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Même s’il a conscience que son retour en équipe nationale est assujetti à ses performances en club, Issiar Dia a hâte de retrouver ses coéquipiers afin d’aider le Sénégal à se qualifier aux joutes continentales de 2015.

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Entretien

Issiar, allez-vous rester à Lekhwiya pour la saison prochaine ?

C’est la grande question. J’ai soumis le souhait à mes dirigeants de quitter le club. Le président a pris en compte. Maintenant, comme je l’ai dit, il faut voir les différentes propositions qui vont se présenter à mes agents. Je n’irai pas n’importe où. Je souhaite partir là où il y aura un projet fameux avec du vrai football pour m’épanouir dans des stades pleins. Les propositions ne manquent pas, certes, mais je ne partirai pas sous n’importe quelle condition. Mes agents sont là en train de bosser. On verra avec le temps.

Donc, c’est un football différent qu’on pratique au Qatar ?

En réalité le football au Qatar est  différent de ce qui se fait en Europe. Là bas, les stades sont vides, ce n’est pas la même culture du football, encore moins les mêmes Ligues des champions. J’ai quitté l’Europe avec des stades pleins avec 60, voire 80 mille spectateurs, si je prends l’exemple de Fenerbahçe. Il y a beaucoup de monde autour du football.

On a l’impression qu’aujourd’hui vous regrettez votre choix ? 

Non, pas du tout, je ne regrette pas mon choix. Vous savez, moi je suis un aventurier qui tente toutes les expériences. Quand je partais en Turquie tout le monde disait que c’était un mauvais choix. Mais quand c’est Drogba, Schneider ou d’autres joueurs qui y vont, on leur dit que c’est un bon choix. Je sais que j’ai fait de bons choix.

 Mais Drogba c’est 36 ans contre 27 ans pour vous… 

C’st vrai, mais Schneider, Quaresma, Emre, Arda, tous ces grands noms sont passés dans ce championnat. Comme je dis à chaque fois, il ne faut pas oublier que je n’ai que 27 ans, je n’ai pas 31 ans. Et n’oubliez pas que j’ai commencé tôt, à 17 ans. Ça fait maintenant 10 ans que je suis dedans. J’ai acquis beaucoup de maturité et je sais pas mal de choses. Aujourd’hui, j’ai les capacités de revenir et on verra comment ça se passera pour la suite.

Même si vous le refusez, les observateurs pensent que c’est du gâchis pour vous d’avoir quitté l’Europe ?

Tout le monde pense ça. C’est vrai que j’étais la relève du Sénégal, c’est pour cela que tous me voyaient dans des championnats beaucoup plus huppés. Les gens me voyaient à la télé. Je parle rarement à la presse et les sénégalais veulent vraiment me voir à la télévision, donner des interviews et marquer des buts. Mais ce n’est pas grave, sous peu je reviendrai sous le feu des projecteurs et je prouverai tout mon talent en montrant au peuple sénégalais qu’Issiar est prêt à montrer tout son savoirfaire. Personne n’est plus Sénégalais que moi.

Apparemment rien ne bouge pour vous, non ?

Si, ça bouge beaucoup. Si vous le dites, c’est parce que je ne parle pratiquement jamais. Je préfère garder le silence, et m’exprimer par les actes. C’est bien beau de parler, mais je n’aime pas trop parler à la presse. Je ne suis pas pressé. Je patiente jusqu’au 31 août. Là, je vais démarrer avec mon club pour bien préparer la saison en attendant mon transfert.

Ça sera en Europe de l’Ouest ou bien ?

Je ne sais pas et je ne peux pas vous dire aussi. Je sais qu’il n’y a pas mal de propositions. Des clubs français et turcs appellent mes agents, sans oublier des clubs grecs. Comme je le dis, je suis ouvert et j’ai envie de découvrir d’autres endroits et d’autres cultures pour revenir en équipe nationale.

C’est bien beau d’avoir un projet de retour en sélection, mais si vous n’êtes pas compétitif ça risque d’être compliqué, non ?

Je suis conscient de ça. Je sais qu’avant tout, il faut retourner dans un club de grande envergure. C’est la première priorité et le reste s’enchaînera. La concurrence ne me fait pas peur.

Au-delà de la concurrence, les blessures aussi vous ont éloigné des terrains…

Bien sûr. Je suis resté trois mois sans jouer. Mais comme j’ai repris, tout va bien et tout marche comme sur des roulettes.

La poule G que le Sénégal partage avec la Tunisie et l’Égypte ne sera-t-elle pas compliquée ?

Je joue dans des clubs qataris qui ont une similitude avec le football arabe. Je sais qu’ils pratiquent un jeu très compliqué, mais je pense que le Sénégal a une super bonne équipe. Maintenant, il ne faut pas avoir peur. Dans nos têtes, il faut aborder les rencontres en tant que favoris.

Le Sénégal peut-il s’en sortir ?

Je suis plus qu’optimiste. Vous savez, le problème avec les journalistes sénégalais, c’est que vous sous-estimez beaucoup notre équipe. C’est vrai qu’on a eu pas mal de lacunes, mais n’oubliez pas que le Sénégal est une grosse nation de football. Ces derniers temps, on n’a pas bien représenté le pays, mais ça viendra.

N’y a-t-il pas des problèmes d’égo dans l’équipe du Sénégal ?

Non. C’est encore vous les journalistes qui créent toute cette tension autour de l’équipe nationale. Si vous mettiez une caméra de surveillance dans la tanière, vous vous rendriez compte que tout le monde s’entend à merveille. Après, peutêtre que certains s’entendent moins bien, mais ça c’est le propre de tout groupe. Même dans nos clubs c’est comme ça que ça se passe. Mais il y a toujours une base de respect et il n’y a aucun conflit entre les joueurs ou les dirigeants.

Pourtant, personnellement, vous avez balancé un secret de vestiaires.

Non pas du tout. Vous savez très bien que je suis très droit et jamais de la vie je ne dirai ce qui se passe dans les vestiaires. Il s’est passé certaines choses parce qu’on a essayé de faire croire que j’étais blessé ou malade ; c’est pourquoi je n’ai pas joué le match Côte d’Ivoire / Sénégal (4-2, éliminatoire aller de la CAN-2013). C’était faux ! Tout allait bien pour moi. J’étais obligé de revenir pour rétablir certaines vérités. Je n’aime pas qu’on mente à mon sujet ou sur mon compte. Et les joueurs ont confirmé. Après, on a vu que Joseph Koto n’a pas duré à la tête de l’équipe nationale. Je ne compte vraiment pas parler de cette personne-là.

Donc, vous avez eu raison sur Joseph Koto ?

Le peuple a bien vu. L’histoire m’a donné raison. Le Sénégal, c’est toute ma vie.  D’ailleurs, j’ai beaucoup de projets pour aider la jeunesse sénégalaise. Les gens ont jugé Koto à ma place et aujourd’hui, nous savons tous là où il s’est retrouvé.

Cet incident était-il le début de votre situation délicate en équipe nationale ?

Quand on dit la vérité ça ne plaît pas à certaines personnes. Oui, je suis quelqu’un de droit. Peutêtre que certaines personnes de la Fédé ne veulent pas que je dise la vérité, moi je n’aime pas qu’on mente à mon sujet. J’ai rétabli la vérité et à partir de là, je peux bien me regarder dans une glace. Ça peut déranger certaines personnes, mais moi ce n’est pas le cas.

Quel est le sélectionneur sénégalais qui vous a le plus marqué ?

Je dirai Amara Traoré, ça c’est super bien passé même si à partir de la CAN-2012, ça s’est un peu dégradé.

Quelles sont vos relations avec Alain Giresse ?

Je n’ai aucune relation avec lui. C’est le sélectionneur, on ne s’appelle pas. Il fait son travail et moi le mien.

Pensez-vous que le Sénégal pourra gagner quelque chose avec lui ?

On verra, et je l’espère bien pour lui. En tout cas, je ne sais pas si ça sera avec lui ou pas, mais quoi qu’il arrive, le Sénégal gagnera quelque chose. Je suis confiant.

Pourquoi il n’y a plus d’engagement dans cette équipe du Sénégal ?

Si on donne aux leaders comme Moussa Sow, Demba Bâ le droit de parler, et si on encadre les jeunes comme il le faut, je pense qu’on ira loin.

Quels sont les jeunes que vous appréciez ?

Il y a un jeune que j’aime bien, c’est Sadio Mané. J’ai eu l’occasion de discuter plusieurs
fois avec lui, mais croyez-moi que c’est un garçon qui a un bel avenir et j’espère qu’il continuera sur cette même lancée et qu’il trouvera un club beaucoup plus huppé que Red Bull Salzburg. Maintenant, à lui de progresser et de ne pas calculer tout ce qui est à côté. Tout viendra avec le temps. Il doit mettre l’accent sur la concentration et l’efficacité. Je le connais personnellement et je sais de quoi je parle.

Le Sénégal a récemment perdu 11 places au classement FIFA. Qu’est-ce qui explique cette perte de vitesse ?

On n’a plus les mêmes joueurs. Il y a beaucoup de jeunes qui sont arrivés. Aujourd’hui, c’est trop facile de porter le maillot national. Avant, venir en équipe nationale, c’était un véritable luxe. Il fallait prouver. Mais aujourd’hui, à chaque regroupement il y a un nouveau joueur. Il n’y a plus de noyau comme on l’avait avant. Cela perturbe le système du coach. Comment on peut bâtir une équipe si on fait appel à deux joueurs sur chaque regroupement. Ce n’est pas possible. C’est super difficile. Moi, je pense qu’il faut faire comme avant. Il y avait une ossature, mais ceux qui étaient au dessus du lot intégraient aussi le groupe petit à petit.

Henri Camara parlait récemment de manque de guerrier dans la Tanière, vous les confirmez ?

J’ai eu l’occasion de parler avec Henri Camara, il y a deux jours. On s’est confié des choses. Après, des guerriers s’il y en a ? Je pense que des joueurs comme Demba Bâ, Moussa Sow, Rémi Gomis sont de vrais guerriers. Mais après, il faut leur donner la chance de s’exprimer.

Ils ont toujours eu la chance. Quelqu’un comme Demba Bâ est en sélection depuis 2007, mais il n’a marqué que 3 buts… 

D’accord, mais est-ce qu’il est écouté ? Vous ne savez pas ce que Demba apporte. Il apporte toute son expérience. Il parle dans le vestiaire. À part les footballeurs, personne ne sait ce qui se passe dans le groupe. L’aide de Demba est précieuse. J’ai récemment parlé avec un grand footballeur européen qui m’a dit qu’il est étonné de constater qu’en Afrique on sousestime les joueurs qui évoluent  dans de grands clubs. Au lieu de les aider, on essaie de les enterrer. Je trouve que les journalistes sénégalais sont très durs avec Demba Bâ. Pourtant, c’est quelqu’un qui apporte beaucoup pour le football sénégalais. Nous étions les deux premiers à rejoindre la tanière pendant que les autres hésitaient. Aujourd’hui, il ne faut pas cracher dans la soupe. Quand l’équipe nationale n’était pas bien, nous on était là. Maintenant qu’on parle de cette équipe un peu partout, on essaie de diaboliser Demba. Non, je ne suis pas d’accord. Il faut que ça soit du donnant-donnant.

Quel est votre apport personnel dans les vestiaires ? 

Ça, ce n’est pas à moi de le dire. Je suis mal placé pour vanter mes mérites dans le  vestiaire. Je sais ce que j’apporte, mais ça c’est autre chose. Ma voix porte, parce que j’ai joué avec les Henri Camara, El Hadji Diouf et autres. J’ai appris beaucoup de choses à leurs côtés. Maintenant, il faut s’en servir.

Que devient Mamadou Niang que vous avez côtoyé pendant des années ?

Mamad est arrivé en fin de contrat avec son club, Al Saad. Là, il est libre de tout contrat. Il y a passé trois années superbes, même si elles ont été ponctuées par quelques blessures. Aujourd’hui, il a 35 ans ; il est presque sur la fin. Il a fait une superbe carrière. Il nous arrive de discuter de l’équipe nationale, mais lui ne comprend pas certaines choses. Notamment pourquoi le coach ne nous convoque pas. Moi, la réponse que je lui fournis, c’est que c’est parce que nous jouons au Qatar. aintenant, attendons de voir
mon retour en Europe.

Pensez-vous que les supporters sénégalais verront le même Issiar Dia qu’ils ont connu par le passé ?

Dans les rues de Dakar, tout le monde me demande de revenir en équipe nationale. Cela veut dire que je représente quelque chose dans cette sélection. Cela me fait chaud au coeur. Il y a des projets qui arrivent pour mon pays. Au niveau football, les supporters n’ont pas à s’inquiéter, ils verront le même Issiar qu’ils ont connu depuis des années.

Dans quel genre de projet êtes-vous pour le Sénégal ?

J’ai un gros projet d’orphelinat.  On est dans les débuts parce qu’il y aura plein de grosses stars du football qui vont parrainer le projet. D’ailleurs, c’est pour cela qu’on parle aujourd’hui. Il y aura pas mal de célébrités et cela va amener d’autres joueurs à aider le Sénégal à aller de l’avant avec des projets similaires.

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