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En prélude aux éliminatoires de la Can 2015 qui démarrent en septembre pour le Sénégal, les Lions vont livrer deux matchs amicaux en fin mai. Un prétexte pour aller taper à la porte du sélectionneur national Alain Giresse.

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Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le technicien Français parle des prochaines sorties des lions contre le Kosovo et éventuellement le Gabon, en déclinant ce qui sera déterminant dans le choix des hommes et surtout en balayant toutes les critiques sur la valeur des adversaires des Lions.

Alain Giresse évoque aussi son travail avec les points positifs et les points négatifs. L’ancien buteur de Bordeaux et de l’équipe de France parle aussi de son groupe, de son 11 de départ, des jeunes joueurs en devenir et de l’absence des joueurs locaux en sélection…

L’AS : L’actualité c’est le match amical contre le kosovo et éventuellement, celui contre  le gabon. en tant que sélectionneur, qu’attendez-vous de ces rencontres?

Alain Giresse : D’abord, l’actualité c’est une actualité que l’on crée. Pour les équipes nationales, on profite de la coupe du monde et  d’un espace de temps qui nous permet de faire des matchs. Pourquoi? Parce que ce sont les dernières occasions pour faire des matchs avant les éliminatoires (de la Can 2015). Après, il n’y a plus de date. Donc on essaie à travers un match amical de relier à nouveau les joueurs avec l’équipe, de les rassembler au sein de la sélection et puis, évidemment, faire un match pour remettre en place notre jeu et surtout rappeler aux  joueurs quel est le jeu de l’équipe nationale. Voilà. Le premier match est conclu contre le Kosovo, on est à l’attente du Gabon.

On est en fin de saison et les situations ne sont pas les mêmes d’un joueur à l’autre. qu’est-ce qui sera déterminant pour le choix des hommes lors des prochaines sorties?

La logique est de rester toujours dans la ligne de conduite. Aujourd’hui il y a un groupe qui se bâtit, qui se construit, qui progresse, qui prend des habitudes, qui prend des repères, qui vit bien ensemble, qui s’appuie sur des relations ; au-delà des relations amicales, des relations professionnelles certaines avec de l’investissement pour l’équipe nationale. Ça, ce sont des atouts, mais après il faudra être très vigilant aux changements et à tout ce qui peut se passer à l’inter-saison.

Parce qu’il y a des joueurs qui vont peut-être modifier leur situation et changer de club. Après, deviendront-ils des titulaires ? Pourront-ils jouer à nouveau ?  Parce qu’il y a des joueurs qui doivent retrouver la compétition, d’autres qui doivent s’installer. Est-ce que des joueurs vont franchir un palier? Toutes ces données, on est obligé d’en tenir compte. Mais ce n’est pas l’élément primordial. L’élément primordial, c’est ce que les joueurs sont capables de donner et d’apporter à l’équipe nationale.

Aujourd’hui, beaucoup de jeunes tapent à la porte de l’équipe nationale….

Ils ne tapent pas à la porte. Ce sont des joueurs en devenir certes, mais cela ne veut pas dire qu’ils tapent à la porte de l’équipe. Ils sont dans les parages et il faut les suivre.

Si vous deviez faire un bilan d’étape, quels sont les points positifs et les points négatifs ?

Le point positif c’est la façon dont le groupe se construit. La base pour une équipe c’est d’avoir un état d’esprit, des gens conscients de ce qu’il y a à faire, désireux de le faire et s’investissant. Avec ça on peut travailler et bâtir. Ensuite sur le plan technique, trouver les associations, les relations de jeu, les secteurs les plus efficaces. Avec cette base, on arrive à échafauder et construire une équipe.

Les points négatifs seront surtout dans ce qu’on retrouve dans notre jeu. C’est d’arriver à être plus réaliste et plus efficace et les possibilités  existent. Dans nos matchs, on cherche des occasions de buts et il y en a, mais il n’y a pas assez de buts par rapport aux occasions. Ce qui fait la différence, c’est mettre des buts. Pour cela, il faut qu’on  préserve notre organisation, qu’on préserve notre collectif, mais qu’on arrive à se dire qu’une équipe se construit depuis derrière et qu’en finalité on puisse marquer des buts.

Dans les équipes africaines dont le sénégal, on n’a pas souvent une bonne répartition des talents selon les différentes lignes (attaque, milieu, défense). est-ce que la recherche d’un équilibre nécessaire ne vous a pas souvent posé des problèmes ?

Mais il a fallu s’adapter. Vous avez  raison, tous les postes, tous les secteurs de jeu n’ont pas le même potentiel. Il y a des postes comme latéral droit, milieu offensif droit et gauche, il y a peu de joueurs à ces postes-là. Il y a plutôt beaucoup de monde dans la partie centrale. Malheureusement c’est comme ça et il faut s’adapter, chercher,  ou alors faire des compensations.

Moi au Mali j’avais une profusion de joueurs du milieu du terrain et je n’avais pas d’attaquants. En Côte d’Ivoire eux, ils ont beaucoup d’attaquants. D’autres pays sont plus équilibrés et ont des joueurs de réserve à tous les postes. Pour quelle raison ? C’est une spécificité africaine ou pas, je ne sais pas.

Ça fait un bon bout de temps que vous dirigez les lions. Quel  a été le plus difficile dans votre travail de sélectionneur?

C’est les moyens, d’une manière générale. C’est-à-dire les infrastructures et les moyens divers. Si je rentre un petit peu dans les détails, tout ce qui entre dans la partie hôtelière, concrètement, dans tous les matchs internationaux nous avons eu des conditions correctes, mais après ce sont les voyages qui ont posé problème.

Par exemple, le voyage qu’on a fait quand on a traversé la Namibie et autres au mois de juin dernier, ça c’est embêtant. Après, ici quelles sont les installations qui permettent à l’équipe de s’entraîner dans des conditions correctes de regroupement? Ensuite il y a l’histoire du stade. J’espère qu’on aura une pelouse correcte au mois de septembre.

Justement, le tirage au sort pour les éliminatoires de la can 2015 c’est pour bientôt. si vous deviez avoir des préférences vous souhaiteriez avoir des pays de l’afrique de l’ouest, du maghreb, de l’afrique centrale… ?

A quoi ça sert? La dernière fois j’avais émis certaines remarques par rapport au tirage au sort et on en a fait des commentaires. Cette fois je ne donnerais pas la possibilité de faire des commentaires sur le tirage au sort. Ce qu’il y a à faire, c’est d’attendre que le tirage nous désigne nos adversaires. Je ne fais pas de commentaire ou porter des appréciations par rapport à telle ou telle équipe.

Vous êtes un ancien grand joueur. est-ce qu’il vous arrive de faire profiter de votre expérience à vos joueurs?

C’est aussi ce que j’utilise comme argument, comme moyen et comme élément dans ma fonction d’entraineur. J’ai fait la formation d’entraineur dans toutes les autres parties et après, la notion d’expérience, de connaissance de toutes les grandes compétitions vient en appoint. J’ai eu la chance de faire les grandes compétitions mondiales ? Ça, ce sont des éléments qui me permettent d’évoquer cela avec les joueurs, de leur donner des indications et des conseils.

Et en même temps, j’ai aussi des échanges avec les joueurs sur ce qu’ils font dans leurs clubs, parce que j’ai été moi aussi professionnel et j’ai fait une longue carrière qui me permet, en fonction de ce qu’ils font dans leurs clubs d’échanger sur leur futur et tout ce qui se passe. Oui c’est un avantage d’avoir vécu le haut niveau.

Aujourd’hui si vous aviez un regard à jeter sur le football sénégalais, quelle analyse feriez-vous?

Compte tenu de ce qu’est le football sénégalais, de tout le potentiel qu’il peut avoir, et qu’il a, l’important c’est de pouvoir l’exploiter à fond grâce à des conditions qui permettent aux joueurs de franchir des paliers. Aujourd’hui ce n’est pas le cas. Le championnat se joue sur des terrains difficiles. Même si le championnat est régulier, les conditions de jeu, le statut des joueurs, tout ça pose problème et fragilise le football et ça ne lui permet pas d’avancer comme il le faut.

On ne voit plus de joueurs locaux en équipe nationale. y at- il une explication à cela?

L’explication est qu’il y a des éléments et des références sur lesquels je m’appuie moi aussi. Notre équipe nationale locale ne s’est pas qualifiée pour le CHAN. Vous avez nos deux clubs qui sont éliminés au premier tour des compétitions continentales. Ce sont des éléments qui démontrent tout ce que je disais, c’est-à-dire que le football a besoin d’une autre dimension et des moyens, pour pouvoir prétendre à des joueurs locaux de haut niveau.

Et n’oubliez pas une chose : les joueurs partent vite et très tôt, à cause de ces conditions difficiles. Dès qu’ils ont 18 ans, les joueurs partent et c’est un affaiblissement. Quand je faisais mes prospections, je suis parti avec des professionnels et on a répertorié 607 joueurs sénégalais évoluant en première division dans le monde. Vous vous rendez compte! Calculez avec 607 joueurs le nombre de clubs que cela peut faire en raison de 20 joueurs par club. Cela veut dire qu’il y a un exode qui existe ici et qui fait que ça réduit le niveau du championnat.

En club Demba Bâ récemment rappelé en équipe nationale revient de plus en plus. cela vous fait-il plaisir ?

Non il ne faut pas analyser comme ça. Ça, c’est le type d’analyse qui est fait ici et c’est des analyses vite faites. C’est des analyses que je dirai superficielles. Qu’il marque des buts, mais est-ce que ça résout son problème ? Est-ce qu’il joue ? Est-ce qu’il est titulaire ? Je ne conteste pas, il a marqué le but contre Paris, il en a remarqué après un ou deux et je souhaite qu’il marque encore la prochaine fois.

Mais est-ce que pour cela son statut de joueur a changé ? Il est rentré quand hier ? (mardi contre Athlético) A la 92ème . Ce que je veux dire, c’est que son statut doit passer de joueur qui ne joue pas à un joueur qui joue. Il le sait et on en a parlé. Aujourd’hui, Demba le sait et il me l’a dit après le match contre le Mali, il a besoin de rythme. Il a besoin d’être à nouveau titulaire pour démarrer. Il ne peut pas se permettre une deuxième saison, c’est une évidence. Les buts c’est une chose, c’est bien mais on ne l’aligne pas, il ne joue pas.

Pour vous, la meilleure solution c’est qu’il parte ? 

Je ne vais pas me mettre à la place de Chelsea, ça peut paraître plus compliqué. Qu’est-ce qui va se passer à l’inter-saison ? Eto’o, Torres qui sont devant lui, est-ce qu’ils vont rester ? Ils vont en prendre d’autres ou bien ? Je ne sais pas. Mais ce qui est sûr, il ne peut pas rester encore une saison à ne pas jouer. Ce n’est pas possible.

Papis Demba Cissé vient de se blesser. C’est un coup dur pour vous ?

Attendez, moi je ne sais pas encore si c’est définitif. On attendra de voir. Mais dès qu’un joueur est blessé, c’est dur pour lui et pour tout le monde.

Et la vie dans la tanière, comment ça se passe ? N’est-ce pas difficile de gérer les joueurs ? 

Ça se passe très bien. En regroupement, je n’ai pas beaucoup d’interventions à faire. Il y a toujours de petits recadrages, mais rien de très important et de très grave dans le fonctionnement, le respect des horaires, des entraînements et autres. De ce côté-là, ça se passe très bien.

Etes-vous bien intégré au sénégal maintenant ?

Oh ! Pour la vie, il n’y a pas de problème. Au contraire la vie est très plaisante, agréable. Pour les conditions de vie au Sénégal, il n’y a aucune raison de se plaindre.

L’AS

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