Les matchs de la Coupe du monde 2014 démontrent à suffisance que la diversité ethnique a encore de beaux jours dans le sport mondial, après le sacre de la France ‘’Black-blanc-beur’’ en 1998.
Il suffit de jeter un œil sur cette France triomphante depuis le barrage retour contre l’Ukraine en novembre (3-0) pour se rendre à l’évidence que beaucoup de ces Bleus qui gagnent sont issus de l’immigration africaine.
Quand d’autres veulent faire porter tous les problèmes de leur pays à leurs enfants issus de l’immigration, l’ambassadeur des Pays-Bas à Dakar, Pieter Jan Kleiweg De Zwaan, préfère lui saluer cette diversité ethnique dans les sélections présentes à la coupe du monde 2014 qui se joue au Brésil.
‘’Je trouve intéressant le fait qu’il y a une multitude d’ethnies dans beaucoup d’équipes dont celle des Pays Bas où il y a un joueur d’origine bissau-guinéenne. Aussi dans l’équipe de la Belgique, on voit cette diversité ethnique’’, a indiqué le diplomate hollandais qui aurait pu ajouter les exemples de la France, de l’Espagne, de la Croatie.
”Cela montre que la fraternité et l’intégration marchent bien”, a déclaré le diplomate hollandais, dans un entretien publié dans l’hebdomadaire La Gazette (17 au 24 juin).
La Belgique, pays souvent sujet à des divergences entre ces parties néerlandophone et francophone, n’a pas hésité à confier l’hymne officiel de sa sélection à Stromae, un Belge d’origine rwandaise.
Dans cette équipe des Diables Rouges, Dovick Origi, auteur du but de la victoire contre la Russie, synonyme de qualification au second tour, sera vanté pour ses qualités physiques. Mais on n’est pas certain que cette réussite puisse permettre aux Africains en général et aux Kényans en particulier, le pays d’origine de son père, d’être bien reçus en Belgique.
La poussée des partis xénophobes en Europe (en France, le Front National est arrivé à la première place lors des dernières élections européennes), les importants scores réalisés par des partis d’extrême droite aux Pays-Bas, en Grèce, en Suisse pour ne citer que ces quelques pays sont en contradiction avec le nombre de footballeurs issus de l’immigration évoluant sous les couleurs.
Le football suisse est célébré partout, mais il suffit de jeter un coup d’œil sur les feuilles de match de la ‘’Nati’’ pour se rendre compte des proportions importantes de joueurs originaires de pays issus de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie.
Selon les statistiques officielles, l’actuelle sélection suisse est composée à 60 pour cent d’enfants de l’immigration.
Ces meilleurs joueurs ont pour noms Shaqiri, Xhaka, Rodriguez ou Drmic. Les buteurs de la Suisse contre l’Equateur (2-1) s’appelaient Admir Mehmedi et Haris Seferovic. Ces joueurs ont permis au football suisse, après la France, de découvrir les bienfaits de l’immigration pour son équipe nationale.
Cette génération de footballeurs avait déjà apporté au football suisse son premier titre international, celui des champions du monde des moins de 17 ans en 2009.
Mais quel avenir pour ces footballeurs et leurs enfants puisqu’en février dernier, la Suisse, à l’initiative du parti de droite populiste l’UDC, a voté en faveur de l’introduction de quotas d’immigrés?
Dans les trois ans, la Constitution sera modifiée dans le sens d’une restriction de l’immigration, rappelle Rue89.
En France, si Zidane et ses coéquipiers ont permis aux Bleus de remporter la Coupe du monde 1998, cela n’avait pas empêché les électeurs français de porter Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002.
Pire, ce sont des acteurs du football français qui avaient émis en 2010, l’idée de mettre des garde-fous pour diminuer le nombre de joueurs d’origine africaine et maghrébine dans les centres de formation, a été agitée par des techniciens haut placés du football hexagonal.
En avril 2011, le site Mediapart publiait un article expliquant que plusieurs acteurs importants du football français avaient évoqué, lors d’une réunion en novembre 2010, la possibilité de mettre en place des quotas discriminatoires dans les centres de formation. Ces quotas viseraient les joueurs possédant la double nationalité, susceptibles de choisir de jouer pour leur pays d’origine, malgré des sélections dans les équipes de jeunes de l’équipe de France.
Parmi ces responsables, le DTN français de l’époque, François Blaquart, l’ancien sélectionneur français, Laurent Blanc, et l’entraîneur des Espoirs, Erick Mombaerts.
APS