. A 23 ans, le défenseur international voit son avenir en dehors du Sénégal et du centre qu’il avait intégré à l’âge de 14 ans.
Khassim, la presse a récemment évoqué votre transfert en Albanie. Qu’en est-il exactement ?
Non, je suis toujours au Sénégal, chez moi à Rufisque. Il se trouve que j’avais d’abord fait des tests à Arles-Avignon (Ligue 2), mais le coach (Bruno Irles, Ndlr) m’a fait savoir qu’il avait déjà son effectif. Je suis resté deux-trois jours chez Thierno Seydi avant d’aller en Albanie (le 21 juillet) pour trois jours. Là-bas, je n’ai pas fait de tests et le club m’avait directement proposé un contrat de deux ans. Mais je n’ai pas signé parce que ce qu’ils me proposaient n’était pas intéressant. En plus, c’est un championnat de 10 équipes. Je devais faire ce voyage avec Matar Fall qui était resté au Sénégal à ce moment là, en attendant d’avoir son visa. Mais lui a signé dans ce club, du nom de KS Teuta.
Vous étiez également annoncé du côté de l’AJ Auxerre…
Oui, j’étais aussi parti là-bas (en Ligue 2) en août dernier et j’y suis resté pendant une semaine. Je suis arrivé là-bas un mardi et l’équipe devait jouer le vendredi. L’entraîneur m’a donc dit qu’il ne pouvait pas m’inclure dans son groupe et m’a envoyé chez l’équipe réserve qui devait disputer deux matches. Le samedi, il est venu me voir contreDijon et nous avons gagné 4-0. J’ai joué une mi-temps et fait une passe décisive. A la fin de la rencontre, il est descendu des tribunes et m’a assuré de me garder si tout se passait bien lors du match suivant. Le mardi, nous avons fait match nul (0-0) contre une équipe de DH (Divion d’Honneur). J’ai d’abord joué au poste d’arrière-gauche avant d’évoluer en excentré. Mais par la suite, le directeur technique, Jean-Marc Nobilo, m’a dit que le club cherchait un joueur prêt à jouer tout de suite. Il en a d’ailleurs parlé avec Saër Seck (président de Diambars, Ndlr) qui lui a dit que je pouvais leur donner satisfaction si le club m’avait donné une chance de jouer pendant deux ou trois mois.
On parle de tests en Europe…
Il y a de tout. Un entraîneur ne peut pas changer son programme en fonction d’un joueur et c’est à ce dernier de s’adapter. Mon arrivée à l’AJA a coïncidé avec la fin de la préparation de l’équipe et je partais courir dans la forêt avec l’équipe. Je faisais aussi de la musculation et des séances physiques très dures. Mais je n’ai jamais boudé et le coach l’a souligné. J’ai su m’adapter et faire comme si j’avais commencé le stage avec le groupe.
Ne ressentez-vous une déception après ces deux transferts ratés ?
J’étais parti avec l’espoir de signer. Même les joueurs avec qui je m’entraînais me disaient que ça allait se faire. Après, tu peux faire de bons matches, mais tu ne sais jamais où ça va caler. Et même si ça ne s’est pas fait, je ne perds pas espoir et laisse tout entre les mains de Dieu. J’ai toujours des contacts. Je dois parler prochainement avec le président Saër Seck. Mais je pense que mon avenir n’est plus à Diambars. Sincèrement, je pense avoir fait mon temps au Sénégal. Aujourd’hui, on ne peut pas parler de Diambars sans penser à moi, Ousmane Mané ou Emmanuel Gomis (le capitaine). Je pense que nous méritons plus.
Est-ce que vous expliquez cela par un manque de chance ?
Je me dis ça aussi. Sincèrement, je ne m’imaginais pas être toujours au Sénégal jusqu’à présent. Même quand j’étais chez lui en France, Thierno Seydi m’a dit que, vu mon parcours et mon CV, je devais partir depuis 2011. Mais je suis un croyant et je me dis aussi que ce n’était pas encore le moment. De toutes les façons, je continue de figurer parmi les meilleurs joueurs du championnat chaque saison. C’est aussi une motivation personnelle. Je ne me décourage jamais et me donne toujours à fond en attendant que mon heure sonne.
Vous avez manqué beaucoup de matches la saison dernière. Ne pensez-vous pas que c’est à cause de cela que vous n’avez pas pu signer en Europe ?
J’avais subi une opération de l’appendicite, ce qui m’avait empêché de disputer la Ligue des Champions et plusieurs matches du Championnat (Ligue 1) avec Diambars. Cela m’a aussi handicapé lors des tests, mais ça m’a surtout motivé pour me relever et faire une bonne fin de saison avec 28 matches et 3 passes décisives, toutes compétitions confondues. D’ailleurs, c’est lors d’un match de Coupe contre l’US Gorée que les dirigeants de l’AJ Auxerre ont pris contact avec le président Saër Seck pour que j’y aille faire des tests.
Ne ressentez-vous pas une frustration d’avoir manqué les Jeux Olympiques 2012 ?
Forcément, c’est une déception. J’ai fait la campagne de qualification avec l’équipe, du début avec les deux matches contre l’Angola (0-0 à Dakar et 1-1 à Luanda, Ndlr) jusqu’à la fin contre les Émirats Arabes Unis à Coventry (2-0, 1er août 2012, Ndlr). Il n’y avait que trois professionnels (Dieylani Fall, Idrissa Gana Guèye, Abdoulaye Bâ, Ndlr) tout le reste du groupe était composé de joueurs locaux. J’ai aussi disputé la CAN U23 au Maroc où le Sénégal avait terminé 4e. Quand un joueur fait tout cela et n’est finalement pas sélectionné pour la compétition pour laquelle il jouait (JO 2012), c’est normal qu’il soit abattu.
Pensez-vous que la situation ne serait pas aujourd’hui la même si vous aviez joué le tournoi ?
Bien sûr ! C’était une chance pour être vu. Les Jeux Olympiques sont plus importants que la Coupe du monde parce qu’il y a plusieurs recruteurs qui y viennent. Si j’avais eu la chance de jouer les JO 2012, peut-être que je ne serais pas encore au Sénégal.
Malgré une finale de Coupe de la Ligue, Diambars sort d’une saison désastreuse avec une 9e place en Ligue 1. Qu’est-ce que vous pensez être à l’origine de cette déroute ?
Cela peut s’expliquer par plusieurs manières. Par exemple, l’année de notre titre de Ligue 1 (2013), nous jouions sur nos bases, c’est-à-dire notre terrain (Fodé Wade, Ndlr) que nous maîtrisons et où nous avons également été sacrés champions de Ligue 2 (2009). La saison dernière, on jouait au stade Caroline Faye (Mbour) que nous maîtrisons moins. L’équipe a aussi enregistré plusieurs renforts et la mayonnaise a tardé à prendre. Il y a aussi le fait que plusieurs joueurs voulaient coûte que coûte partir à la découverte d’autres choses après ce premier titre de champion. Nous étions ailleurs. Mais nous avons fini par comprendre qu’il fallait d’abord terminer le boulot avant de penser à partir.
Pour expliquer ces mauvais résultats, certains ont évoqué le fait que beaucoup de joueurs n’habitent plus au centre. Que leur répondez-vous ?
Pour dire vrai, nous ne faisons pas du n’importe quoi. J’étais avec Matar Fall, Ousseynou Ndiaye, Salim Ndao et Simon Aristide Diédhiou. Nous étions à cinq minutes du centre. On habitait ensemble pour garder l’esprit de Diambars. Mais c’est comme si nous étions toujours au centre parce que nos habitudes n’ont pas changé. On respectait nos heures de sommeil et personne ne débordait. Nous ne sommes plus des enfants. Les jeunes de notre âge (il a 23 ans) ne sont plus au centre. Cela nous a beaucoup appris parce que nous avons entendu beaucoup de choses. Mais ça nous a aussi permis d’être plus mûrs parce que nous savons que c’est ce qui nous attend en Europe ou partout ailleurs.