Malgré un travail colossale de modernisation abattu en deux ans, Guédiawaye FC évoluera la saison prochaine en Ligue 2. Une anomalie que le président du club, Diamil Faye compte réparer au plus vite.
Guediawayefc.com : Quel bilan faites-vous des deux années de gestion par JAPPO ?
Diamil Faye : Les deux premières saisons n’ont pas été faciles. Les gens ont tendance à l’oublier, nous avons récupéré un club qui était fatigué, financièrement parlant sur le plan sportif, 90% des joueurs étaient partis. Nous avons eu aussi à recréer une structure et une administration qui n’existaient pas. Bref, nous avons récupéré un club malade. C’est la raison pour laquelle les dirigeants de l’Association Guédiawaye FC nous ont contactés pour reprendre la gestion du club. C’est l’occasion donc de les remercier. Sans eux, nous n’en serions pas là. Ils ont compris la nécessité de professionnaliser le club. Raison pour laquelle ils nous ont demandé de venir.
D’un côté, nous avons réussi à ériger une structure professionnelle, en tout cas de gestion d’un club professionnel. D’un autre côté, sportif, les résultats tardent à venir. C’est là où se pose le problème. Il faut travailler plus pour redresser la barre au plus vite.
Guediawayefc.com : Plus concretement, quelles sont les realisations en deux ans ?
DF : En termes de réalisations, en dehors de la chose négative qui est la relégation en Ligue 2, nous avons, en deux ans, réussi à équiper le club. Avec une grande fierté, nous avons crée une uniformité au niveau des couleurs, les joueurs et les entraîneurs ont du matériel didactique. Nous avons un équipementier et les salaires, nous touchons du bois, sont régulièrement payés. Nous avons aussi beaucoup investi dans les jeunes. Quand nous avons repris le club, il n’y avait que deux équipes de jeunes : U17 et U20. Aujourd’hui, nous avons crée les catégories U13 et U15, pour pouvoir entrer dans la préformation. Nous avons crée des outils de communication avec un journal gratuit, un site internet, une émission Guédiawaye FC TV, une page Facebook active qui a réussi à faire plus de 1000 «adhérents». En moins de deux ans, nous avons réussi, pour la première fois de l’histoire du club, à trouver un sponsor maillot pour le club (CANON). Nous avons aussi un partenaire qui nous fait les statistiques de matches (Logi-Dia) et un autre qui filme tous les matches du club (JAPPORAMA). Nous avons également instauré les récompenses pour le joueur du mois, le joueur fair-play du mois, etc. Nous avons globalement un bilan positif. C’est sur le plan sportif que nous devons continuer à travailler pour aller de l’avant. Aujourd’hui, les matchs à Guediawaye sont de vrais modèles d’organisation avec une équipe de stadiers recrutés et formés par le club.
Comment expliquez-vous le décalage entre l’environnement professionnel dans lequel baigne le club et les résultats sportifs décevants ? La focalisation sur les Xons (pratiques mystiques) a-t-elle eu un effet néfaste sur les résultats ?
C’est vrai que notre défaut majeur, c’est de dire tout haut ce que nous pensons et de faire ce que nous nous disons! Nous sommes contre les pratiques occultes dans le football et nous sommes pour le travail ! C’est vrai que la majorité des Sénégalais baigne dans ces pratiques. Donc, si vous voulez du jour au lendemain leur enlever cela, ça va être très difficile. En tout cas, au niveau de notre club, ce sont des choses qui ne sont ni acceptées ni tolérées. Depuis le début, nous avons dit que ce que font les joueurs avec leurs parents, chez eux, ça ne nous regarde pas, mais nous avons un droit de contrôle sur ce qui se passe dans notre environnement de travail. Le Sénégal est un pays qui n’a rien gagné sur le plan international. Il faut qu’on se mette au travail. C’est la philosophie du travail qui nous intéresse conformément à la philosophie du club : «Guem sa bop».
Au-delà de ces considérations, peut-on trouver d’autres explications aux contre-performances sportives du club ? Certes, il y a eu des erreurs de parcours et de gestion et des choix techniques inappropriés. Toutefois, les gens oublient vite que nous avons eu des résultats acceptables, la première saison : 8e de finale en Coupe du Sénégal et maintien assuré avant la fin du championnat. Malheureusement, lors de la deuxième saison en 2012-2013, nous avons fait des erreurs de choix avec un recrutement et une préparation qui n’étaient pas des meilleurs. Nous l’assumons tous (joueurs, techniciens et administratifs). Pour preuve, 85% des joueurs recrutés ont été libérés à la fin de la saison. Ce sont sur ces erreurs que nous allons construire pour aller de l’avant. Le fait que nous n’avons pas fait une véritable préparation hivernale explique aussi nos résultats. Enfin, il y a eu les erreurs individuelles des joueurs. Les vidéos sont sur facebook pour en attester : Nous avons donné plus de 10 points aux équipes adverses. Quand vous donnez autant de points à l’adversaire, il n’est pas surprenant d’être relégués en Ligue 2.
A la reprise du Guédiawaye FC, vous aviez décliné la «Vision 2015». En quoi consiste-t-elle ?
A notre arrivée, nous nous sommes dit que nous voulions être, à l’horizon 2015, le meilleur club du Sénégal, sinon parmi les meilleurs. Aujourd’hui, il ne nous manque que l’aspect sportif pour atteindre cet objectif. Certainement que nous n’arriverons pas à concurrencer tout de suite Diambars sur le plan des infrastructures. Sur ce plan, il nous reste beaucoup de chemin à faire. Mais, sur le plan de la gestion et des résultats sportifs, l’espoir est permis si on construit bien sur les erreurs que nous avons commises lors des deux premières années. Avec la fermeture du stade Amadou Barry pour des travaux de réfection, où va jouer le club cette saison.
Le choix n’est pas encore définitif. Le premier choix, c’est de jouer à Ndiarème. Très probablement, c’est là-bas que nous allons nous entraîner. C’est mieux de jouer là où on s’entraîne. Nous avons analysé les résultats de la saison dernière : A part les deux défaites concédées à domicile, nous avons obtenu toutes nos victoires à Amadou Barry. Le meilleur résultat que nous avons fait à l’extérieur, c’est match nul. Nous n’avons jamais gagné à l’extérieur. Donc, c’est pourquoi nous voulons faire de Ndiarème notre premier choix. De toute façon, nous discuterons avec le coach et l’encadrement technique pour voir si ce sera Ndiarème ou Alassane Djigo. Parce que si nous allons à Alassane Djigo, il va falloir se transporter. Ce sont des coûts supplémentaires alors qu’à Ndiarème, tout le monde y va à pied.
Dans tous les cas, le stade Amadou Barry sera livré en décembre et nous allons y recevoir à partir de janvier 2014 !
Quelle stratégie de mobilisation comptez-vous mettre en œuvre pour permettre au club de bénéficier d’un élan de soutien ?
Je suis persuadé d’une chose : le jour où nous gagneront 4 – 5 matches de suite, le stade sera plein. Nous l’avons vu en début de saison dernière: lorsqu’il y avait de l’espoir, les gens venaient, mais quand nous ne gagnions pas de match, les gens ne venaient plus. Maintenant, ce n’est pas à nous club d’aller former des associations de supporters. Les associations de supporters sont des entités autonomes. Donc, il faudrait que, dans les quartiers, les gens qui ont envie de soutenir le club se montrent. Nous viendrons leur expliquer le projet du club. Moi, je ne suis pas le président qui arrive et aligne 400 Ndiaga Ndiaye et donne des billets en disant qu’il faut aller au stade. Quand j’étais petit, je me débrouillais pour avoir de l’argent et payer mon billet pour regarder l’équipe que j’aimais. Donc, il faudrait que tout le monde fasse cet effort. Le club peut accompagner cet effort, pas être au centre. Ceux qui aiment le club peuvent nous contacter. Nous rêvons d’avoir des cellules de supporters dans chaque quartier et nous sommes prêts à accompagner ceux qui le souhaitent, à les aider à se structurer pour que le club mobilise plus. Lorsque nous avons pris le club, nous sommes allés tout de suite vers les gens pour expliquer le projet, maintenant la démarche doit être réciproque. Guediawaye FC, c’est le club de tout le monde.
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