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Après une carrière débutée à Yeggo (1997) et qui l’a conduit, pendant plus d’une décennie, un peu partout en Europe, de la France (Saint-Etienne, Istres, Strasbourg, Metz et Créteil) à la Suisse (Lausanne) ou l’Espagne (Deportivo Alavés, Lorca et Atlético Ciudad), en passant par la Suisse (Lausanne) et la Russie (Dynamo Moscou), Pape Thiaw était revenu aux sources de son «club de cœur», Niary-Tally, en 2012. Un retour dans le championnat sénégalais sanctionné par une Coupe de la Ligue, la même année. Mais ce premier trophée n’a pas suffi à le retenir au pays. Une offre venue de La Réunion l’a convaincu à «tenter une nouvelle aventure». Dans ce département français d’outre-mer, l’ancien attaquant international sénégalais de 34 ans se refait, depuis 2013, une seconde jeunesse à Ligne-Paradis.

Vous êtes à l’île de La Réunion depuis votre départ de Niary-Tally. Est-ce qu’on peut savoir ce que vous faites là-bas ?

Je suis là pour passer mon diplôme de Management sportif. En même temps, je joue dans une équipe de D1 qui s’appelle FC Ligne-Paradis. J’ai joué tout juste le dernier match et je me suis blessé. Je continue à jouer, parce que je me sens en forme et mon organisme me permet de le faire. Cela me fait plaisir de jouer avec des jeunes et de les aider. Quand je suis venu l’année dernière, j’avais signé pour deux ans. Mais à la fin de la saison passée, ils ont voulu que je renouvelle mon contrat. Je suis encore là, même si d’autres clubs me voulaient. Ils sont rigoureux et la transparence de leur discours m’a retenu parce que c’est quelque chose que j’aime et respecte beaucoup dans la vie. Malheureusement, dans le football, il n’y a pas beaucoup de gens comme eux.

Pourquoi avoir fait le choix de La Réunion ?

Parce que j’ai eu l’opportunité de venir là. C’est un projet sur le long terme pour continuer à faire quelque (après sa carrière) en interne avec eux. C’était déjà quelque chose de bien. Ils ont respecté mon parcours et cela m’a beaucoup flatté. Ils m’ont rappelé des épisodes qui ont compté dans ma carrière et cela m’a touché. J’avais aussi envie de changer d’air et c’est un département de la France (La Réunion fait partie des départements et régions d’outre-mer (DROM) de la France, Ndlr). En plus, cela ne me change pas trop du Sénégal, que ce soit pour le climat ou la diversité, parce qu’il y a un métissage très marqué ici. C’est comme si j’étais au Sénégal, sauf que le pays de la «Téranga» reste unique au monde. Il y a un restaurant sénégalais où je peux manger du «Cëbu jën», mais ce n’est pas le même goût que celui du Sénégal. (Rire).

Pourquoi avoir quitté le Sénégal et Niary-Tally ?

Niary-Tally est mon club de cœur. C’est le quartier où je suis né et où j’ai grandi. Je pouvais rester là-bas, parce qu’on m’avait quand même proposé un poste de directeur sportif. Mais une fois que j’ai senti que je pouvais encore rejouer et que les dirigeants réunionnais m’ont contacté, avec le discours que le président et le coach m’ont tenu, j’ai été convaincu. C’est parce qu’il y a eu aussi un challenge. Je me suis dit : pourquoi ne pas tenter encore une autre aventure ?

«Je pouvais rester à Niary-Tally, mon club de cœur, mais…»

Vous auriez donc voulu continuer à aider le club s’il n’y avait pas eu cette offre des Réunionnais ?

Oui, parce que cela me faisait quand même mal que Niary-Tally soit un club dont on parlait beaucoup mais qui n’avait rien gagné au plan national à part le «navétane», mais jamais en Championnat et en coupe. Quand j’étais là-bas, j’ai eu la chance de gagner la Coupe de la Ligue (2012), avec un très bon parcours en Championnat (Ligue 1) et une demi-finale de Coupe du Sénégal. On avait vécu une année extraordinaire. J’ai vu que les jeunes et les dirigeants ont beaucoup apprécié, de même que moi. Je vois qu’ils sont 1er de Ligue 1 et je leur souhaite de continuer ainsi jusqu’à la fin de la saison.

Pour les éliminatoires de la CAN 2017, le Sénégal jouera à Windhoek, où vous aviez marqué en 2001 un doublé qui avait permis au Sénégal d’aller au Mondial 2002…?

J’espère que ça va nous porter chance. Le Sénégal sera l’équipe favorite dans ce groupe et devra normalement terminer premier. Mais les matches ne se jouent pas d’avance. En football, on peut être parfois meilleur et ne pas gagner. Mais avec le jeu et les joueurs qu’on a, s’ils mouillent bien le maillot, je pense qu’il n’y aura pas de problème.

Et qu’est-ce que cela vous fait de voir vos anciens coéquipiers à la tête de l’équipe, Aliou Cissé (sélectionneur), Tony Sylva (préparateur des gardiens) et Lamine Diatta (Team manager) ?

C’est quelque chose de bien. Je leur souhaite une pleine réussite dans cette mission. Je pense que Aliou sait ce que cela signifie de défendre les couleurs de son pays. Il l’a bien fait quand il était joueur. Maintenant, il est devenu entraîneur et sait donc ce qu’il faut inculquer aux joueurs. Avec son rôle de capitaine, il était le relai de l’entraîneur sur le terrain. Ce n’est donc pas quelque chose de nouveau pour lui. Il a les qualités et il l’a montré avec l’équipe olympique, même s’il était derrière Karim Séga Diouf. J’ai lu une de ses interviews où il disait : «La star, c’est l’équipe». C’est très important comme discours. Si tout le monde se donne à fond, je pense qu’on aura des résultats, parce que nous avons les joueurs pour. Parce que c’est dommage que le Sénégal n’ait pas encore gagné quelque chose.

Ils ont débuté avec deux victoires en autant de matches, n’est-ce pas un bon départ?

Je n’ai pas suivi les matches. J’ai tout juste vu les buts. Mais c’est déjà bien de commencer par deux victoires. Aujourd’hui, tous les joueurs ont envie d’évoluer dans  l’équipe du Sénégal. J’espère que tout le monde entendra le message de Aliou Cissé pour défendre les couleurs nationales. C’est sûr que c’est difficile de diriger l’Equipe nationale, parce que tous les joueurs convoqués sont des titulaires indiscutables dans leurs clubs respectifs. Forcément, il y aura des remplaçants, mais il faut qu’il y ait un état d’esprit sain pour que la mayonnaise prenne.

«Les joueurs actuels ont la chance d’être dans de grands clubs, mais cela ne suffit pas»

Vous êtes donc confiant pour le futur de l’Equipe nationale ?

J’ai toujours eu confiance, même quand ils ont échoué (CAN 2015). Je pense que cette équipe a largement les qualités pour gagner quelque chose, mais pour cela, il faudra que tout le monde tire dans le même sens : les joueurs, les supporters, le staff et surtout les journalistes, qui sont très importants pour l’équipe. Si tout le monde y met un peu du sien, je pense que le Sénégal a une équipe et un staff pour faire quelque chose.

Selon vous, qu’est-ce qui faisait votre force en 2002 ?

C’est difficile à dire. Aujourd’hui, s’il y a tous ces joueurs sénégalais dans les différents championnats, c’est grâce à la génération de 2002. Les joueurs actuels ont la chance d’être dans de grands clubs, mais cela ne suffit pas, parce que le football africain est différent de celui européen. En sélection, c’est compliqué, parce que les stages ne sont pas nombreux. Et quand on se voit, c’est juste pour une semaine. Il faut donc se sacrifier pour former un très bon groupe. Notre force était que même en dehors de la sélection, on se voyait souvent. Nous étions une bande de copains. En dehors du football, on se retrouvait dans différents endroits. Et le fait qu’on jouait presque tous en France a facilité les contacts et la concurrence était saine. L’état d’esprit, le sens patriotique, étaient là. On jouait pour le Sénégal, qui, à nos yeux, était plus important que tout.

Et qu’est-ce qui manque aux générations qui vous ont succédé ?

Tous les joueurs qui acceptent de venir en sélection sont des patriotes, parce qu’ils sont fiers de porter le maillot national. Quand on voit que des joueurs sont en train de râler quand ils ne sont pas convoqués, cela veut dire qu’ils ont envie de défendre les couleurs du Sénégal. Mais je dirais qu’il leur manque un coup de chance. Parce que pour notre génération, en 2002, même s’il y avait l’équipe et des joueurs de talent, nous avons aussi eu de la chance. En football, il faut de la chance, mais il faut la provoquer, et le talent fait la différence.

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