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Aliou Cissé s’apprête à vivre sa troisième Coupe du Monde de la FIFA™, sa deuxième consécutive en tant que sélectionneur du Sénégal. Quatre ans après la Russie, les Lions de la Teranga arrivent en terre qatarienne avec un nouveau statut : celui de champions d’Afrique.

Le natif de Ziguinchor surfe sur la confiance engrangée après l’obtention de ce premier titre international de l’histoire du Sénégal. Décomplexé et en confiance, Aliou Cissé parle de ses ambitions, de sa gestion du groupe et de ses motivations pour cette nouvelle campagne mondiale sur FIFA+.


FIFA+ : Quatre ans après 2018, le Sénégal est de nouveau en Coupe du Monde, mais cette fois-ci avec un nouveau statut, celui de Champions d’Afrique. Est-ce plus de pression ?

Aliou Cissé : Quand on est sportif de haut niveau, la pression est une normalité. Nous avons travaillé sans relâche pour atteindre ces résultats. Nous avons pris le temps de progresser. Depuis 4 ans, ce groupe a acquis de l’expérience, nous sommes plus matures, et donc mieux armés. Je ne dirai pas que nous avons plus de pression, nous en sommes juste conscients.

Cela fait 7 ans que vous êtes sélectionneur du Sénégal. Quelles sont les clés de votre longévité à ce poste ?

Personnellement, je ne vois pas le temps passer, j’ai toujours l’impression d’être arrivé hier. Il est vrai que nous nous sommes fixés des objectifs clairs. Nous avons évolué sereinement, bien que les impatiences se soient souvent fait sentir. Nous avons su rester concentrés sur l’essentiel. Chaque compétition nous a permis de nous rapprocher du but et la dernière nous a tous donné raison. Le travail finit toujours par payer.

Quels souvenirs gardez-vous de votre campagne en Russie en 2018 ?

La dernière Coupe du Monde a été très difficile à digérer parce qu’on a été éliminé au premier tour à cause des cartons. Quatre années se sont passées. On a gagné de l’expérience. Entre-temps, il y a eu la Coupe d’Afrique. Nous continuons sur le continent africain à figurer parmi les meilleures équipes. Nos joueurs ont gagné de l’expérience. Ils jouent dans des grands clubs et ont eu à traverser durant ces 4 ans-là des rendez-vous très importants. La Coupe du Monde, c’est l’expérience. Aujourd’hui, je pense que l’équipe du Sénégal est en train d’emmagasiner beaucoup d’expérience. Et comme je le dis, il faut prendre les matches les uns après les autres. Aujourd’hui, notre objectif c’est de sortir d’abord de cette poule. Et après, on sera dans des matches à élimination directe, on a assez d’expérience pour avoir notre mot à dire dans cette compétition.

Durant leur préparation pour la Coupe du Monde au Qatar, les Lions de la Teranga ont signé une victoire contre la Bolivie 2-0 et on fait un match nul 1-1 contre la RI Iran. Quel bilan faites-vous de ces deux dernières sorties ?

Que ce soit le match contre la Bolivie ou celui contre l’Iran, nous avons affiché une certaine sérénité. Contre la Bolivie, nous avons vraiment maîtrisé notre sujet. Le match contre l’Iran m’interpelle plus. Quand nous voyons les occasions que nous avons eues, que nous n’avons pas réussi à concrétiser, cela veut dire que nous devons continuer à travailler notre efficacité devant le but, être plus incisifs.

Si je peux faire un mini bilan, je peux dire que le groupe est heureux d’être ensemble. Ce sont des joueurs qui se connaissent depuis un bon bout de temps. Je suis très satisfait de l’implication, de l’état d’esprit que ce groupe dégage. C’est cet amour, ce travail et ce côté professionnel qui nous font faire des résultats. Il n’y a pas de secret. Il faut qu’on continue à travailler et à tirer tous dans la même direction. C’est cette solidarité qui nous fera gagner.

À quelques jours de l’entrée en lice du Sénégal au Mondial, avez-vous les noms des 26 joueurs qui seront au Qatar ?

Avant je ne dormais pas beaucoup. Mais aujourd’hui, c’est sûr et certain que je ne dormirai plus. J’ai beaucoup aimé la mentalité durant nos deux derniers matches de préparation. J’ai beaucoup aimé le volume de travail qu’on a proposé à nos garçons et leur disponibilité. Effectivement, cela augmente le nombre de choix en ce qui me concerne. Cela apporte plus de concurrence aussi. En début de stage, nous essayerons d’avoir un groupe homogène. Un groupe équilibré, qui vit bien. C’est important aussi pour justement défendre de la meilleure façon le Sénégal au Mondial. J’ai envie de dire que c’est des choix de riche. Nous essayons de nous asseoir avec tout le staff pour pouvoir justement décider du groupe qui ira à la Coupe du Monde. Mais en réalité, l’ensemble des joueurs que j’ai utilisés mérite d’y être. Je ferai des heureux et des malheureux mais c’est un choix.

Dernièrement, le président de la Fédération camerounaise de Football Samuel Eto’o était en déplacement au Sénégal en tant qu’ambassadeur de ce Mondial. Il y a prononcé un discours : “Je pense que cela sera la Coupe du Monde idéale pour nous les Africains, nous pouvons la gagner”. Une réaction ?

Le discours du Président Eto’o témoigne du rêve de tout un continent. Il y a forcément des envies d’aller le plus loin possible ou du moins de ne se fixer aucune limite.

Beaucoup d’observateurs du football africain estiment que votre équipe est la mieux armée des écuries africaines pour le Qatar.

Croyez-moi, les cinq pays auront leurs chances pour cette Coupe du Monde. Si tous les connaisseurs ou les spécialistes pensent que de toutes les équipes africaines qualifiées nous sommes les plus outillés, ça nous fait plaisir mais ça ne nous change pas. Nous faisons preuve d’humilité. À nous de nous préparer en conséquences avec beaucoup de sagesse. Mais nos ambitions restent les mêmes : prendre les matches les uns après les autres. Lors de la dernière Coupe du Monde, on a été éliminés au bout de trois matches. L’objectif c’est de sortir de cette poule. Et à partir du moment où on sortira de cette poule, on sait que ce sont des matches à élimination directe. On aura notre mot à dire. Les gens sont en train de regarder les huitièmes de finale, les quarts de finale, mais notre philosophie c’est match après match.

La Coupe du Monde c’est l’expérience. Je crois que les erreurs que nous avons commises en 2018, peut-être qu’on ne les commettra pas. Et on n’a pas le droit de les commettre. Mais souvent quand je parle d’expérience, les gens pensent que c’est seulement sur le terrain ou le sportif mais c’est aussi l’expérience de l’organisation. Et vous savez qu’une Coupe du Monde, ça demande une grosse organisation. Que ce soient les fédéraux, que ce soient les sportifs, que ce soit l’État du Sénégal, tout le monde pousse pour que l’on soit dans les meilleures conditions pour aborder cette Coupe du Monde.

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