Il est le plus « vieux » joueurs de l’effectif. Moustapha Diallo, reste fidèle à Guingamp (Côtes-d’Armor) depuis 2009. Le Sénégalais a tout connu avec En Avant, du National à la Ligue 1.
Une barbiche inimitable, un gabarit élancé (1,92 m pour 78 kg), le regard dur mais le sourire aux lèvres. Après neuf années passées à Guingamp, Moustapha Diallo, 31 ans, est resté le même. Un pilier du club apprécié par les supporters pour sa combativité et sa générosité.
Né dans un quartier populaire de Dakar, Médina, le Sénégalais a commencé à jouer au football dans la rue. « On jouait avec des amis, à 6 ou 7 ans, dans les quartiers, se souvient-il. Un ancien avait ouvert un centre de formation à côté. À 8-9 ans, on allait jouer au football tous les mercredis après-midi et samedi matin. Il y avait aussi des matches de quartiers pendant les vacances. »
« Préparer à manger, faire le ménage »
En cadet, Moustapha Diallo intègre finalement le Jaraaf de Dakar, « le plus grand club du Sénégal. Les joueurs s’entraînaient dans le même quartier. J’ai fait toutes les catégories jusqu’en senior. Aujourd’hui, la Médina a changé. Des gens qui ont les moyens ont acheté les terrains, les anciennes maisons et ont construit des immeubles. Ça a évolué dans le bon sens », déclare le joueur qui n’oublie pas ses origines, retournant chaque été au pays.
À 20 ans, il quitte toutefois le Sénégal et part en Belgique. Recruté par le FC Bruges, son expérience en Europe tourne au fiasco. « Quand tu vis en Afrique, ce n’est pas pareil. Tu as les amis, la famille. Tu peux aller où tu veux : tout ton environnement est là. Quand je suis arrivé à Bruges, je n’étais pas prêt. »
« Déjà, j’avais un appartement tout seul, poursuit-il. Je ne savais pas préparer à manger, faire le ménage. Chez moi, ma mère et mes sœurs faisaient tout… En juin, il faisait beau, donc je me débrouillais. Mais quand il a commencé à faire froid, je n’avais jamais connu ça. Je n’avais pas de voiture. Ça m’a handicapé pendant six mois. »
« Retourner au bled »
Six mois de galères dans un club où Moustapha Diallo ne parvient pas à s’imposer. Il part alors à Ferrol, en D2 espagnole. « Je suis resté trois mois, ça ne m’a pas beaucoup plu. J’ai décidé de retourner au bled. Je voulais rejouer à Jaraaf pour mieux me préparer à de nouvelles échéances. Ça s’est bien passé, j’ai joué un an, j’ai été sélectionné en équipe du Sénégal et j’ai participé au Chan (le championnat d’Afrique des nations, réservé aux joueurs évoluant sur le continent, N.D.L.R.), en 2009, Côte d’Ivoire. »
Si les Lions de la Téranga échouent aux tirs au but, en demi-finale, Moustapha Diallo attire les regards. « Stéphane Carnot et mon agent sont venus me superviser. Après le tournoi, beaucoup de clubs m’ont contacté. Mais j’ai choisi Guingamp. Le club venait de gagner la Coupe de France, allait jouer la Coupe d’Europe. C’est un projet qui m’a plu. Mon agent m’a dit : « C’est un club pour toi, familial. » Et quand je suis arrivé, je n’ai pas eu de regrets. »
« Pourquoi aller chercher ailleurs ? »
Marié juste avant de poser ses valises dans les Côtes-d’Armor, il est rejoint quatre mois plus tard par sa femme. « C’était plus facile qu’à Bruges. J’avais son soutien. Et en 2011, la naissance de mon fils m’a fait mûrir et redoubler d’efforts. »
Des efforts qui l’ont conduit du National à la Ligue 1. S’il reste à Guingamp l’an prochain, Moustapha Diallo entamerait une dixième saison en Rouge et Noir. « Chaque année c’est une nouvelle expérience pour moi. Le club n’avait jamais fait cinq saisons consécutives en Ligue 1, on l’a fait. Et j’espère qu’on en fera une sixième. »
En fin de contrat en juin, il faudrait pour cela qu’il prolonge son bail à EAG. « Si je dois rester à Guingamp, finir ma carrière, ça me ferait plaisir. Si tu as tout quelque part, pourquoi aller chercher ailleurs ? Après, si le club ne renouvelle pas mon contrat ou si un autre montre plus d’intérêt que Guingamp, alors pourquoi pas. »
Dernière sélection en 2009
Moustapha Diallo n’oublie pas d’où il vient et ses débuts à Guingamp. Lors de sa première saison sous le maillot des Rouge et Noir, il continue d’ailleurs d’être sélectionné avec le Sénégal. Mais depuis octobre 2009, Moustapha Diallo n’a plus été rappelé.
« En arrivant à Guingamp, je jouais en Ligue 2 et j’étais retenu, rappelle le milieu de terrain d’En Avant. Là, je suis en Ligue 1, j’ai joué la Coupe d’Europe, je marque des buts et on ne me sélectionne pas. Je ne l’explique pas. Je continue à faire les efforts mais c’est frustrant. »
Alors que le Sénégal disputera, en juin, la deuxième Coupe du monde de son histoire, le Guingampais ne se fait pas trop d’illusions. « J’aurais préféré défendre mon pays lors de temps forts comme ça. J’ai joué en équipe nationale dans toutes les catégories, j’ai été capitaine avec les espoirs. Mais aujourd’hui, il y a de bons joueurs qui sont devant moi au milieu. Donc dans ces cas-là, tu gardes ton calme et tu continues à travailler. » Ce qui n’empêchera pas le Lion de rugir encore avec le maillot d’En Avant.