Le latéral de 24 ans, formé aux États-Unis et repassé par le Sénégal, a rejoint Caen au début de l’été. Il ambitionne de disputer la Coupe du monde.
C’est l’une des belles réussites de la saison en matière de recrutement. Adama Mbengue, latéral de 24 ans formé aux États-Unis et repassé par le Sénégal avant de rejoindre Caen l’été dernier, s’est rapidement imposé dans l’équipe de Patrice Garande. Il est à la mi-saison sur le podium des joueurs qui proposent le plus de centres en Ligue 1. Pour Goal, il fait le point sur ses premiers mois en France et exprime son envie de confirmer en 2018 pour gagner sa place à la Coupe du monde.
Vous enchaînez les matches en tant que titulaire avec le Stade Maherbe de Caen. Êtes-vous surpris par votre adaptation au championnat de France ?
Adama Mbengue : Je ne suis pas surpris du tout parce que je crois en moi. Je suis quelqu’un qui travaille beaucoup. Le coach me conseille aussi, et avec l’aide de mon équipe tout se passe bien pour le moment. J’espère que ça va continuer.
Quand vous arrivez à Caen l’été dernier, vous venez à peine de terminer le championnat au Sénégal. Le fait d’avoir eu peu de coupure n’a-t-il pas été un mal pour un bien finalement ?
Ce n’est pas quelque chose qui m’a posé problème. Au Sénégal, quand le championnat s’est terminé, je suis resté dix jours sans m’entraîner. Après, je suis venu ici. On m’a donné trois ou quatre jours pour reprendre les footings. J’ai intégré le groupe pour les entraînements et tout s’est fait naturellement.
Le manque de pression médiatique, du fait que vous étiez méconnu, vous a sûrement aidé à ne pas vous disperser…
Ça m’a beaucoup aidé, c’est vrai. Personne ne me connaissait, j’étais dans mon coin, je m’entraînais, je faisais mes matches. Je n’avais aucune pression et c’était positif parce que je n’aime pas trop parler aux médias. Je parle mieux Anglais que Français, du coup j’ai peu de demandes, mais ça me va. J’aime autant rester discret.
Votre parcours est assez atypique, avec un départ très tôt aux Etats-Unis. Pourquoi cette signature à Orlando avant votre majorité ?
Le président est venu me voir dans mon académie, à Galaxy Sport (centre de formation basé à Dakar, ndlr), et en 2011, alors que j’avais 17 ans, j’ai pris la décision de partir là-bas. C’était une décision réfléchie. En décembre, je fêtais mes 18 ans et je signais mon contrat. Trois ans plus tard, je suis revenu au Sénégal, à Diambars. J’ai connu l’équipe nationale A et c’est là que tout s’est enclenché, finalement, parce qu’au moment de mon départ aux Etats-Unis, je n’avais aucune proposition en France.
On se demande aussi pourquoi il y a eu ce retour au Sénégal du coup…
L’équipe montait en première division, en MLS. On a regardé le contrat ensemble, mais mon agent n’était pas d’accord. J’ai donc annoncé que je retournais au Sénégal. On pouvait penser que je faisais machine arrière, mais au final, je me suis rapproché de la sélection, d’abord en U23 puis en A.
Vous avez rencontré des joueurs de Ligue 1 au passage, qui ont pu être de bon conseil pour la suite…
C’est surtout en après-match qu’on a pu échanger. J’ai parlé avec Kader Mangane qui m’a beaucoup conseillé, mais aussi avec Moustapha Diallo de Guingamp ou Djilobodji de Dijon.
“Je dois continuer à être performant avant la Coupe du monde”
En France, d’autres clubs que Caen s’étaient-ils manifestés ?
Quand j’ai joué mon premier match en équipe nationale, beaucoup de gens voulaient déjà nous parler. En France, il y avait Angers, Lorient et Troyes l’été dernier, mais Caen a fait les choses rapidement. Ils ont parlé avec le président de Diambars qui a un peu hésité vu qu’il y avait d’autres clubs, mais j’ai pris la décision et j’ai dit : “Je vais à Caen”.
Au moment de choisir Caen, on imagine que la Coupe du monde est dans un coin de votre tête…
J’y pense, c’est sûr. Mais je me dis qu’il y a du travail encore. Aujourd’hui, je dois continuer à travailler pour être performant avant la Coupe du monde.
Le tirage des groupes aurait pu être pire pour le Sénégal qui affrontera le Japon, la Colombie et la Pologne…
C’est un groupe abordable dans lequel on peut finir deuxième voire premier même si la Colombie, avec des joueurs comme Falcao, James et Cuadrado, est favorite pour moi. Si on était tombés sur l’Espagne ou le Portugal, ça aurait été bien plus dur. Donc, oui, on va dire que ça aurait pu être pire.
Il y a de la concurrence au poste d’arrière gauche avec Cheikh Mbengue, Saliou Ciss ou encore Pape Souaré. À combien de % estimez-vous vos chances d’être au Mondial ?
[Rires] Je ne sais pas. Ce sont les choix du coach. Moi, je le répète, je ne peux que travailler pour espérer convaincre le sélectionneur (Aliou Cissé) de me prendre, mais je suis confiant. Il faut l’être, de toute façon.
Une sélection pour la Coupe du monde, c’est quoi ? Un rêve ?
C’est un rêve, un objectif. Je croise les doigts.
Patrice Garande, en octobre, qualifiait votre potentiel d’incroyable. Il estime que vous faites partie “de ces garçons qui ont transformé” le jeu de Caen. Qu’avez-vous à répondre à ça ?
C’est lui qui le dit. Moi, je fais en sorte d’aider au mieux l’équipe. Je crois en moi, en ma progression, et si je travaille bien, ça payera.
Le coach a aussi dit qu’il ne souhaitait pas de relâchement. De ce côté là, il semblerait qu’il puisse être rassuré…
Ah oui ! Moi, je ne lâche pas, jamais. Depuis que je suis arrivé du Sénégal, j’ai conscience que c’est une chance pour moi d’être en Ligue 1. Cette chance ne se reproduira peut-être pas deux fois, alors c’est à moi de la saisir.