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Aaron

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Diop (14 ans), fils de feu Pape Bouba Diop, ancien footballeur international sénégalais, grandit. Il se forme à Génération Foot pour écrire son histoire à lui. Le milieu de terrain (comme son père) promet de faire comme son père Pape Bouba Diop, ou plus.

Pour avoir les qualités de digne héritier d’un père footballeur dont les hauts faits dans l’histoire du football sénégalais ne franchiront jamais les frontières de l’oubli, Aaron s’investit de plein droit dans le terrain footeux, sur les traces de feu Pape Bouba Diop. Derrière les murs de l’Académie Génération Foot, où il a été admis après le rappel à Dieu de son père, Aaron Diop grandit, il apprend à taper au ballon pour se former à son histoire. Ce matin du jeudi 10 mars 2022, c’était pratiquement quartier libre pour le footballeur en herbe. Là, debout dans son blouson capuche, sous l’ombre du Directeur technique de l’Académie Génération Foot, Aaron semble complétement déconnecté de la scène qui se passe sous ses yeux. Il n’était certainement pas préparé à la visite inopinée de l’équipe de L’Observateur. Mais le garçon veut bien suivre Abdoulaye Sarr dans son bureau pour un petit débriefing. Les paroles de ce dernier sont bues comme une tisane par le fils de l’ancien international sénégalais. Et comme par hasard, pendant que les oreilles sont bien ouvertes pour encaisser les consignes du Directeur technique Abdoulaye Sarr, sa mère a appelé pour prendre de ses nouvelles.
Puis, dans la fraicheur matinale accompagnée d’un vent poussiéreux balayant le centre de formation niché loin des bruits et de la pollution de la capitale sénégalaise, le fils de l’ancien international sénégalais rejoint tranquillement ses camarades dans leur chambre en bas de la «Trèfle Diafra Sakho». «Il y a un conseil des professeurs. Mais j’ai cours à midi, après la réunion», précise le garçon au physique impressionnant (1m70) à seulement 14 ans (il aura 15 ans au mois de mai). De commerce parfois facile, il gratifie un sourire laissant apparaître deux petites fossettes, comme un coffre au trésor dans ses joues entre deux phrases. De sa voix un peu grave, l’ado fait preuve d’une certaine maturité dans la conversation. Sa volonté de devenir footballeur comme son père n’est pas un bluff comme on aurait pu le croire quand Génération Foot s’est proposé d’offrir une formation au fils de Pape Bouba Diop, quelques jours après le décès de l’auteur du premier but de la Coupe du monde 2002. Le rêve peut être permis.

“Le Président Macky Sall m’a orienté vers Génération Foot”

Le jeune garçon, au sourire qui étire son visage poupin, se sent «très bien» à Génération Foot, même si au début, les choses n’étaient pas faciles pour lui. Arrivé dans l’Académie de Déni Biram Ndao en décembre 2020, Aaron a erré dans les couloirs, il a géré dans ses trous noirs avant de retrouver ses repères. «Au début, c’était un peu dur, mais vu que je connaissais un peu le Sénégal, ça passait naturellement. Après, c’est un peu dur quand tu quittes la France pour rejoindre un pays. Je ne venais que les grandes vacances au Sénégal. Mon intégration a été facile, parce que j’étais déjà venu au Sénégal, je comprenais un peu la langue. Je m’y suis fait et même les jeunes m’ont bien accueilli. Tout le monde m’a aidé, j’aime bien le centre», rassure le fils de Pape Bouba Diop. «Mais j’étais en France, c’est après le décès de mon père que je suis venu pour rejoindre un centre ici au Sénégal, continuer ma scolarité et faire mon rêve. Après, tout le monde m’a dit : ‘’Vas à Génération Foot.’’ Même le Président Macky Sall m’a orienté vers ce centre», raconte le jeune Aaron. Mais pour lui permettre de se sentir comme «chez lui», les responsables de Génération Foot ont fait un travail sur le plan psychologique. Selon le Directeur technique du centre, c’est une phase d’adaptation, après avoir été coupé de sa base affective, qui lui a permis de trouver solutions adaptées à sa personnalité, après son changement de milieu. «Au début, ce n’était pas facile pour lui et pour nous aussi. Étant jeune, il venait au Sénégal avec sa famille. On a senti que c’était un plus pour lui. Il a même fait un séjour dans la pépinière de Diambars. Ça nous a permis d’accélérer un peu son intégration. Il faut aussi savoir quitter sa personne pour aller vers les autres. Ça aussi, on l’a fait dans notre approche. C’était un peu difficile pour lui, mais nous avons utilisé tous les outils pour lui faire comprendre qu’on peut réussir partout dans la vie. Le choix n’est pas parti de quelque chose d’imposé. Il a été questionné sur ça et il a accepté le choix de venir à Génération Foot. Mentalement, moralement, c’est quelque chose de bénéfique pour lui», explique Abdoulaye Sarr.

“J’avais un bon niveau avant de venir au Sénégal”

Aaron n’a pas commencé à taper au ballon à Génération Foot. Comme tout fils de footballeur, il a appris à courir derrière son premier cuir sous les yeux de son défunt père, Pape Bouba Diop, quand il avait entre deux et trois ans, dans la cour de leur maison à Lens. Le jeune garçon qui voulait suivre les pas de son pater, a rejoint le centre du Club sportif Avionnais (Cs Avion) pour entamer une formation. Aaron Diop a connu une ascension fulgurante, dit-on. Le Cs Avion utilisait les installations du RC Lens pour jouer leurs matches. Et il a tapé dans l’œil d’un recruteur lensois qui a été séduit par les qualités du jeune joueur, lors d’un match de son centre. Il passa alors les tests qu’il réussira avec brio avant d’intégrer le centre de formation des «Sang et Or» en août 2020. Mais au bout de quatre mois, une terrible nouvelle bouleverse sa vie. Et son destin footeux. «Je me sentais très bien au centre de formation de Lens. Mais après le décès de mon père, je suis venu définitivement au Sénégal pour continuer ma formation», dit-il, avec détachement. Élève en classe de 4e secondaire, Aaron a «définitivement» déposé ses baluchons à Génération Foot afin de devenir footballeur professionnel comme son père Pape Bouba Diop. «Il y a une grande différence entre la France et le Sénégal. Il faut dire qu’en France, j’avais un bon niveau et quand je suis arrivé au Sénégal, j’ai vu que le jeu est plus physique. Je me suis adapté et je vais bientôt finir ma deuxième année. Je joue en U17, en cadet. L’année dernière, quand je suis venu, j’étais chez les minimes. Cette année, j’ai intégré la catégorie cadette. Pour le moment, tout se passe bien. On a le championnat régional qui commence samedi. Il a mis du temps pour commencer, parce qu’il y a le Covid-19. On était invité au tournoi du Paris-Saint-Germain à Saly.» Outre le football et les études, le jeune Aaron fait beaucoup d’activités au niveau du centre avec les éducateurs. «Nous sommes tous logés dans le centre. On est là toute la semaine, du dimanche soir jusqu’au vendredi dans l’après-midi. C’est un bon centre qui ne fait pas que du football, il y a beaucoup d’autres choses», reconnaît-il. Comme tous les pensionnaires du centre de Déni Biram Ndao, il se lève tous les jours à 6H30 pour aller prendre le petit-déjeuner, ensuite aller à l’école pour les cours entre 8 et 14 heures et enfin rejoindre le centre d’entraînement à partir de 15 heures pour terminer à 17H30. Aaron rejoint sa petite famille à partir de vendredi soir pour le week-end.

Milieu de terrain comme papa

«Tel père, tel fils», aurait dit un vieil adage. Aaron Diop aurait-il la chance de suivre les pas de son père meilleur buteur sénégalais en Coupe du monde (3 buts) ou de faire mieux que lui ? Pour le moment, le rêve du jeune garçon de 14 ans de devenir un grand footballeur se construit. Le talent est là. «Sur le plan technique, il a une base, parce qu’il a commencé le football en France. C’est sur le plan du rythme et de l’intensité qu’il voit que ce n’était pas la même chose. Les difficultés du début sont en train de s’estomper, on va vers un jeu un peu plus raffiné, mieux articulé dans les gestes. Ça lui permet de réussir des prestations. Dans les enchaînements, ce n’est pas mal, on sent qu’il y a plus sur le plan tactique», explique Abdoulaye Sarr. Aaron rêve de jouer dans les plus grands clubs en Europe et porter les couleurs de l’Équipe nationale du Sénégal. «Je veux intégrer les sélections de U17, U20 du Sénégal et après être en Equipe nationale A. Je veux jouer pour le Sénégal, parce que tout le pays m’attend. Je veux briller pour le Sénégal. Je travaille pour ça. Il y a les sélections U17 et U20 qui arrivent, j’espère y aller pour franchir un grand pas», confie-t-il. Comme son père, le jeune footballeur évolue au poste de milieu de terrain avec la particularité offensive, contrairement à Bouba Diop qui était plutôt défensif. «Mais moi, je peux jouer un peu partout au milieu. J’ai le même style de jeu que mon père, j’ai de la force comme lui. On a la même façon de courir, de jouer. On se ressemble un peu», se convainc-t-il. Il est confirmé par Abdoulaye Sarr, premier entraîneur à encadrer Pape Bouba dans une sélection nationale (U20). «Aara a morphologiquement pris beaucoup de son père, avec sa bonne détente verticale.» «J’ai vécu avec son papa, je ressens des similitudes dans ses déplacements. Il a de bonnes dispositions sur le plan morphologique. Il faut qu’il travaille beaucoup au niveau de la coordination. Au niveau de la coordination et de la motricité, il a beaucoup progressé. Par rapport à son âge, il a de l’avance sur le plan morphologique», souligne le Directeur technique de Génération Foot, estimant que sur le plan technique, le fils de l’ancien international sénégalais a fait des progrès depuis son arrivée au centre de Déni Biram.
Chez Aaron Diop, sa volonté n’a d’égal que son ambition forcenée de faire briller le Sénégal comme son père l’a fait en 2002…

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