Il a dernièrement fait parler de lui. Pour avoir mangé une banane en plein match. Mais Famara Diédhiou (22 ans), attaquant prolifique de Gazelec Ajaccio, s’est illustré autrement en participant activement à la montée du club corse en Ligue 2 française. Entretien
Famara, vous avez récemment mangé une banane en plein match après avoir inscrit un but. N’était-ce pas pour provoquer le buzz ?
(Rires) Non, loin de là. Ce n’était pas pour provoquer le buzz mais plutôt pour soutenir les victimes du racisme sur les terrains de foot. Parce que le racisme n’a pas sa place dans le sport et nulle part ailleurs d’ailleurs. En réalité, comme je l’ai dit aux journalistes d’ici, mon geste n’avait rien de méchant et ne visait pas les supporters adverses.
Vous avez néanmoins écopé d’un carton jaune ?
Oui et je n’ai franchement pas compris pourquoi il (l’arbitre) me l’a donné. Mais je ne lui ai pas demandé. Parce que ce geste n’était qu’un message de soutien à Daniel Alves et à tous les sportifs qui sont victimes de racisme à travers le monde. Il faut vraiment que cela arrête.
La Corse où vous évoluez est pourtant réputée assez raciste ?
Non (il insiste). Pas du tout alors. Ici les gens sont au contraire assez accueillants vis-à-vis des étrangers. Franchement depuis un an que je suis ici (il a été prêté par Sochaux à Gazelec Ajaccio, ndlr), je n’ai jamais souffert de problèmes de racisme. Bien au contraire.
Pourtant, ce n’est pas ce que l’on perçoit à travers la presse ?
Alors la réalité est déformée. Par rapport à la Corse, il ne faut pas toujours se fier à ce que rapportent les médias. Ici les gens sont tranquilles et accueillants et moi je ne rencontre aucun problème dans mon quotidien.
Vous semblez vous plaire en Corse, ça vous dirait de prolonger l’aventure avec le Gazelec qui va jouer en Ligue 2 la saison prochaine ?
C’est vrai que j’aime bien la Corse. D’ailleurs, elle me rappelle le Sénégal, elle a un côté africain que l’on ne retrouve pas ailleurs en Europe. Mais concernant une prolongation, il faut dire que je suis prêté pour un an par Sochaux. Là, il reste deux journées à jouer en National. Attendons la fin de saison pour voir.
Avec cette accession de Gazelec en Ligue 2 avant la fin du championnat de National, vous devez être satisfait de votre saison ?
Absolument, c’est une très belle aison que nous terminons sur le podium. Nous sommes restés 11 mois sans connaître la moindre défaite. C’est le couronnement d’un travail collectif bien pensé avec beaucoup d’efforts des joueurs, des dirigeants, des supporters.
Et au plan personnel, comment a été votre saison ?
Je crois pouvoir avoir des motifs de satisfaction. J’ai jusque-là joué 33 matchs et inscrit 11 buts et donné 2 passes décisives. Je crois avoir répondu aux attentes du coach qui m’a fait venir de Sochaux. Le challenge m’a intéressé et là je crois l’avoir bien relevé.
Sochaux, justement parlons en. Il doit livrer une «finale» pour le maintien en Ligue 1 le week-end prochain contre Evian TG lors de la 38ème et dernière journée…
(Rires) On va croiser les doigts pour eux. Ce ne sera pas facile mais je suis persuadé qu’ils peuvent y arriver. J’ai une pensée pour mes potes Pape Abdou Camara et Joseph Romaric Lopy (gardiens de but et milieu de terrain sénégalais, ndlr).
Pouvez-vous nous retracer votre parcours jusqu’au Gazelec Ajaccio ?
Sachez d’abord que je suis natif de Dakar où j’ai commencé à jouer au foot. Ensuite je suis allé à Nantes pour des tests, c’est par la suite que je suis parti à Sochaux où j’ai signé et qui m’a prêté à Ajaccio.
Vous n’avez donc jamais porté le maillot national ?
Non, je n’ai jamais joué en sélection nationale mais j’y pense. Mes potes, Pape Abdou et Joseph Romaric, ont évolué en Olympiques. Je suivais leurs performances et je connais d’ailleurs certains joueurs comme Saher (Mame Saher Thioune, défenseur central du Casa Sports, ndlr).
Vous êtes attaquant, quel est votre profil ?
Je crois avoir un profil proche de celui de Demba Bâ. Nos façons de jouer se ressemblent et nous avons des morphologies identiques (il fait 1m90 pour 79 kg, ndlr). J’ai également quelques ressemblances dans le jeu avec Papiss Cissé.
Justement pour les prochains matchs amicaux de l’équipe du Sénégal, Papiss Cissé est forfait pour blessure tout comme Mame Biram Diouf et Ibrahima Baldé, cela ne vous donne-t-il pas des idées ?
(Rires) Pour dire vrai, pas vraiment. L’équipe A, je n’y pense pas vraiment pour le moment. À mon âge (22 ans), je crois avoir une marge de progression. Et je ne cracherai pas sur une convocation dans les autres sélections, les Olympiques ou l’équipe nationale A’ par exemple.
Suivez-vous le football local sénégalais ?
Oui, j’essaie chaque fois de m’informer sur le championnat et les différentes compétitions, cela m’intéresse beaucoup. J’aime bien le Jaraaf de Dakar qui est mon équipe préférée et là je suis très content de sa place de leader du championnat national.
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