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On a voulu raconter la saga de Metsu en cinq dates avec les «Lions». Difficile. On a alors cherché ce qui a semblé constituer les repères fondamentaux, les moments qui ont balisé les chemins de celui-ci vers le ciel.

Décédé dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 octobre, Bruno Metsu a été porté sous terre avant-hier, avec les honneurs dus à un héros national. Sénégalais émérite il l’a été non pas par son mariage avec une femme «bien de chez nous», ou grâce à sa conversion à l’Islam qui lui a permis d’ajouter Abdou Karim à son patronyme, mais par sa grandeur sur le banc des «Lions». Waa Sports est plongé dans les archives pour s’intéresser à cinq dates qui ont fait de Metsu ce qu’il sera pour toujours

On aurait pu en trouver d’autres matches aussi importants que les cinq rendez-vous cochés dans ces éphémérides. Avec Metsu, presque tous les matches avec les «Lions» ont été d’une manière ou d’une autre importants. Arrivé dans une période de conquête en direction de la Can et du Mondial-2002, il a suivi une trajectoire ascendante sans jamais retomber sur ses fesses. Alignant les succès et y mettant la manière, les «Lions» ont été sublimes durant les deux années qu’il a eu à cheminer avec eux.

Dans le best of, on aurait pu retenir le match contre Egypte, au Caire, pour les qualifications au Mondial. Bien que battus (1-0) par les «Pharaons», les «Lions» avaient livré un match d’une qualité technique et d’une maturité tactique qui montraient qu’une grande équipe était née. Il y a eu aussi Sénégal – Maroc (1-0) à Dakar, qui confirma la route vers le Mondial et dont l’aboutissement est salué par les techniciens comme le fruit d’une préparation maîtrisée de la part de Metsu. Les témoignages de l’ancien président de la Fédé, «Souris» et de l’ancien adjoint de Metsu, Abdoulaye Sarr, faisaint foi, le but de Diouf fut l’exacte réplique d’un mouvement d’ensemble élaboré aux entrainements. Et que dire du premier match de poule du Sénégal lors de la Can 2002 contre l’Egypte (1-0), ayant permis au Sénégal de réussir son entrée dans cette compétition ?

Un grand entraineur, de grands joueurs et quelques repères pour baliser le chemin de gloire et d’honneur.

 

1 – OUGANDA – SENEGAL : 1-1 (13 JANVIER 2001)

La prise de contact

Anonyme au moment de son recrutement, Bruno Metsu débarque sur le banc des «Lions» sans tambours ni trompettes. Entre ses mains, une équipe nationale qui avait commencé à avoir de la gueule et un solide appétit, après sa participation à la Can-2000 jusqu’en quarts de finale. Pour sa première sortie, il est envoyé à Kampala pour les qualifications à la Can 2002. Metsu s’appuie alors sur l’ossature en place pour négocier le match nul (1-1), avec un but sénégalais inscrit à la 6e mn par XXX.

Ce n’est pas la qualité du match qui retient l’attention, mais les effets induits. L’équipe nationale s’impose comme un grand d’Afrique et devient attractif pour les binationaux et pour des éléments jusqu’alors réticents à en porter le maillot. Certains joueurs comme El Hadji Diouf et Ferdinand Coly commencent alors à pointer le bout de la godasse.

 

– NAMIBIE –  SENEGAL : 0-5 (21 JUILLET 2001)

L’histoire en marche

Au moment de débarquer à Windhoek, pour le dernier match du groupe C des qualifications au Mondial-2002, contre la Namibie, le Sénégal n’avait pas son destin en main. Mais autant la qualification à la Coupe du monde était un rêve, autant une élimination ne signifiait point la fin du monde. Car cela n’avait jamais été un objectif de départ.

L’appétit venant en mangeant, Metsu et sa bande refusent de lâcher prise. Et le Sénégal 3e (12 pt +7) derrière le Maroc (1er, 15 pt +5) qui était exempt pour cette journée et l’Egypte (2e, 12 pt +9) qui devait jouer sa qualification à Alger contre les «Fennecs» (4e, 8 pt -3) déjà éliminée, n’était qu’un outsider. Mais à la surprise générale, l’Egypte qui avait écrasé l’Algérie (5-2) au match aller, se fit tenir en échec (1-1) par des Algériens revanchards. La qualification sénégalaise était désormais une question de victoire et goal average. Avec 5-0 à Windhoek, assurés par Pape Thiaw (5e, et 30e mn), El Hadji Diouf (23e mn), Khalilou Fadiga (79e mn) et Moussa Ndiaye (81e mn), les «Lions» feront plus que le nécessaire.

Une équipe de stars était née. A la fin de l’année 2001, la Fifa désigné l’équipe nationale comme la meilleure équipe africaine de l’année 2001. Malgré la ferveur, Metsu garda les pieds sur terre : «C’est la récompense d’un travail fait pendant un an. C’est certes une bonne nouvelle pour les joueurs et le public. Les Sénégalais sont fiers de leur équipe nationale. Mais le plus important, c’est de gagner les matches».

 

3 – NIGERIA – SENEGAL (1-2, 7 FEVRIER 2002)

Une nouvelle frontière s’ouvre

La Can-2002 étant abritée par le Mali, le Sénégal s’y est rendu en refusant d’endosser le statut de favori collé à l’équipe suite aux performances réalisées lors des qualifications. Metsu prend match par match et refuse de se verser dans des considérations dithyrambiques.

Après un bon premier tour, le Sénégal passe les quarts de finale devant la Rd Congo (2-0) et hérite de l’ogre nigérian en demi-finale. Une étape que les «Lions» n’avaient jamais dépassée dans l’histoire, s’étant déjà arrêtés à ce stade en 1990 (Algérie). Les faveurs des pronostiques vont d’ailleurs aux Nigérians. Mais sur le terrain, le Sénégal montre un autre visage étouffe le Nigeria et triomphe dans les prolongations. Pape Bouba Diop avait ouvert le score à la 54e mn. Aghahowa égalisa dans les ultimes minutes du temps règlementaire (88e). Salif Diao offrit le ticket de la finale à la 100e mn.

Ayant toujours gardé son sang-froid sur le banc des «Lions», Metsu n’avait pas pu s’empêcher de jubiler pour extérioriser sa joie. Malheureusement l’histoire s’arrêtera en finale avec la défaite face au Cameroun (0-0, puis 2 tab 4)

 

4 – SENEGAL – FRANCE (1-0, 31 MAI 2002)

Le match de la promotion

Malgré ses prouesses sur le banc des «Lions», Bruno Metsu était jusqu’alors un «sorcier blanc» perdu en Afrique, exotique pour les médias internationaux et attirant juste les attentions en Afrique. Et quand le tirage au sort de la phase finale du Mondial 2002 mit le Sénégal dans un groupe composé de la France, tenante du titre, du Danemark et de la Suède, l’intérêt porté sur les «Lions», notamment en France, ne dépassait guère la curiosité. Lizarazu, Zidane, Platini sortent même quelques railleries. Ils ne se doutaient pas de la détermination d’une équipe portée par des «contentieux coloniaux» à vider.

Dans la passion ambiante au Sénégal, Metsu, loin des déclarations d’intention, a travaillé dans l’ombre. Face à la France, le 31 mai 2002, ses réaménagements tactiques (cinq milieux) bloquent la France sur les flancs, rendent son jeu stérile et ouvre les voies du contre qui permettant aux «Lions» de poser un acte historique. Avec un même onze pendant tout le match, le Sénégal bat la France grâce à Pape Bouba Diop (38e mn).

Ce match fait de Bruno Metsu un coach respecté dans le monde. C’est en quelque sorte cette victoire contre les «Bleus» qui a fait sa promotion.

 5 – SENEGAL – SUEDE (2-1, 16 JUIN 2002)

Dans le même cercle que le Cameroun et le Nigeria

Avant le Mondial 2002,  le Cameroun (1990) était la seule nation africaine ayant pris part à un quart de finale de Coupe du Monde. Avec Metsu, le Sénégal réussit à devenir le troisième, avant que le Ghana complète le trio en 2010.

Qualifié au deuxième tour derrière le Danemark, le Sénégal hérite la Suède d’Ibrahimovic en 8e de finale. Les «Lions» entament difficilement le match en encaissant un but de Henrik Larsson à la 11e mn. Mais Henri Camara, héros du match, égalise à la 37e mn, avant de propulser le Sénégal dans l’histoire en marquant le «but en or» à la 103e mn de jeu. Dans tous les coins de la planète, plus personne n’ignore désormais rien d’un «petit pays» qui s’appelle le Sénégal, conduit par un coach du nom de Bruno Metsu, dont les joueurs s’appellent les «Lions», en ajoutant de «la Teranga».

 

Waasport

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