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En réussissant la prouesse de faire remonter l’As Douanes en Ligue 1 avant la 14e et dernière journée de Ligue 2 qui se joue aujourd’hui, Karim Séga Diouf (65 ans) ajoute un titre à son palmarès déjà bien garni.

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Aussitôt descendue, aussitôt remontée. Avant la dernière journée de Ligue 2 qui se joue cet après-midi, l’As Douanes est déjà assurée de jouer en Ligue 1 la saison prochaine, un an seulement après avoir quitté l’élite. Avec 25 points, les Gabelous ne peuvent plus être rejoints par leurs poursuivants dans la poule B, la Renaissance (2e, 19pts) et Bargueth (3e, 19pts). Une performance que le club doit, en grande partie, à Karim Séga Diouf, un ancien de la maison appelé à la rescousse en début de saison pour un troisième passage sur le banc. Après 13 journées, son équipe a survolé la poule B de Ligue 2 avec six victoires, autant de nuls et une défaite – la seule pour le moment – face à Ndiambour (1-2, 13e J.), le week-end dernier à Louga. Ses deux premiers passages à la Douane avaient été primés par un titre de champion du Sénégal (D1), deux Coupes du Sénégal et trois Coupes de l’Assemblée nationale.

Un palmarès bien garni qui n’étonne guère ceux qui le connaissent. «C’est un travailleur acharné et ponctuel avec beaucoup de rigueur», expliquait Badara Sarr dans L’Observateur du lundi 19 mars 2012, n°2549. Karim Séga a été son 1er coach en D2 à la Douane, en 1986. «C’est un entraîneur infatigable qui ne laisse rien au hasard, ajoute Sarr. Maintenant, il a pris de l’âge, mais ceux qui l’ont connu dans les années 80 savent qu’il était beaucoup plus rigoureux. C’est pourquoi, l’As Douanes ne gagnait que grâce à la rigueur physique et tactique. Il est revenu au club en 1997 et j’ai été son adjoint.»

«Il allait dans les familles de ses joueurs pour…»

«Il a abattu un travail titanesque et s’est donné à fond», se félicite Bassirou Ndiaye. Le président de l’As Douanes ajoute : «Dès le début, on l’avait senti engagé et il avait mis tous les atouts de son côté pour faire remonter l’équipe en Ligue 1. C’est quelqu’un qui sait écouter les gens. Il a su fédérer tout le monde autour de sa personne pour en arriver là.» «Il est très proche de ses joueurs et a beaucoup d’humanité, renchérit Badara Sarr. Il n’hésitait pas à aller dans les familles de ses joueurs pour voir les conditions dans lesquelles ils vivaient.» Dans L’Observateur du lundi 19 mars 2012, n°2549, l’intéressé déclarait qu’il lui arrivait d’aller dans leurs familles pour vérifier si ses joueurs avaient acheté un sac de riz ou donné de l’argent à leurs parents. «Parce que l’éducateur est le prolongement de la cellule familiale pour l’éducation des enfants», disait-il.

Au-delà de sa casquette de coach, c’est donc plus dans le rôle du père que l’entraîneur de 65 ans s’active davantage à l’égard de ses joueurs. «Dans notre métier, on est surtout des pédagogues et des psychologues, explique-t-il. Partout où j’ai fait des résultats, ce n’était pas dans les meilleures conditions ni avec les meilleurs joueurs. Cela m’a beaucoup aidé dans mes convictions, mes relations et mon approche de l’éducation des jeunes dans l’apprentissage de la compétition.» Car, dit-il, «quand on est éducateur avec des enfants d’autrui en charge, alors que les siens sont entre d’autres mains, on se doit de veiller sur l’éducation et la santé de ceux dont la responsabilité nous incombe».

«Je suis venu très jeune dans ce métier»

Entré dans le métier d’entraîneur «vers 1969, l’année de la Réforme de Lamine Diack», Karim Séga a débuté dans le staff du club Saltigué de Rufisque qui jouait en Première division. «C’est un long parcours qui a connu des hauts et des bas, confie-t-il, mais qui me procure une très grande satisfaction pour plusieurs raisons. Je suis venu très jeune dans ce métier et, dès le départ, j’ai été confronté aux difficultés du travail, dont le manque d’expérience.» Un manque de vécu qui ne l’avait pourtant pas empêché de s’être vu confier très tôt des responsabilisés «à la tête de clubs de l’élite, à l’époque», dont les Saltigués de Rufisque (deux fois) qu’il a «fait monter en Deuxième division avec de jeunes dirigeants comme le docteur Khalifa Cissé, feu Oumar Seck. Il y a aussi le Mbossé de Kaolack, le Ndiambour de Louga, le Port Autonome de Dakar, le Jaraaf (avec Lamine Dieng), la Jeanne d’Arc, le Foyer de Bargny. Peut-être que ce sont ces débuts qui ont forgé mon caractère.»

Ancien professeur d’Education physique formé au Cneps de Thiès et fervent «socialiste», le vieux technicien est aussi «quelqu’un de très sympathique, ouvert, franc, loyal, serviable et entier», affirme Joseph Koto, son ancien compère sur le banc de l’Equipe nationale. Le sélectionneur des Juniors apprécie aussi «la vista dans son métier d’entraîneur». «Il a toujours été un très bon travailleur qui met énormément de rigueur dans son travail, témoigne Koto. D’ailleurs, c’est pourquoi certains pensent qu’il est dur. Mais c’est seulement parce qu’il est surtout très passionné. Il se fâche rarement, mais quand il l’est, on ne peut le contrôler.» Ce que le natif de Bargny (où il est né le 29 septembre 1949, au quartier Ndiaga Samb) ne conteste pas. «Il est très difficile de me faire sortir de mes gonds. Avec l’âge, je gagne en maturité, en sagesse et en lucidité.»

Quart de finaliste aux Jeux Olympiques de Londres 2012

Même s’il n’a pas eu une grande carrière de footballeur, Karim Séga a été «un très bon défenseur axial, mais aussi latéral droit et milieu récupérateur. Souvent, on me surclassait pour me faire jouer dans l’équipe A de l’Espérance de Rufisque, mon club de cœur». Son palmarès en Équipe nationale s’arrête à une «présélection». Plutôt que sur le terrain, c’est surtout sur le banc qu’il a fréquenté l’Equipe nationale qu’il a longtemps côtoyée et accompagnée. La première fois, c’était en sélection Junior, en compagnie de Bocounta Cissé et il s’est, par la suite, retrouvé à la tête de l’Equipe A. Il a aussi assuré l’intérim après le limogeage d’Amara Traoré et avait ramené un nul (0-0) de Durban, lors d’une autre rencontre amicale contre l’Afrique du Sud, le 29 janvier 2012. Nommé, quelques mois plus tard avec Joseph Koto dont il était l’adjoint, sur le banc de l’Equipe nationale, le duo n’a pas survécu à l’élimination, par la Côte d’Ivoire, pour la Can 2013.

Mais avant cet échec avec les «Lions», il avait connu le succès et la gloire avec l’Equipe nationale olympique. Le 23 avril 2012 à Coventry (Angleterre), il avait réussi l’exploit de qualifier, pour la première fois, le Sénégal aux Jeux Olympiques de Londres de la même année, grâce à la victoire (2-0, buts de Ibrahima Baldé et Abdoulaye Sané) en match de barrage face à Oman. Avec son adjoint Aliou Cissé, ils avaient amené les «Lions» jusqu’en quarts de finale des JO avant d’être éliminés par le Mexique (2-3). Une carrière bien remplie qui lui procure aujourd’hui beaucoup de satisfaction, en dépit de quelques mauvais souvenirs, dont la descente des Saltigué en D2. «Cela a été un drame pour moi», regrette-t-il encore. Il peut bien se consoler avec la remontée de l’As Douanes dans l’élite. En attendant peut-être un titre de champion de Ligue 2.

iGFM

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