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ANALYSE

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Il n’y a pas eu de miracle en terre ivoirienne. Les «Lions» ont longtemps fait illusion pour finir avec une forte désillusion. Tout ce qu’ils ont construit en 60 mn, ils l’ont dilapidé en 30 mn.

(Abidjan) – Depuis le matin de ce samedi 8 septembre, une fine pluie arrose Abidjan. Au coup d’envoi, l’arrosoir est fermée. Temps doux, pelouse mouillée, stade comble, belle animation dans les gradins. Le décor est posé pour un match de rêve. Il finira en cauchemar pour les «Lions». Avec un 4-2 pour les «Eléphants», le scénario du pire a pris forme. Il faudra un coup de théâtre à Dakar pour que la pièce qui se joue en deux actes redonne le sourire au football sénégalais.

La dose d’adrénaline a été forte au stade Houphouët Boigny. Quand les «Lions» ont mené par 1-0 (Dame Ndoye, 33e mn), puis par 2-1 (Papiss Cissé), on a senti une tension électrique traverser les gradins de Félix Houphouët Boigny. Mais, à chaque fois, les Ivoiriens, sentant le couteau sur leur gorge, ont eu le sursaut du désespoir qui fera décrocher les «Lions». Quand ces derniers, épuisés par leurs efforts, ont perdu leur lucidité et leur hargne dans les dix dernières minutes, les vieux pachydermes leur ont porté l’estocade (4-2).

Les batailles de la jungle sont terribles en Afrique. Il faut plus que des enfants de choeur ou même des guerriers intrépides pour aller au front. Les vieux singes y ont toujours des grimaces fatales. Et elles peuvent venir de figures d’anges comme celles de Kalou ou de Drogba. Les «Eléphants» ont peiné, mais ils ont barri de triomphe à la fin. Le 12 octobre prochain, le match retour leur paraît moins risqué.

Que reste-t-il aux «Lions» de ce match ? D’abord deux buts d’anthologie. A côté de celui marqué par Dame Ndoye contre la Guinée le 11 novembre 2011, en match amical, son boulet canon des 25 mètres qui a fusillé Copa Barry et le lob de la tête, depuis l’entrée de la surface de réparation, réussi par Papiss Cissé, méritent de s’ajouter aux génériques d’émissions sportives. Au-delà, que reste-t-il ? De mauvais signes qui augurent des lendemains difficiles.

Tout avait commencé à aller de travers avant le début du match. La première mauvaise nouvelle est tombée dans l’oreille de Koto au lever du jour. Lamine Sané déclarait forfait à cause de maux de ventre. «C’est ce matin qu’on a appris que Sané avait des problèmes de gastro et devait déclarer forfait», se désole Ferdinand Coly. Il revient alors au coach de bidonner une paire centrale, après avoir misé sur le duo que devaient constituer le Bordelais et Pape Guèye. Dans l’urgence, il opte pour des hommes qui ont déjà joué ensemble. A savoir Pape Guèye et Cheikh Kouyaté. Le couple a évolué pendant 150 mn en deux matches, lors des Jo.

Sans complexe ils sont entrés dans le match. Comme l’ensemble des «Lions» qui lancent les premières hostilités. Le jeu est rapide, mais avec des imprécisions. Plus qu’un round d’observation on a droit à un round d’intimidation. Les Sénégalais se retrouvent les premiers. Un centre de Sadio Mané tombe sur la tête de Papiss Cissé et passe au dessus de la transversale (6e mn). A la 10e mn, Gana Guèye charge Drogba avec un bon tacle glissé et laisse la marque de sa semelle sans commettre de faute. Le capitaine ivoirien reste quelques secondes sur terre avant de se lever en boitillant. Quatre minutes plus tard, le danger change de camp. Salomon Kalou s’écroule dans la surface sénégalaise sur un tacle de son coéquipier à Lille, Gana Guèye. L’arbitre sort un avertissement pour simulation.

Les actions se succèdent de part et d’autre, mais la précision fait toujours défaut. Quand le but de Dame Ndoye tombe à la 33e mn, c’est pour secouer un stade qui ne s’y attendait pas. Dans un match fermé, Gana Guèye récupère le ballon au milieu, fait une rotation sur lui-même, le temps de permettre à Papiss Cissé de revenir d’une position de hors jeu. Il lui fait la passe et ce dernier remise de la tête sur Dame Ndoye. La volée de ce dernier fuse et concrétise le 5e but qu’il marque sous le maillot de l’équipe nationale, le deuxième sous l’ère Koto.

Le bonheur sénégalais ne dure que 10 minutes. A la 43e mn, Cheikh Mbengue refuse de sortir en touche un ballon sans danger, malgré la pression ivoirienne. Son désir de jeu aboutit à une catastrophe. Le cuir est alors récupéré par les Ivoiriens qui élaborent à gauche. Gervinho domine Pape Guèye dans la surface, fixe un autre défenseur et offre la balle de l’égalisation à Salomon Kalou (1-1).

La déception née de ce but assassin ne coupe pas les jambes des «Lions». Les 15 premières minutes de la seconde mi-temps les voient toujours volontaires, même si on sent un début de recul du milieu qui colle à la défense. C’est dans cette position qui permet d’aspirer les Ivoiriens que Dame Ndoye récupère un ballon à gauche, traverse la largeur du terrain et ouvre à droite sur Sadio Mané. Le nouveau sociétaire de Salzbourg lance Cissé dans la profondeur. Sur cette balle aérienne, ce dernier fait preuve d’une lucidité de grand buteur. Copa Barry étant avancé, il place une tête instantanée à l’entrée de la surface de réparation pour réussir un lob exceptionnel et marquer son 12e but en 21 sélections (60e mn).

Les Ivoiriens sont désormais devant une affaire de vie ou de mort. Il reste 30 mn aux «Lions» pour réussir un exploit historique, c’est l’un de leurs plus gros bides qu’ils offrent. Cinq minutes après, Drogba s’échappe à droite, centre pour Gervinho qui crucifie Mané (2-2). A la 80e mn, ce dernier se joue de Jacques Faty à gauche, s’appuie sur Drogba qui joue le «une-deux» avec lui dans la surface sénégalaise, et… s’écroule au moment où Faty revient à sa hauteur pour le contrer. Penalty et carton rouge. Koto s’en offusque, les images au ralenti confirment une décision discutable. Drogba ne rate pas l’occasion (3-2, 80e). Après son tir au but raté de la finale de la dernière Can contre la Zambie, il se réconcilie avec le public ivoirien.

Désormais les vannes ne ferment plus dans la défense sénégalaise. Comme tétanisés sur le terrain, tous leurs repères perdus, les «Lions» dérivent. Max Gradel leur porte l’estocade sur un tir dévié par Cheikh Mbengue (86e mn). Et si l’arbitre n’avait pas été vigilant, il aurait pu accorder un but 5e but ivoirien, marqué par Drogba de la main…

Dans ces trente dernières minutes de cauchemar, Koto a perdu Cheikh Kouyaté blessé et remplacé par un Mangane fantomatique. Il a vu Faty se faire expulser sur le penalty de Gervinho, pour se retrouver avec défense déstabilisée et une équipe incapable de gérer des instants capitaux. Problème de coaching ou malchance ? L’un n’exclut pas l’autre…

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