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La JA a, aujourd’hui, cent ans. On peut considérer que c’est le 20 septembre 1921 qu’a été créée officiellement au 4, rue de Sandiniery, la «société de gymnastique et de sport dénommée la Jeanne d’Arc». Cette date est celle qui figure dans les premiers statuts même si à ce sujet, il existe d’autres interprétations.

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Il y a trente ans, l’hebdomadaire sportif dakarois, Le Sportif, à peine lancé sur le marché grâce à Pape Diouf (alors agent de joueurs), titrait à la une de son numéro 3 daté du 24 septembre 1991 : «faut-il brûler la Jeanne d’Arc  ?»

Nous reprenons volontairement ce titre. Mais l’interrogation diffère aujourd’hui. À l’époque, la rédaction avait l’intention de «provoquer» et de susciter la réaction des partisans de la Jeanne d’Arc. Nous avions estimé que le nom du club était anachronique, sentant la période coloniale et qu’il fallait le «sénégaliser». Tous les autres JA (Abidjan, Bamako, Cotonou, Ziguinchor ou Saint-Louis) avaient été, soit débaptisés ou avaient disparu.

Peine perdue, dirigeants et fans de la JA, avaient unanimement répondu au regretté Alain Agboton, auteur du dossier, de «ne pas toucher à la vieille dame». Le sociologue Mamadou Mbodj notait que «changer de nom serait (peut-être) le début de la fin».

Brûler la Jeanne d’Arc aujourd’hui ? Reconnaître que ce patrimoine du sport sénégalais est en péril est un euphémisme.

La JA, ce n’était pas seulement du football mais une dizaine de sections dont celle du basket naguère dynamique. Mais l’auréole, c’est le football depuis la création de l’entité avant l’indépendance et notamment ses deux Coupes d’AOF (1951 et 1952).

En jetant un coup d’œil sur le palmarès du football, on se rend compte que malgré l’absence de titres nationaux depuis plus d’une décennie maintenant, la JA reste le deuxième club après le Jaraaf, au palmarès des trophées majeurs du football de ce pays avec seize victoires en championnat et coupe nationale. Son bilan africain est le meilleur parmi les clubs sénégalais, avec une finale continentale (Coupe de la CAF, 1998) et des demi-finales (Coupe des champions en 1974 et 2004 et vainqueurs de coupe en 1975).

Aujourd’hui, l’équipe de football se morfond en troisième division après avoir séjourné presque dans le néant, en quatrième division.  Comment en est-on arrivé à cette quasi-faillite de cette équipe dont l’un de ses principaux dirigeants pronostiquait sa disparition, il y a quelques années ?

Longtemps, contre vents et marées, la JA avait assuré «une continuité linéaire» comme le notait A. Agboton, dans son existence et ses résultats.

Cette continuité reposait sur la popularité de l’entité,  sa base affective et la passion saine de ses dirigeants.

Aujourd’hui, le vent a tourné. Comme la plupart des clubs traditionnels, il n’y a pas d’héritiers chez les anciens supporters, de reproduction  selon la théorie de Pierre Bourdieu. On n’est plus supporter de père en fils. Ensuite, le «vampire» navetane est passé par là. L’équipe du «kogne» a remplacé les clubs traditionnels dont les fonctions par endroits, ne cadrent plus avec les réalités du moment.

Les querelles d’égos des dirigeants ont eu aussi des conséquences néfastes sur la vie du club.

Mais c’est surtout le  modèle économique qui est dépassé. Les clubs traditionnels ne peuvent pas subsister du seul fait de leurs dirigeants qui leur apportent les moyens de subsistance. Dépourvus de sponsors, les clubs ne peuvent que miser sur la formation, seule voie pour mettre en place une équipe et «vendre» pour générer des revenus.

Non, il ne faut pas «brûler» la JA mais sa refondation est plus que jamais d’actualité comme pour ses homologues, le Jaraaf, l’US Gorée ou la Linguère.

Bon anniversaire à la JA.

Mamadou KOUMÉ

PS : Brûler Jeanne d’Arc est en référence à l’histoire de la Pucelle d’Orléans, morte sur le bûcher.

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