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Diriger une sélection africaine n’est pas de tout repos. Aliou Cissé peut en témoigner. Le sélectionneur national a été sérieusement tancé durant ses sept années à la tête des Lions. Imperturbable, il a su faire face aux flots de critiques. Au point de faire changer d’avis une grande majorité de ses détracteurs après le premier sacre du Sénégal à la CAN. Et la qualification pour le Mondial au Qatar a fait davantage grimper sa cote de popularité.

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Aliou Cissé était soulagé après la qualification du Sénégal contre l’Egypte. Il venait de s’enlever un gros écueil. Il est apparu très détendu en conférence de presse. Le sélectionneur national pouvait esquisser un large sourire. Il a infligé un deuxième revers au chevronné Carlos Queiroz. Qui l’eut cru?! Beau joueur (pour une fois), le Portugais a même reconnu que le Sénégalais était meilleur que lui. L’ancien capitaine de la génération 2002 se savait attendu. Malgré le sacre en terres camerounaises. Il a eu le triomphe modeste. Dans le haut niveau, l’équilibre est souvent très fragile. Au Sénégal, encore plus. Il suffit d’une défaite pour tout remettre en cause. Même un match nul pouvait enflammer la toile et la presse. Le partage des points entre le Sénégal et l’Eswatini (1-1, éliminatoires CAN 2021) a été vécu comme un drame. Aliou Cissé avait essuyé un torrent de critiques. Il a toujours composé avec ce climat pesant.

Des débuts prometteurs

Aliou Cissé est arrivé à la tête des Lions sur la pointe des pieds. Le Sénégal venait de se faire éliminer au premier tour de la CAN 2015 sous la houlette d’Alain Giresse. Beaucoup militent pour l’intronisation de l’ancien capitaine de la génération 2002. Il faut avouer que la majorité des Sénégalais voulaient en finir avec le mythe du « sorcier blanc ». La Fédération sénégalaise de football (FSF) accède à cette requête. Sans grande expérience en club, mais en tant que patriote, il accepte le défi. Le premier rendez-vous manqué de l’histoire (finale 2002) le hante. Secrètement, il tient à offrir à cette grande nation du football au palmarès vierge sa première étoile. Ses débuts sont prometteurs. Sa première campagne africaine est une réussite. Après deux éditions à boire le calice jusqu’à la lie, les Lions atteignent enfin les quarts mais butent, à la grande surprise, sur le Cameroun. Le début de l’espoir. S’ensuit une qualification pour la Coupe en Russie. Seize ans après. Une autre prouesse. Le Sénégal s’arrête au premier tour pour une histoire de cartons… Une élimination amère.

Un sélectionneur clivant

Après ces deux rendez-vous, les supporters deviennent de plus en plus exigeants avec l’équipe. Fini l’objectif de quart de final. La FSF décide de placer la barre plus haut. Avec un effectif de qualité, la meilleure génération en Afrique, le Sénégal était attendu pour dépoussiérer sa vitrine. Encore une fois, les Lions se font coiffer au poteau par une équipe inattendue, l’Algérie. Les Fennecs brisent le rêve des Sénégalais en finale. Cette deuxième défaite face aux Algériens passent mal chez les perfectionnistes. Ils pointent du doigt le manque de culture tactique du sélectionneur et son incapacité à retourner les situations mal embarquées. Ils lui reprochent d’être sans solution face aux blocs bas et de ne se reposer que sur ses fortes individualités. Mais la grande majorité décident de parader avec les joueurs à leur retour. Aliou Cissé devient clivant. Certains voient une avancée. Pendant que d’autres refusent de se contenter de ces résultats bruts.

La patience, la clé du succès

Aliou Cissé a dû passer des nuits blanches. A se creuser les méninges. Comment satisfaire cet exigeant public? Alors que son contrat arrive à expiration, la fédération décide de le reconduire. Une décision loin de faire l’unanimité. Les sceptiques estiment que l’ère Cissé est révolue. Qu’il fallait tourner la page, pour avoir des chances de remporter ce premier trophée continental. Mais la FSF ne pouvait faire autrement. Le sélectionneur a toujours rempli les objectifs fixés. Et puis, changer de plan à quelques mois de la CAN aurait pu être suicidaire. Les doutes grossissent lors des matchs de poule à la CAN. Le Sénégal frôle la catastrophe. Miraculeusement, les Lions finissent en tête de leur groupe, avec un seul but inscrit. L’inquiétude grandit. Certains ressassent encore cette prolongation de contrat. Avec un tableau plus que favorable, ils surprennent tout le monde. L’équipe monte en régime et se hisse en finale. Une troisième chance de réécrire l’histoire. Face à de solides Pharaons, les Sénégalais conjurent le mauvais sort. Ils s’imposent aux tirs au but. Un exercice qui ne leur souriait pas auparavant. Aliou Cissé corrige l’anomalie et offre à son pays sa première CAN. La patience de la FSF finit par payer. Elle a été la clé du succès. Il devient le héros de toute une nation. Ses détracteurs s’excusent publiquement. Et cerise sur le gâteau, insatiable il offre une deuxième qualification de suite au Mondial aux Champions d’Afrique.

Même si sa faible expérience en club le dessert et que sa vision ultra défensive dérange, Aliou Cissé a écrit la plus belle page de l’histoire du football sénégalais. Et ça, à l’heure actuelle, plus personne ne peut le contester.

Moussa SARR

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