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Présenté comme un aboyeur dans les terrains de football, l’ancien capitaine des «Lions» du Sénégal traîne cette image depuis toujours. Aliou Cissé nous a été raconté par ses proches dans un cliché plutôt joli à voir. Retour au royaume d’enfance du nouveau patron de la Tanière.

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Comme Didier Deschamps pour la France ou Dunga pour le Brésil ou encore Stéphane Keshi au Nigeria, pour le Sénégal, il y a Aliou Cissé. Le tout nouvel entraîneur de l’Equipe nationale du Sénégal a réussi à intégrer le cercle restreint des anciens capitaines de leur Equipe nationale devenus entraîneurs de leurs sélections. Même s’il n’a aucune étoile sur le cœur pour n’avoir soulevé aucun trophée, il a le mérité, comme le Français, le Brésilien et le Nigérian, de diriger une Equipe nationale après avoir assuré le capitanat. Et de main de maître. La légende retient encore ses soufflantes envers ses coéquipiers. Aliou Cissé, c’est un mélange de courage et de ténacité. De physique et de persévérance. Même si certains observateurs lui ont toujours reproché un talent douteux, Aliou Cissé est tout de même un meneur d’hommes, leader né, qui a réussi à se faire une page dans le livre des grandes gloires du football sénégalais.

«Dèmecounda», berceau du Lion

Aujourd’hui âgé de 39 ans (il est né le 24 mars 1976 à Ziguinchor), Aliou Cissé a vu le jour au quartier Kandé. C’est dans ce quartier populeux de Ziguinchor que l’entraîneur des Lions de la Téranga a fait ses premiers pas et y a réussi ses premières humanités. A «Dèmecounda», le nom donné à la maison familiale de sa mère, les souvenirs sont restés intacts. Dans ce coin de la capitale du Sud, tout le monde connaît la demeure des parents de l’actuel entraîneur des Lions de la Téranga. La maison n’a rien de luxueux. C’est juste une grande espace avec des bâtiments vétustes. C’est dans cette maison modeste qu’a vécu Aliou Cissé jusqu’à ce que le destin l’envoie en France pour poursuivre ses études. Seulement, c’est dans le football qu’il réussira. Dans cette humble concession, Aliou Cissé nous est raconté sans complaisance. Les souvenirs du petit Aliou Cissé sont vagues, mais impossibles de les oublier. Tellement ils ont été mouvementés et parfois violents. Selon son entourage, il a toujours agi en responsable. Enfant, Aliou Cissé supportait mal l’injustice, nous conte-t-on. Les pensionnaires de la «Tanière» qui veulent gagner leur place dans l’équipe d’Aliou Cissé sont avertis. Son oncle maternel, Mamadou Dème, ainsi que ses tantes Marième et Awa Dème avertissent. Dans cette maison, dans ce quartier et dans tout Ziguinchor, on aborde le sujet sur l’ancien joueur du Paris Saint-Germain avec beaucoup de gaieté. C’est une fierté de la région.

Turbulent, bagarreur, justicier

Même s’il n’a pas vécu longtemps avec sa famille avant de se rendre en France pour poursuivre ses études, l’on retient de lui, un adolescent turbulent en plus d’avoir un courage de guerrier. «Dans sa jeunesse, Aliou Cissé était indomptable. Il n’a jamais peur de rien. C’est ce qui justifie aussi qu’il ne rentrait jamais sans s’être bagarré avec quelqu’un. Il est très turbulent. Devant une injustice, il ne peut pas se retenir, il agit parfois sans même comprendre ce qui se passe en vérité. Il n’avait pas besoin de beaucoup de choses pour déclencher une bagarre. Il avait tellement confiance en sa force qu’il jouait le rôle de justicier avec tout le monde», se rappelle son oncle maternel Mamadou Dème. «Je n’ai jamais vu un garçon de son âge le dominer dans une bagarre. Il était très fort. Aliou était toujours prêt à se dresser contre les oppresseurs. Et même quand deux de ses amis se bagarraient, il ne se gênait pas de prendre partie pour le plus faible. Il avait déjà un courage extraordinaire. C’est pourquoi quand il sortait pour aller jouer, il finissait toujours par se bagarrer. Il a un tempérament de feu. Il héritait de tous les problèmes de ses amis», renchérit son oncle. Pour son ami d’enfance, Chérif Boubacar Mansaly, «Aliou ne cache jamais ses sentiments et quand il n’est pas d’accord avec une personne, il ne se gêne jamais de le dire haut et fort. Cependant, tempère-t-il, il a un grand cœur.»

Cissé, fan de Diouf

Comme joueur ou comme entraîneur, il est fréquent de voir Aliou Cissé vociférer comme un dégénéré. Parfois, il donne même l’impression de faire un show. L’ancien capitaine des «Lions» accepte mal la défaite. Pour lui, il faut toujours gagner les duels. «Je sais aussi qu’il tient beaucoup au football, il ne badine jamais quand il s’agit de s’adonner à cette discipline. Pour lui, il faut se donner à fond. C’est un gagneur. Il accepte difficilement la défaite. Aliou a toujours été un aboyeur dans le terrain», explique son cousin germain, Ibou Camara, trouvé dans la grande cour de «Dèmecounda». Un trait de caractère qui devrait le poursuivre jusque dans la gestion de son équipe. «En tant qu’entraîneur, il ne va pas accepter certains comportements. Il est adepte du travail bien fait. Il se dit que dans le terrain, il est en mission commandée», assure Chérif Boubacar Mansaly. C’est d’ailleurs pourquoi, assure son ami, Aliou Cissé vouait une grande estime à son coéquipier de l’Equipe nationale de football, El Hadji Ousseynou Diouf, «même s’il n’a jamais manifesté publiquement ce sentiment» envers l’ancien «bad boy» de la «Tanière». «Aliou Cissé aime les gens qui se donne dans leur travail, explique Mansaly. C’est pourquoi, il estimait énormément El Hadji Diouf. Il louait l’amour qu’avait le natif de Saint-Louis pour le maillot. Il disait souvent qu’El Hadji Diouf est le joueur qui mouille le plus le maillot. Il nous a dit un jour que seul El Hadji Diouf prenait la peine de se réveiller de bonnes heures les lendemains de match pour faire du jogging», raconte son ami Mansaly.

Fatou Diallo, l’ange-gardien

A «Démecounda», il ne reste plus que les tantes et oncles d’Aliou Cissé. Mais le plus grand absent n’est autre que sa grand-mère Fatou Diallo. Entre les deux, c’était une histoire d’amour sans fin. Jusqu’à ce que la mort les sépare. L’ancien Lillois n’a jamais été plus bercé par une autre que par sa grand-mère. D’ailleurs, elle lui assurait tout ce dont il avait besoin et a été comme une mère pour Aliou Cissé. Témoin privilégié de la relation, son oncle Mamadou Dème raconte : «Il a grandi sous l’ombre de sa grand-mère Fatou Diallo. Grand-mère par alliance, car elle fut la coépouse de la grand-mère maternelle d’Aliou Cissé. Cependant, il y avait un amour inexplicable entre les deux. C’est cette dernière qui s’est chargée de toute l’éducation de l’ancien international sénégalais. Et comme Aliou ne faisait que se bagarrer quand il sortait pour aller jouer, sa grand-mère n’hésitait pas à le suivre. Il est arrivé plusieurs fois qu’elle sorte pour faire le tour de la ville à la recherche de son protégé. Ils dormaient ensemble dans le même lit jusqu’à ce qu’il aille en France. Puis, quand Aliou Cissé est devenu joueur professionnel au club sportif de Sedan-Ardennes en France, la grand-mère est tombée malade. Aliou l’a faite évacuer à Dakar avant de l’amener en France, près de lui, c’est là-bas qu’elle a été soignée jusqu’à ce qu’elle rende l’âme. C’est lui aussi qui s’est occupé du rapatriement de la dépouille de sa grand-mère pour son enterrement au Sénégal.» Un amour confirmé par les tantes d’Aliou Cissé, Marième et Awa Dème, qui confirment que personne n’osait lever la main sur Aliou Cissé tant que sa grand-mère était dans les alentours.

Respect et humilité

Pour son entourage, une devise résume la personne d’Aliou Cissé : respect et humilité. «Depuis tout jeune, Aliou manifestait beaucoup de respect à l’égard de tous ses parents», témoigne son oncle. La chanson est reprise, presque en chœur, par ses tantes Marième et Awa Dème. «Aliou Cissé célèbre toutes les fêtes religieuses à «Dèmecounda», même s’il a une maison à Ziguinchor, au quartier Goumel. C’est lui qui assure toutes les dépenses. Il en est ainsi depuis qu’il est joueur professionnel», assure l’oncle. Son ami Mansaly est plus marqué par l’humilité dont fait preuve Aliou Cissé. «C’est un homme humble. Il ne s’est jamais comporté comme une star ici à Ziguinchor. Il ne se cache pas quand il est là. Il circule librement dans la ville. Et quand les gens l’interpellent, même s’il s’agit de petits enfants, il leur répond de manière courtoise. On peut le joindre au téléphone très facilement. Il est très taquin. Quand il est là, c’est lui qui assure le spectacle. Il peut faire rire n’importe qui», développe Mansaly qui révèle que le coach des Lions est un Musulman respectueux des préceptes de la religion. «On a passé beaucoup de temps ensemble. Mais il ne rate aucune prière», soutient-il. Les proches de l’entraîneur ne doutent pas qu’il est capable de ramener le trophée continental au Sénégal pour la première fois. C’est le souhait de toute la capitale du Sud du pays.

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