Figure emblématique du «Carré magique» (avec Platini, Luis Fernandez et Jean Tigana) qui symbolisait le génie du footballeur français des années 80, Alain Giresse, sélectionneur de l’Equipe nationale de football du Sénégal de 2013 à 2015, sait séparer la bonne graine de l’ivraie. Il a été premier à prédire le Ballon d’Or pour Sadio Mané. Sa joie est immense.
«Ce soir (hier, mardi 7 janvier), je suis le plus heureux du monde. J’ai un plaisir énorme pour Sadio. Avant de partir (du banc de la sélection sénégalaise en 2015), j’avais dit qu’un jour, Sadio Mané sera Ballon d’Or. Je ne le disais pas gratuitement. Ce n’était pas juste pour faire plaisir. Je croyais fortement que cela se produirait. Tout le monde parle du football, il y a tellement de débats qui ne s’appuient sur rien, mais j’essaie d’être précis, de ne pas raconter des histoires, surtout sur des projections. Je sentais que Sadio avait un tel potentiel de joueur : sur le plan technique, de la mentalité, son état d’esprit et son professionnalisme. Tout était réuni. On n’est pas simplement un joueur de haut niveau avec du talent, c’est un ensemble de choses : du talent et de la conscience professionnelle.
Sadio l’avait avec beaucoup d’humilité, beaucoup de simplicité. Ce qui malheureusement, peut être un handicap, il est discret : ne parle pas et ne prend pas de photos à droite et à gauche. Mais la réalité est là sur sa qualité, la dimension du joueur qu’il est maintenant. Ce qui est bien : il a gagné le Ballon d’Or en étant un joueur de football, non pas quelqu’un qui s’est consacré au trophée du Ballon d’or uniquement. Il l’a fait à travers l’apport qu’il donne à son équipe. Il devient Ballon d’Or sans en faire un objectif principal. Sa saison a été exceptionnelle. Pour moi, au minimum, il devait être deuxième au Ballon d’Or mondial. Le joueur a pris une dimension continentale et mondiale.
J’ai un sentiment particulier avec Sadio. A la Can (2019), vous avez vu comment il est venu lui-même me faire l’accolade. Ce sont des choses très fortes qui me font dire que je n’ai pas perdu mon temps au Sénégal, au delà de ce que j’avais à gérer comme équipe, mais aussi les relations avec les joueurs. Mettre les joueurs dans les meilleures conditions possibles, c’est mon rôle, ma fonction. C’est ce que j’aime faire. Les joueurs me l’ont bien rendu. J’ai pu m’en rendre compte lors de cette CAN en Egypte, quand j’ai croisé les joueurs sénégalais. Il y a aussi les compliments des Sénégalais, d’abord du sélectionneur, Aliou Cissé. J’ai fait ce que je devais faire par rapport à ces joueurs, mais c’est eux qui avaient leur talent et leur capacité à devenir de très grands joueurs.»