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Comme sur le terrain, Diafra Sakho va droit au but quand il parle. Cet attaquant qui affole les compteurs au Fc Metz tire le bilan de la mi-saison, parle du mercato et ouvre une fenêtre sur l’avenir. Le meilleur buteur de la Ligue 2 française se dévoile.

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Meilleur butteur de la Ligue 2 française avec 12 buts à la 18ejournée et joueur du mois, on peut dire que vous avez le vent en poupe…

Je m’étais fixé comme objectif de marquer 8 à 9 buts avant fin décembre. J’en suis à 12 ! C’est le fruit du travail entamé depuis l’année dernière en National où j’ai marqué 9 buts et délivré 9 passes décisives. Je vais continuer à travailler pour la suite du championnat.

N’avez-vous pas peur des effets pervers des éloges et toutes ces distinctions dont le titre de meilleur joueur de la Ligue 2 du mois de novembre ?

Non ! Je sais d’où je viens. C’est le plus important. J’ai galéré à Metz. J’ai eu des problèmes avec les dirigeants du club y compris le président. J’ai été prêté à Boulogne. J’ai perdu mon père durant la même période. A mon retour au Fc Metz, j’avais des propositions et la possibilité de D2 en Allemagne. Mais le président m’avait fait savoir qu’on avait besoin de moi en National. Je me suis dit que ça fait quatre ans que je suis à Metz et je n’ai rien fait pour le club qui m’a permis d’être professionnel. Je me dois de marquer mon empreinte comme tous les joueurs qui sont passés à Metz à l’image de feu Jules François Bocandé. Le premier challenge sportif pour entrer dans l’histoire était  de faire monter Metz en ligue 2. Je l’ai réussi l’année dernière en finissant deuxième meilleur butteur (19 buts).

Combien de buts aimeriez-vous marquer cette saison ?

Je ne me suis pas fixé d’objectif. Mais avec le président du Fc Metz, j’ai fait un pari. L’année dernière, je lui avais dit que j’allais marquer 18 buts. A la fin du championnat, j’en avais mis 19. Cette année aussi, j’ai dit au président le nombre de buts que je souhaite marquer. Si l’objectif est atteint, il le dira lui-même. Mais ce qui me tient à cœur, c’est la montée du FC Metz en Ligue 1. Donc, je vais continuer à bosser et ne pas être là à faire la grosse tête.

L’histoire du Fc Metz a été fortement marquée par un attaquant sénégalais, Jules François Bocandé. Pensez-vous pouvoir être sur ses traces en termes d’efficacité ?

J’aimerais bien faire comme lui. Je connais toutes les statistiques des attaquants qui sont passés à Metz. Si j’arrive à battre son record de 25 buts (dont 23 en championnat en 1986), je serais très heureux. Ce sera difficile d’être à la hauteur de Bocandé, mais j’essayerai de marquer beaucoup de buts comme lui. J’ai envie de battre son record à Metz.

Des clubs vous convoitent, êtes-vous tenté par un départ en janvier ?

J’ai beaucoup de propositions. Mais je n’ai pas envie de quitter le navire en janvier. Je l’ai déjà dit au président. Je n’ai pas envie de couper l’élan, de ne pas finir le boulot entamé avec mes potes. On a grandi ensemble depuis le centre de formation. Partir alors que l’objectif qu’est la montée n’est pas encore atteint pourrait être un échec pour moi. Mon objectif, c’est d’aider l’équipe à retrouver l’élite avant de partir. Attendons le mois de mai pour voir ce que ça va donner.

Même si ces clubs sont Marseille et Lyon…

Pour le moment, je n’ai pas à choisir une destination. Le plus important pour moi, c’est d’aller à un club où je peux m’exprimer. J’ai envie d’exploser pour monter mon talent. Je ne suis pas attiré par le volet financier. C’est important d’avoir de l’argent, mais ce n’est pas ce qui m’intéresse en ce moment. Sinon, j’allais dire à mon président : je m’en vais là où je peux gagner 10 fois plus qu’à Metz. C’est la fierté de jouer qui est le plus important pour moi.

 

Pense-t-on à l’équipe nationale quand on finit meilleur joueur et premier au classement des buteurs de la Ligue 2 à mi-saison ?

Permettez-moi d’abord de faire cette précision : des personnes ont mal interprété ce que j’ai dit récemment. J’ai dit à un journaliste sénégalais que j’ai eu un entretien avec l’entraîneur du Togo. Il m’a vu jouer à Metz et m’a demandé si j’ai été appelé en équipe nationale par Giresse. Je lui ai répondu ‘’non pas encore’’. Il m’a dit : «Si Giresse ne te contacte pas, on a besoin de toi.» après, on a mis dans la presse que Diafra Sakho veut jouer pour le Togo.

J’ai envie de jouer en équipe nationale du Sénégal et gagner la Can parce qu’on a rien gagné encore. Mais cela se fera par étape. La première était de jouer la Ligue 2. Je l’ai réussi. La deuxième, c’est d’accéder en Ligue 1 avec mon club. La troisième sera de jouer en équipe nationale et de faire plus que les El Hadji Diouf.

Quelques années en arrière, ce rêve n’était pas permis. Qu’est-ce qui a retardé votre éclosion ?

Je n’ai pas été patient comme il le fallait. A Génération Foot (Sénégal), je n’ai pas pu faire la même formation que tous les joueurs. J’y ai fait 6 mois avant de venir à Metz. Avant, je jouais dans la rue, sans aucune formation. Arrivé à Metz, j’ai fait une formation accélérée : un an chez les pros où j’ai trouvé une réalité différente de celle du centre de formation. Chez les pros, il faut être prêt tout de suite sinon tu laisses la place aux autres. A l’époque, il y avait des attaquants comme Papiss Demba Cissé et d’autres. J’étais jeune. J’avais 19 ans. Metz voulait coûte que coûte monter en Ligue 1 et les jeunes n’avaient pas la chance d’intégrer l’équipe pro. La descente de Metz en National a fait réfléchir les dirigeants qui ont trouvé qu’il fallait faire confiance aux jeunes du centre de formation. Aujourd’hui, sur les 26 joueurs du groupe de performance, les 13 sont issus du centre de formation.

Pouvez-vous revenir sur vos premiers pas dans le football ?

Mon début a été un peu difficile. J’ai grandi entre le Sénégal et la Guinée-Bissau. Mes parents étaient en Guinée et ma grand-mère à Ziguinchor. Je passais souvent les vacances en Guinée. J’ai été à Dakar pour la première fois en 2003. Par la suite, j’ai joué aux «Navétanes», à l’Asc Ndiathiar de la Médina. C’est là où ma carrière est partie.

Comment avez vous atterri à Génération Foot ?

Je jouais un match de quart de finale de «Navétanes»  contre Jappo. Je jouais comme milieu de terrain (6) à l’époque. Ce jour-là, il y avait un recruteur de Génération Foot dans les gradins.

Après le match, un recruteur de Génération Foot m’a demandé si je voulais intégrer le centre de formation. Au début, l’idée ne m’enchantait pas. Je ne voulais pas jouer dans les clubs pour être bloqué après si toutefois l’opportunité d’aller en Europe se présentait. Mais le recruteur (Abdou Seck) a trouvé les mots justes pour me convaincre : «Viens à Gf ; si tu es bon, tu pourras partir avant la fin de l’année.» Pendant 6 mois, il n’a pas arrêté de venir me voir. Un jour, j’en avais marre, je lui ai dit : «Ok, on y va.» Ils m’ont pris directement.

Vous êtes passé du milieu de terrain défensif au poste d’attaquant, comment s’est faite la reconversion ?

Un jour, j’étais avec les Juniors à Génération Foot. Sur le banc, avec l’entraîneur Malang Mané, je regardais jouer les Seniors. J’ai vu un attaquant louper des occasions de but. J’ai dit à l’entraîneur : «Tu me mets à sa place, je fais mieux. L’entraîneur m’avait même freiné en me disant : «Un joueur ne doit pas dire ça.» Après, il m’a donné le dossard et m’a demandé de jouer en attaque pour voir. J’ai marqué deux buts et n’ai plus quitté ce poste. C’est comme ça que je suis devenu attaquant.»

Est-ce qu’il vous est arrivé de vous identifier à un attaquant ?

Jeune, j’admirais El Hadji Diouf. Actuellement, c’est Didier Drogba qui m’impressionne le plus. Je regarde tout ce qu’il fait pour m’améliorer et être plus performant. Techniquement et dos au but, j’essaie de m’améliorer. J’ai fait des avancées considérables sur le jeu de tête. Je ferai de mon mieux pour arriver au sommet. J’ai envie d’écrire une page de l’histoire du football sénégalais.

Quel est votre club de rêve ?

C’est Chelsea. J’ai envie d’y jouer comme mon idole, Didier Drogba.

©L’Obs/GFM

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