La grogne monte dans les rangs du Sénégal, du moins chez les absents. Alors qu’Alain Giresse a dévoilé mercredi la sélection sénégalaise retenue pour les deux dernières journées des éliminatoires de la CAN 2015, face à l’Egypte et au Botswana, le technicien français est la cible d’une nouvelle vague de contestations. Si d’ordinaire des fans déçus ou des observateurs avisés étaient attendus à pareil exercice, ce sont cette fois-ci certains de ses Lions qui délient leurs langues.
Dernier en date, Demba Ba, annoncé comme officiellement blessé et laissé au repos afin de faire soigner sa cheville douloureuse. C’est du moins la version donnée en conférence de presse par l’ancien de Bordeaux. Sauf que ce jeudi, l’attaquant de Besiktas s’est fendu d’une sortie médiatique pour démonter cette version pour pointer du doigt les relations délicates qu’il entretient avec le sélectionneur.
Demba Ba : “Qu’il dise les vrais mobiles de ma non-sélection“
“Je ne connais pas de footballeur au monde qui n’a jamais eu de problème. Qu’il (Giresse, ndlr) dise les vrais mobiles de ma non-sélection au lieu de dire des choses qui ne tiennent pas la route“, a fait savoir l’ancien de Chelsea dans un entretien accordé au quotidien sportif sénégalais Stades. “Le coach dit qu’il m’a laissé à la maison pour que je me soigne. C’est son choix, mais moi je suis bien portant, Dieu merci. J’avance et je continue mon travail, mais je n’accepterai pas d’être le bouc émissaire de qui que ce soit“, ajoute-t-il, avant de conclure : “Ce n’est pas Alain Giresse qui décidera de mon sort en équipe nationale. Ce sont mes performances, mon expérience et tout ce que je peux apporter. Il a ses motifs. Ils sont valables ou pas, je ne suis pas là pour les juger.“
Des propos lourds de sens et signes d’une cassure entre le joueur et l’entraîneur, qui n’avait pas hésité à se passer de ses services pendant huit mois (du 8 juin 2013 au 25 février 2014). et pour ne rien arranger, s’est Issa Cissokho qui a taclé Giresse la veille. Alors que sa non-sélection pour les matchs à venir était déjà connue, le défenseur de Nantes est revenu sur les raisons de son absence et son rôle d’éternel remplaçant alors qu’il est souvent le rare arrière droit appelé.
Bayal Sall, Cissokho, Sakho, mêmes reproches
“La plupart des joueurs sont souvent étonnés des décisions du coach. Il a des choix très discutables“, a fait savoir le Canari à Stades. “A son arrivée à la tête de l’équipe, il m’a appelé pour me dire qu’il cherchait un arrière droit. Au début, j’étais là avec Lamine Gassama, mais depuis quelque temps, ce dernier ne vient plus. Du coup, je suis le seul latéral droit de métier. Je ne vais jamais accepter qu’on me piétine.” Aveu d’un joueur frustré de lui voir être préféré des défenseurs centraux sur un côté.
Et les frondeurs ne manquent pas. Nouveau dans cette sélection après un début de saison réussi à West Ham, et réclamé par les fans, Diafra Sakho n’y est pas allé de main morte il y a quelques jours pour souligner le manque de courage du technicien qui l’a visiblement ignoré. “Quand j’ai signé à West Ham, Alain Giresse m’a téléphoné pour me dire que, comme je venais de changer de club, il attendrait de voir mon évolution avant de me rappeler“, a expliqué le buteur dans les colonnes de ’L’Equipe. “Mais quand j’ai commencé à marquer but sur but et qu’au pays beaucoup me réclamaient, il n’a plus cherché à me joindre. C’est un manque de courage de sa part“. Difficile de faire plus clair.
Bayal Sall : “Si on a besoin de moi…“
Ancien pensionnaire des Lions, désormais aux oubliettes malgré ses prestations avec Saint-Etienne, Moustapha Bayal Sall a également fait part des ses relations tendues avec le sélectionneur dans un reportage signéTalents d’Afrique. “Je suis venu en sélection, il (Alain Giresse, ndlr) ne m’a pas mis dans les cadres et voilà, on s’est embrouillés, c’est pour ça que maintenant il ne me sélectionne plus. Mais je suis Sénégalais et fier de l’être, si on a besoin de moi, je suis là, je viens“, se justifiait-il.
Alors, management risqué sur le long terme ou simple crise d’egos ? Les résultats sont pour l’heure favorables à Giresse, avec la 2e place dans le groupe G des éliminatoires de la CAN 2015. Mais est-ce suffisant pour garantir la pérennité du groupe ? Car, comme le craint Issa Cissokho, si le vent venait à tourner et que les résultats n’étaient plus au rendez-vous, la situation pourrait “dégénérer un jour ou l’autre” dans la Tanière.