Décisif à plusieurs reprises mercredi à Dijon, Abdoulaye Diallo a saisi l’opportunité de s’afficher en concurrent de Tomas Koubek pour contester la hiérarchie actuelle des gardiens du Stade Rennais.
À l’évocation de son nom, le mental déficient arrive toujours très vite. Abdoulaye Diallo, 25 ans, a appris à cohabiter avec cette étiquette collée en août, comme il avait subi en fin de saison dernière celle du gardien prêté ne jouant même plus chez le dernier du championnat turc.
La réalité expliquait la situation autrement. Un pourcentage de sa rémunération était lié aux matches disputés. Une fois convaincus d’être relégués, les dirigeants ont évité de l’utiliser. Çaykur Rizespor terminant seizième sur dix-huit. Pas dernier.
Question mental, ce début de saison l’a plombé durablement dans l’opinion publique et chez les dirigeants rennais, la faute à deux prestations au Roazhon Park entachées de fébrilité, contre Lyon puis Dijon. À ce coup franc de Memphis Depay… Avec en prime la déclaration d’un partenaire après Dijon, pointant son manque de communication.
“Peut-être un petit clin d’oeil du destin…”
La semaine suivante, Tomas Koubek, déjà approché début juillet, s’engageait pour quatre ans, même si le SRFC attendait une dizaine de jours pour officialiser. Et Raïs M’Bolhi jouait le match à Toulouse. Diallo venait de laisser passer sa chance sans l’avoir eue totalement, après plusieurs semaines où le soutien affiché contrastait avec la recherche active d’un gardien en coulisses.
Ressorti, en plus, blessé à la cuisse du nul contre Dijon, il a retrouvé le terrain contre le même adversaire. Comme on tombe par hasard sur un film dont on n’a pas aimé la fin. L’international sénégalais réfute toutefois s’être replongé dans ce souvenir noir avant le match, éclat de rire à l’appui à l’écoute de la remarque, mercredi dans les couloirs du stade Gaston-Gérard. “Pour le coup, je n’avais même pas forcément pensé à ça ! Mais oui, je m’étais blessé contre eux et je retrouve la compétition officielle contre eux. C’est peut-être un petit clin d’oeil du destin, on verra bien…”
Guingamp a sollicité son prêt cet été
Impuissant sur l’ouverture du score puis impérial devant Kwon avec un arrêt du pied (27’), le portier formé au SRFC a évité le but du break et la fin des espoirs rennais. Mis à contribution ensuite sur la mine de Balmont (34’), une nouvelle frappe de Kwon (39’) et la reprise tendre de Jeannot aux six mètres (45’ + 1), il a frustré Sammaritano d’une superbe détente sur son côté droit (90’ + 3).
Une prestation équivalente à une note de 7,5 sur 10. “Ça avait plutôt bien commencé, je pense avoir touché le ballon deux – trois fois, puis il y a eu but sur leur première occasion nette. Mais je ne me suis pas déconcentré, je n’étais pas abattu, confiait-il. Derrière, c’est vrai j’ai pu aider l’équipe à gagner, mais c’était une bonne prestation d’ensemble.”
En insistant un peu, il prolonge : “Mes arrêts ont aidé l’équipe à rester dans le match, à revenir et à l’emporter au final. Mais c’est mon rôle. J’ai pris du plaisir. Quand on fait des arrêts, forcément, on prend du plaisir.” Le réflexe du sourire avant d’évoquer les deux derniers mois. “Ce n’est jamais évident de se blesser. Mais au bout d’un moment, il faut savoir l’accepter. Travailler. Surtout ne pas lâcher. C’est là où c’est le plus dur. Surtout que la situation a évolué entretemps (arrivée de Koubek). Je sais que je ne lâcherai rien et je me battrai jusqu’au bout. Forcément, une concurrence s’est installée. Le coach fera ses choix et on les acceptera. Nous, on doit rester professionnels et exemplaires. Et surtout ne pas lâcher.”
Son dernier sourire masque une ambition solide. Sous contrat jusqu’en juin 2019, Diallo ne peut plus se contenter de patienter gentiment, comme jadis derrière Nicolas Douchez et Benoît Costil. “Abdoulaye va jouer parce que c’est une coutume et l’opportunité de le remettre dans le bain, même si Tomas Koubek donne satisfaction”, avait expliqué lundi Christian Gourcuff. Raïs M’Bolhi en cours de résiliation de contrat, est hors-jeu. Diallo, pour lequel le Stade Rennais a refusé un prêt à Guingamp fin août, a de son côté envoyé un message à son entraîneur.