Il était naguère courtisé par West Ham. Mais c’est à Anderlecht, en Belgique, que Stéphane Badji a déposé son baluchon en provenance du club turc de BB Istanbul. Le Ziguinchorois revient ici sur les vraies raisons de son transfert manqué chez les Hammers. Il parle de sa cohabitation avec Kara Mbodji à Anderlecht, mais aussi de l’équipe nationale qu’il n’a plus fréquentée depuis le mois de septembre dernier.
Stéph, parlez-nous de vos débuts à Anderlecht…
Je me sens très bien. C’est un bon championnat, je me suis engagé dans un très bon club. C’est à moi de continuer le travail pour mériter la confiance des dirigeants d’Anderlecht.
Et les retrouvailles avec Kara Mbodji ?
Je n’oublierai jamais le geste de Kara Mbodji. Non seulement il facilite mon intégration, mais à mon arrivée, il me dit qu’il est hors de question que je parte loger à l’hôtel. Il m’a demandé de rester chez lui parce qu’il y a de la place et qu’il vit seul. Donc, le temps de trouver un appartement, j’ai été hébergé par Kara Mbodji. J’ai certes pris mon appartement, mais nous continuons à passer tout notre temps ensemble parce que mon épouse n’est pas encore arrivée de la Turquie.
Comment trouvez-vous la vie en Belgique ?
Je suis dans une belle ville et je me sens super bien. Ici, on parle français donc il n’y a pas de barrière de langue. Contrairement à la Turquie où tout le monde ne parle pas anglais. Il était difficile de communiquer avec les gens là-bas. Aussi avec Kara, on n’est jamais dépaysé parce que c’est un mec super bien.
Que savez-vous de l’histoire de ce club ?
À mon arrivée, on m’a dit que le club a une bonne histoire. Des joueurs comme Cheikhou Kouyaté ont marqué ce club. C’est donc une sorte de pression pour moi. On est obligé de gagner tous les matchs. Chaque année, le club vise le titre, il faut donc vraiment être au top. À Anderlecht, on travaille plus que dans les clubs que j’ai connus jusqu’ici.
Quelle appréciation faites-vous de l’Europa League ?
L’Europa League est une compétition majeure que j’aime bien. Elle est différente des rencontres de championnat. On y joue des matchs de haut niveau. Cette compétition me permet de progresser et de gagner en maturité. Elle nous permet aussi d’avoir plus d’expérience.
Qu’est-ce qui explique votre choix de rejoindre Anderlecht ?
Après avoir fait une bonne moitié de saison, j’ai eu des échos de l’intérêt de certains clubs turcs et autres. Mon objectif n’était pas de rester en Turquie parce que la barrière de la langue était énorme.
Il semble que des clubs anglais se sont intéressés à vous. Pourquoi avez-vous choisi la Belgique ?
Quand j’étais à Brann (Norvège), le problème s’était déjà posé. Mais avec la Coupe d’Afrique, c’était compliqué pour que je renonce à cette compétition. Les clubs anglais étaient là, mais ils ne voulaient pas que je parte à cette compétition. West Ham était hyper intéressé. Sachant que Cheikhou Kouyaté devait partir à la CAN-2015, Alexandre Song n’étant pas encore apte à jouer, ils se sont intéressés à moi. Mais, je ne pouvais pas refuser de répondre à l’appel de ma patrie.
Gardez-vous le championnat anglais dans un coin de la tête ?
Tout footballeur rêve de la Premier League. Mais, actuellement, je me concentre sur Anderlecht et je me réjouis d’être dans ce club. Je ne pense à rien à part aider mon équipe à rester parmi les meilleures en Europe. Je ne veux pas brûler les étapes.
Confirmez-vous avoir été grugé par votre premier agent qui vous a amené en Norvège ?
Je le répète, encore une fois, mes débuts étaient très difficiles en Norvège parce que je gagnais mensuellement 1500 euros (environ 1 million FCFA). Effectivement, je m’étais fait berner par mon agent d’alors. Ça arrive dans la vie. Aujourd’hui, on a classé cela comme un malentendu. Au début on s’est embrouillé mais, par la suite, on s’est retrouvé. On s’est mis d’accord et le courant passe bien. Souvent, il m’appelle, on discute et il m’encourage, mais bon, c’est la vie.
Comment faisiez-vous pour survivre à l’époque ?
J’ai la chance d’être bien éduqué. Je dis toujours la vérité quelles que soient les circonstances. À mes parents, je leur ai fait comprendre que je ne gagnais que ça. Maintenant, je savais que j’avais une famille à entretenir et des parents à soutenir. À la fin de chaque mois, j’essaie de diviser mon salaire par deux. Je garde une partie pour moi et une autre pour mes parents et autres. Au début c’était très difficile, mais c’est comme ça. J’ai dit à ma famille que les gens doivent me comprendre parce que je ne pouvais pas satisfaire tout le monde.
Pensez-vous à l’équipe nationale ?
Vous savez, je me concentre sur mon club. Mais, si jamais on fait appel à moi pour défendre les couleurs du Sénégal, je serai là parce que j’aime bien mon pays comme tous les autres footballeurs. Mais depuis quelques matchs, je suis hors de l’équipe, je me concentre plus dans mon club.
N’êtes-vous pas victime de la concurrence ?
Je ne crois pas, parce que j’étais là aux derniers matchs. J’aime bien la concurrence parce qu’elle fait avancer les joueurs. À moi de prouver. Mais, en un moment, je reconnais que je ne suis pas au même niveau que les autres, c’est pourquoi on ne me prend pas. Je ne suis pas le premier à être écarté par le coach et, entre nous, ça ne me dérange pas du tout. Au contraire, ça me donne envie de me battre davantage pour revenir en équipe nationale. Le coach a ses hommes pour gagner les matchs.
Espérez-vous revenir un jour dans la tanière ?
Bien sûr que oui. Si Aliou Cissé fait appel à moi, je n’hésiterai pas à rejoindre la Tanière. Je suis toujours là. Je fais mes matchs et je reste à l’écoute. Je suis convaincu que si je continue à faire de bons matchs avec Anderlecht, Aliou Cissé fera appel à moi. Vous savez, ça ne sert à rien de critiquer les choix du coach alors qu’on n’a pas besoin de ça. Il faut lui souhaiter des victoires parce que si l’équipe nationale gagne, c’est tout le peuple sénégalais qui est content. Je me suis toujours investi en équipe nationale. Et je continuerai dans ce sens.
Le Sénégal est-il sur la bonne voie pour la qualification à la CAN-2017 ?
Nous avons une équipe qui veut toujours aller de l’avant, même si nous avons du mal à jouer avec les équipes supposées plus faibles. Les joueurs ont conscience de l’attente du peuple sénégalais et on n’a pas droit à l’erreur. Même dans son discours, on sent qu’Aliou Cissé veut toujours mettre ses joueurs dans une dynamique de victoires parce que tout le monde a conscience de l’exigence du public sénégalais. J’ai confiance aux gars et je suis convaincu qu’avec cette équipe-là, le Sénégal peut aller loin.