En livrant un match plein d’engagement et de détermination, les « Lions » ont lancé un signal fort qu’il faudra compter sur eux pour l’avenir. Le visage rebelle de l’équipe face à la Côte d’Ivoire laisse apparaître les signes d’une révolution.
L’image n’a échappé à personne. Salif Sané pleurant à chaudes larmes et consolé par son frère Lamine, à la fin du match de samedi qui devait déterminer l’un des cinq représentants du continent africain au prochain rendez-vous mondial du football. Quelques secondes de frissons, une scène plus que symbolique d’une détermination qui prouve que les « Lions » ont certes raté de peu le vol à destin du Brésil, mais qu’ils voulaient vraiment être du voyage de l’été prochain. Après une partie héroïque comme les « Lions » n’en n’ont jamais livrée, Salif Sané pouvait laisser parler son cœur et dégager toute l’amertume entretenue par cette élimination finalement plus cruelle que ne l’était le sort du Sénégal au moment du tirage au sort de ces barrages pour le Mondial 2014. Si près si loin, le Brésil était à portée de main du onze sénégalais. Pendant une quinzaine de minutes, le billet Dakar-Rio était à bout de bras. Jusqu’à ce cafouillage manqué par Moussa Sow et Kara Mbodji dans les ultimes secondes du temps additionnel, l’espoir était encore debout. Mais, la baraka de Kopa Barry et le manque de chance de la bande à Papiss Demba Cissé ont anéanti ce qui restait des chances de qualification du Sénégal. Le but égalisateur inscrit par Salomon Kalou n’est finalement qu’anecdotique pour valider ce qui était déjà acquis plus tôt au match aller à Abidjan.
La qualification, les « Lions » l’ont en réalité ratée au match aller. Pour avoir pris 3 buts là où ils méritaient un sort bien meilleur, les hommes d’Alain Giresse avaient sérieusement compromis toutes leurs chances de faire partie du lot des invités de marque du grand rassemblement du football mondial. Devant une équipe ivoirienne bien moins flamboyante et autoritaire, le Sénégal avait quitté Abidjan avec un grand sentiment de frustration. A la fin la première manche, ils se sont, en effet, rendu compte que cette équipe des « Eléphants » n’avait pas plus de valeur que la leur, il n’y a juste que les noms qui font la différence. Yaya Touré, Didier Drogba, Gervinho, Salomon Kalou, il n’y a sûrement pas plus lourd potentiel individuel, mais sur le collectif, la différence n’était finalement pas aussi. Seuls Alain Giresse et ses troupes n’en étaient pas conscients, mais les Ivoiriens, eux, savaient que le potentiel sénégalais pouvait faire très mal. En témoigne le ouf de soulagement lancé par Sabri Lamouchi au coup de sifflet final du premier acte. « Ce n’était pas si compliqué que ça », avait alors déclaré le technicien français. Un aveu de faiblesse voilé qui aura eu le mérite de montrer aux coéquipiers de Sadio Mané qu’il aurait fallu y croire, ne serait-ce qu’un petit quart d’heure, pour rester en vie.
Des raisons d’y croire
Le match retour a donné raison à ceux qui pensaient que c’était possible. Trop tard certes, mais d’avoir montré que le complexe d’infériorité vis-à-vis de Drogba et consorts n’était fondé que sur un subjectif jugement des individualités reste en soi une grande consolation. Au lieu d’une frustration, il n’y a eu qu’un sentiment de désillusion au bout du compte, déception de voir les « Lions » se réveiller trop tard et rater de peu une seconde qualification à un Mondial. La grosse prestation et le fighting spirit qui l’a accompagnée ont enfin permis à Alain Giresse de voir ce que vaut réellement son équipe et d’envisager l’avenir avec beaucoup d’optimisme. La rencontre de samedi semble, en tout cas, ouvrir un nouveau cycle dans la Tanière. L’organisation, l’engagement, l’esprit guerrier des Papi Djilobodji, Stéphane Badji, Kara Mbodji et autre Salif Sané, sont autant de raison de croire en cette équipe, pourvu que ce ne soit pas seulement un feu de paille. Les Sénégalais, qui n’en attendaient pas moins d’une génération dont le manque d’engagement aura été le mal le plus profond, ont toutes les raisons d’y croire.
©Lesoleil