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Le Montpelliérain Souleymane Camara est, à 36 ans, un joueur à part dans le milieu du footbal professionnel

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  • Souleymane Camara, à 36 ans, reste un joueur prolifique et déterminant sur les pelouses de Ligue 1.
  • Très apprécié par les supporters de Montpellier et ses partenaires, le Sénégalais revient sur son humilité : « mon père m’a expliqué que dans la vie il fallait respecter les gens et ne jamais se croire meilleur que les autres ».
  • Le déracinement à l’adolescence, sa foi dans le travail, ses larmes à Nice, la force de ses enfants et ses choix de vie… Souleymane Camara dévoile une personnalité touchante.

« A Dakar, lorsque j’étais avec mon père, on mettait parfois une demi-heure à faire dix mètres. Parce qu’il discutait avec tout le monde. Un jour où il m’a proposé de venir avec lui, je lui ai répondu “Non, papa. C’est trop long à chaque fois “. Alors il m’a expliqué que dans la vie il fallait respecter les gens et ne jamais se croire meilleur que les autres. » Bien des années plus tard, Souleymane Camara n’a jamais oublié qui il était, d’où il venait. « Il est humain, agréable. Il vient toujours nous saluer. Je ne l’ai jamais vu autrement qu’avec le sourire », relate Patrick Serio, un supporter fidèle du MHSC.

L’histoire d’amour dure depuis douze ans. Au point d’avoir son chant dédié à La Mosson. « Camara est toujours là ! Pour marquer comme Maradona ! » Il se marre à l’évocation de la chanson. « Ça me touche beaucoup. Mais me comparer à lui… J’aimerais bien discuter avec le supporter qui a inventé cette chanson pour savoir comment cette idée lui est venue ».

Arrivé à l’été 2007, le Sénégalais est devenu un symbole de Montpellier. Il vient, à 36 ans de prolonger d’une saison supplémentaire. Juste après avoir établi un nouveau record du nombre de matchs disputés en championnat sous le maillot du MHSC (366). « C’est un joueur exemplaire. Un exemple de régularité, de fidélité, qui connaît parfaitement son corps et a été rarement blessé », explique Pascal Baills, l’adjoint de Michel Der Zakarian, qui détenait le record. « Quand je pense qu’au début, j’avais juste signé pour me relancer, parce que ça se passait très mal à Nice, sourit « Souley ». Montpellier était en L2 et plein de gens m’avaient déconseillé d’y signer ».

Le vide du déracinement

La galère, il connaît. Arrivé en France à 16 ans au centre de formation de Monaco, il a connu le vide du déracinement. « Je regarde mon fils aîné qui a 14 ans. Je me dis que j’étais seul quasiment à son âge. Ma première facture de téléphone, elle s’élevait presque à 5.000 francs. Je ne savais pas que c’était si cher. Je passais des heures avec ma famille ». Heureusement, il y avait « Jaro », Jaroslav Plasil. L’un ne parlait quasiment que tchèque, l’autre quasiment que wolof. Les deux sont devenus amis, soudés par ces années au centre. « On se comprenait pourtant, et personne, pas même nous, ne sait comment ». Et il y avait Monsieur Sirou. « C’était notre concierge. Avec sa femme et ses deux enfants, ils m’ont pris sous leur aile. Ça a été un deuxième papa pour moi ».

La galère, plus tard, aussi, à Nice. « Je n’ai été à la hauteur de ce que le club attendait de moi. J’étais sifflé par les supporters. Heureusement, lorsque je rentrais à la maison, Alpha, mon fils m’ouvrait les bras et j’oubliais tout. Mais quand ma famille n’était pas là, il m’arrivait de pleurer. C’était vraiment dur. Mais avec le recul, cette période a été bénéfique, je me suis endurci. A cette époque, je me suis vraiment posé la question de tout arrêter. Mais j’avais toute ma famille derrière moi. Je n’avais pas le droit d’abandonner. Je me suis réfugié dans le travail. C’est pour ça que je crois aux valeurs du travail ». Son fils, Alpha, qui fut à l’origine de sa décision d’arrêter la sélection nationale, en 2012. « Je ne l’ai pas vu grandir. Entre la Ligue des champions avec Monaco et la sélection nationale, j’étais tout le temps en voyage. Aujourd’hui, nous sommes très proches, mais à l’époque je me suis rendu compte qu’il ne me disait pas ce qu’il ressentait. Il parlait à sa maman. Je n’ai pas voulu reproduire la même chose avec mes autres enfants ».

Trois buts en onze bouts de match

Souleymane Camara a néanmoins donné douze ans de sa vie au Sénégal. Il y a écrit la plus belle page de la sélection. « La finale de la Coupe d’Afrique des nations (perdue aux tirs au but contre le Cameroun) et le quart de finale de Coupe du monde. » C’était en 2002. Il y a 17 ans….

Le temps n’a pas de prise sur l’attaquant auteur de trois buts (le dernier contre Paris) en onze bouts de matchs cette saison encore. Un statut de supersub, remplaçant décisif, qu’il n’a jamais apprécié. « Supersub, super remplaçant, c’est un mot qui ne veut rien dire. J’ai toujours respecté les décisions des entraîneurs. Ils font des choix en leur âme et conscience. Si je ne suis pas titulaire, c’est que quelqu’un le mérite davantage. Mais je n’ai jamais accepté ce statut. Il faut travailler pour insinuer le doute dans l’esprit du coach. C’est ce que je dis aux jeunes joueurs. Il faut s’accrocher. Car on récolte toujours les fruits de son travail, même si parfois c’est long ».

« Souley parle peu, conclut Pascal Baills. Mais quand il parle, ce n’est jamais pour rien. Et tout le monde l’écoute »

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