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Papiss Demba et Demba Ba

A quelques jours de la seconde levée pour la qualification à la prochaine Can que l’Afrique du Sud accueille en 2013, Joseph Koto cogite sévère. L’un de ses plus pénibles casse-tête, il le partage avec Alan Pardew, coach de Newcastle, qui se turlupine les méninges pour dénicher la recette pour accommoder sa paire de luxe en attaque : Papiss Demba Cissé-Demba Bâ.
En Angleterre le duo de Sénégalais fait déjà des étincelles et alimente les débats. Surtout après la récente déclaration de Demba Bâ sur son statut en club. Mais les statistiques affolantes des joueurs, cachent mal le malaise latent. Actuellement, le Bâ blesse en club…
C’est un mal de luxe. Une surabondance de qualité qui finalement place le coach dans une position de l’âne de Buridan. Les combinaisons sont variées : «Va pour Demba Bâ et exit Papiss !» «Place à Papiss et out Demba Bâ !» «Papiss et Demba Bâ ? Après tout, pourquoi pas ?»
Tout est parti de la relégation de West Ham en deuxième division anglaise lors de la saison 2010-2011. Recruté pour 7 millions d’euros, Dem­ba Bâ, l’ancien buteur de Hof­fenheim n’avait pas voulu accompagner son club West Ham dans sa descente aux enfers. Par la grâce d’une clause, il retrouve l’élite, et rebondit à Newcastle après un transfert avorté à Stoke City. Sous ses nouvelles couleurs dans la Toon Army, la félicité est parfaite pour l’attaquant des Lions qui décoche ses traits sur le front de l’attaque sans l’air de rien.

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Deux caïmans, un même marigot…
Avant la Can 2012, son compteur personnel affiche déjà 14 unités. Lors du mercato d’hiver, un autre Demba débarque, Cissé de son nom, pour 12 millions d’euros. Leur première association, après le traumatisme de la Can à Bata (où le Sénégal a coulé au premier tour avec trois (3) défaites en autant de matchs), est un rêve.
Demba Bâ avait ouvert le score pour Newcastle. Robbie Keane égalise pour Aston Villa, avant que Papiss ne donne la victoire à son équipe, d’un superbe contrôle de la poitrine suivi d’une frappe qui est allée nettoyer la lucarne de Shay Given, le gardien des Villans. La suite est moins idyllique. Du moins pour Demba Bâ. Alors que son compère renoue avec ses excellentes habitudes à Fribourg (Bun­des­liga), plantant des buts à tout va, Demba Bâ est soudainement affligé d’une aphonie inexplicable sur les prés anglais. Un seul but marqué pendant une moitié de saison. Alex Gontran, l’agent du joueur décrypte les contreperformances de son protégé : «Depuis son re­tour de la Can, Demba Bâ ne com­prend plus le management du club. La décision de faire jouer Dem­ba a gauche a été bénéfique pour le club, car Cissé a marqué 13 buts. Mais, il y a un manque de reconnaissance envers Dem­ba. C’est plus difficile de bien jouer lorsque vous n’avez pas la confiance du staff. Comment peut-on mettre son meil­leur bu­teur en pleine confiance sur le côté gauche ?»
Alan Pardew avait préféré aligner Papiss à la pointe de l’attaque et laisser Demba Bâ sur le côté gauche. Même s’il avait pendant un temps occupé ce poste alors qu’il jouait pour Hoffenheim, le buteur ne s’y retrouve pas, multipliant les courses dans son couloir, ainsi que les appels de balle qui finalement profitaient toujours à son compatriote. Et Cissé ne s’est jamais fait prier pour glisser les ballons au fond des filets avec une insolente réussite qui faisait de lui le nouvel épouvantail du championnat.
Assez bien alimentée en bonnes balles la saison passée, l’attaque de Newcastle a mis sur le tapis les défenses des grosses écuries comme Chel­sea (victoire 2-0, doublé de Pa­piss Cissé), victoire contre Liver­pool (doublé de Papiss Cissé) et contre ManU (but sublime de Demba Bâ). Chez les Magpies les pourvoyeurs de bonnes balles ne manquent pas. Yohan Cabaye est très intéressant avec son jeu de passes dans les trente derniers mètres. Hatem Ben Arfa a de la technique, de la percussion et sait se montrer généreux, régalant l’attaque par des offrandes. Dans ses meilleurs jours, Gabriel Obertan sait mettre le feu sur le côté et Ameobi peut se muer en passeur. Cette saison, Alan Pardew a même tenté de faire jouer l’un devant l’autre, avec Demba Bâ comme second attaquant derrière son compère. Sans plus de succès. L’un faisant toujours de l’ombre à l’autre.

Même topo en sélection
Pourtant cette doublette d’attaquants, qui sur le papier fait rêver tous les managers de clubs et fantasmer tous les supporteurs, est en réalité aussi difficile à mettre en œuvre en sélection. La combinaison rappelle souvent l’improductif duo anglais Steven Gerrard-Franck Lam­pard où plusieurs techniciens, comme Sven Goran Eriksson, Steve McClaren et Fabio Capello se sont cassé les dents. Alors éblouissants en club, leur association en sélection n’a jamais satisfait les attentes des observateurs. Charley Wil­liam, fan de New­castle considère la situation des deux Sé­négalais : «C’est quand même com­pliqué parce qu’à chaque fois l’un d’eux est obligé de marcher sur les plates-bandes de l’autre. Ils ont le même profil et sont censés faire le même boulot. Voilà pourquoi ils se chevauchent.» Accepter de jouer sur le côté reviendrait à renoncer à être le buteur attitré du club. Demba Bâ avait accepté de s’exiler sur les flancs, courant le risque de ne pas soigner ses statistiques. Il disait : «Le coach m’a demandé de jouer sur le côté, alors je l’accepte.»
La ligne d’attaque du Sénégal re­gor­ge d’une belle brochette d’attaquants qui flanqueraient des cauchemars à n’importe quelle défense. Les associations du duo de Newcastle ont été peu concluantes lors de la Can de Bata. Zéro but marqué et un nombre incalculable d’occasions vendangées. A leur décharge, le naufrage était plus collectif qu’individuel.
Titularisés lors du second match de poule contre la Guinée Equa­toriale, les deux buteurs s’étaient démenés avec beaucoup de volonté sans marquer de but. En sélection, les deux goléadors étaient associés sur le front de l’attaque et espéraient le soutien de deux milieux excentrés, mais en vain. En réalité, Papiss Cissé et Demba Bâ n’ont jamais donné des gages de complémentarité en sélection.

«Ce mec envoie du rêve»
Après sept journées de championnat anglais (Premier League), les mêmes problèmes ont ressurgi. Indisposé par son rôle de second couteau, Demba Bâ avait ouvertement rouspété, réclamant plus de temps de jeu, d’autant que ses statistiques plaident éloquemment en sa faveur (déjà 6 buts au compteur et il caracole en tête du classement des buteurs). De quoi chambouler complètement son statut en club et son positionnement sur le terrain.
Sa gueulante avait alimenté les rumeurs de départ lors du prochain mercato d’hiver qui l’envoient à Chelsea, à la Juve ou encore à Liverpool. Cette dernière piste est la plus probable tant le Lion affole les fans du côté du mythique club des bords de la Mersey. Avec un début de saison calamiteux avec une attaque inexistante, Brendan Rodgers a clairement dit sa volonté de chercher un renfort offensif de taille. Sur Top­mercato.com, les purs fans de Li­ver­pool fantasment dé­jà : «Demba Bâ à Anfield, j’en rêve toutes les nuits ! D’autant que nous n’avons même pas d’attaquant de pointe après le fiasco Andy Carroll.» «Ce mec en­voie du rêve. Il est capable de mettre dans le vent n’importe quelle dé­fense», surenchérit un autre. Alors Demba Bâ future attraction d’Anfield Road ? Le feuilleton ne fait que commencer…

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