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Suite et fin de notre entretien exclusif avec Idrissa Gana Guèye. Actuel joueur le plus capé de la Tanière, le milieu de terrain des “Lions”, qui va vers sa troisième CAN d’affilée et sa cinquième grande compétition sous le maillot national espère que ses coéquipiers et lui ont atteint l’âge de la maturité pour enfin dépasser le stade des quarts de finale qui, depuis quelques années, semble être un plafond de verre pour le football sénégalais. Lucide sur les causes des échecs précédentes, Gana n’en reste pas moins ambitieux pour espérer embrasser Dame Coupe en juillet prochain, au point de prendre les paris.

En sélection nationale depuis 2011, vous n’avez manqué que très peu de matchs des Lions (6) depuis, faisant de vous le joueur en activité le plus utilisé de la Tanière. Qu’est-ce qui explique une telle régularité ?

C’est le travail au quotidien. Je crois que les rares sélections que j’ai manquées, c’est à cause de blessures. Je suis un joueur qui essaie toujours de travailler, de corriger mes lacunes, de toujours répondre présent pour l’équipe nationale, donner le meilleur de moi pour satisfaire le coach. Il n’y a pas d’autre explication. Tout passe par le travail. Pour moi, c’est la base si on veut rester constant.

Aujourd’hui, vous êtes le plus ancien et le plus capé de cette équipe. Vous n’êtes plus qu’à une trentaine de sélections de Henri Camara, qui est le recordman en la matière avec 98 sélections (contre 62 pour Idrissa Gana Guèye). Vous vous rendez compte que vous êtes aussi proches de lui ? Vous mettez-vous dans un coin de la tête l’idée d’aller chercher ce record symbolique ?

Non, franchement, je ne fais pas de calcul à ce point. C’est vous qui me l’apprenez. Je n’essaie pas de battre ce record. Mon unique but, c’est de durer dans cette sélection, oui mais surtout d’être performant. Le jour où je n’y serai plus, on verra. On n’est pas là pour battre ce record mais pour apporter quelque chose à l’équipe. C’est le plus important.

En juin, vous irez disputer votre 5e grande compétition en sélection après les JO de 2012, les Can 2015 et 2017 et le Mondial de 2018. On ne va pas vous mettre la pression mais après deux éliminations au premier tour et deux quarts de finale, c’est quand même le moment d’accéder à l’étape supérieure ?

Oui, c’est vrai que tout le monde nous attend et espère qu’on va enfin faire la différence en faisant une bonne CAN et en ramenant la Coupe au Sénégal. Mais il faut rester vigilants, concentrés jusqu’au bout et ne pas oublier notre objectif. On va essayer de tout faire pour ramener cette coupe au Sénégal. Maintenant, toutes ces équipes qui viennent à la CAN aussi jouent pour la même chose. Donc ça ne sera pas facile. On a l’équipe qu’il faut. On a aussi beaucoup plus d’expérience que lors des deux CAN précédentes. Il faudra se concentrer sur ce qu’on veut faire sans trop verser dans l’euphorie, du début à la fin. Ce ne sera pas aussi facile que certains peuvent le penser, comme si on va aller gagner le trophée facilement… Si on ne met pas les ingrédients qu’il faut, on échouera comme les fois passées.

Par rapport aux deux précédentes éditions, que faudra-t-il améliorer dans la façon d’aborder la prochaine Can pour aller plus loin ?

Bah, je crois qu’à la dernière CAN (2017, au Gabon), on a fait tout ce qu’il fallait. On a perdu aux tirs-au-but (Ndlr : en quart de finale contre le Cameroun, vainqueur du tournoi). On peut dire que c’est un coup de chance. C’est peut-être ce qui nous avait fait défaut. On devra garder les aspects positifs de cette CAN parce qu’on était vraiment bien entré dans la compétition. Franchement, on était bien. On jouait bien, on prenait du plaisir sur le terrain et on mettait en difficulté les équipes adverses. Peut-être qu’il nous faudra un peu plus travailler les exercices de tirs-au-but pour cette fois-ci mettre la chance de notre côté si l’occasion se présente une nouvelle fois.

La Can aura lieu, pour la première fois, en fin de saison. Quel impact aura cette nouvelle donne dans la qualité des prestations des acteurs que vous êtes ?

Je pense que c’est la meilleure solution pour tous les joueurs. On préfère jouer en fin de saison que de couper en pleine saison. Il y a beaucoup de paramètres qui font que jouer cette CAN en janvier/février n’était pas favorable pour nous. Là, on aura l’occasion de se concentrer totalement sur l’équipe nationale sans penser à la situation du club, à sa situation personnelle dans le club. Que ça se joue en juin, ça ne devrait pas déranger. La Coupe du monde, les JO, on les joue à cette période. Je ne dirai pas qu’on en a l’habitude, mais au moins on l’a déjà fait. On va juste bien se préparer en conséquence. On aura un peu de plus de temps pour le faire et ensuite aller en vacances. On va faire focus sur la compétition et c’est une bonne chose.

Autre grande réforme, il y aura 24 équipes cette année. Le Sénégal sera naturellement un des grands favoris. Mais quelles autres nations mettriez-vous dans le lot des favoris ?

Les grandes nations de football du continent, on les connait et elles seront tous là. Il y a l’Algérie, le Cameroun qui est champion en titre, la Côte d’Ivoire, l’Egypte qui joue chez elle, le Maroc… Franchement, il y a beaucoup d’équipes qui ont les qualités pour gagner la compétition. Et en Coupe d’Afrique, il y a toujours quelques surprises. Même les supposées petites équipes viennent jouer leur partition et arrivent à perturber les plans. Il faudra se méfier de tout le monde, ne pas faire de calcul. Peu importe contre qui on joue, il faudra la même concentration.

Le tirage au sort place le Sénégal dans la poule de l’Algérie, que vous avez rencontré lors des deux Can précédentes et en amical, sans jamais la battre (défaite 2-0 à la CAN 2015, défaite 1-0 en amical et match nul 2-2 à la CAN 2017). Pourquoi avez-vous du mal face à ce type d’adversaires ?

Je ne sais pas vraiment pourquoi on n’a jamais réussi à les battre. Peut-être qu’elle était plus forte que nous, tout simplement. Maintenant, c’est à nous de montrer que nous avons grandi et que c’est une autre équipe du Sénégal qui sera à la CAN, affronter ce genre d’équipes et montrer qu’on a maintenant davantage d’arguments pour les battre. On verra bien. Si on gagne, ça montrera qu’on est devenus plus forts.

Aujourd’hui, quand vous regardez dans le rétroviseur, de vos premiers pas à Diambars à ce dernier match face à Man United, quels sont les moments les plus mémorables qui vous reviennent en premier ?

C’est facile à deviner je crois. C’est quand j’ai été champion de France avec Lille (2011) et puis quand j’ai signé mon premier contrat professionnel avec Lille. Ce sont de grands moments dans ma carrière et j’espère que j’en connaitrai d’autres encore plus forts.

D’autres grands moments plus forts, comme celui qui vous attend en Egypte, en juillet avec la finale de la CAN ?

Ah ça, oui ! Exactement. On espère bien. Il faudra prier pour nous.

On va vous faire faire un pari alors. Si le Sénégal remporte enfin cette CAN, quel pari fou promettez-vous au public ?

(Rires) Un pari fou ? Si on remporte la CAN, je crois vais remettre le “caaya” (pantalon bouffant) mais cette fois, ce sera aux couleurs du Sénégal !

La semaine dernière, on vous a vu participer à la campagne “Enough”, pour lutter contre le racisme dont sont victimes les footballeurs noirs. Personnellement, avez-vous vécu une expérience regrettable de ce type ?

Personnellement, non. Je n’ai jamais vécu ce genre d’actes mais j’en ai souvent parlé avec des gens qui ont vécu ça et c’est inacceptable dans le monde du football. C’est triste de voir ça encore aujourd’hui et il faut tous se lever pour lutter contre ça. On essaie à notre niveau de dénoncer et de tout mettre en place pour supporter les associations qui luttent contre le racisme. C’est important pour tout le monde de se battre pour enrayer le racisme, non seulement dans le monde du sport, mais aussi dans la société de façon générale.

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