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À vingt-deux ans, le nouvel attaquant de Monaco, qui a déjà connu le Barça et la
Lazio, veut profiter de son passage sur le Rocher pour continuer à grandir.

Mercredi midi, sous un soleil estival, Keita Baldé arrive avec le sourire, après l’entraînement. Débarqué à Monaco à la fin du mois d’août, il ne parle pas encore bien le français, mais son espagnol et son italien sont parfaits. On lui explique l’exercice, une interview pour le découvrir un peu, et lui répond dans un éclat de rire : « Mais vous ne savez pas déjà qui je suis ? »À vingt-deux ans, l’international sénégalais,courtisé cet été par la Juve et l’Inter, a déjà un parcours à part, et il ne compte pas s’arrêter là.

« Où en êtes-vous, avec l’apprentissage du français ?

Ça vient doucement. Quand j’étais petit, mes parents parlaient le wolof et l’espagnol. Ils sont arrivés très jeunes en Espagne. Je suis né en Catalogne, comme mes deux frères et ma sœur. J’ai commencé le foot à sept ans. Et, à neuf ans, le Barça m’a pris.
Cela doit être quelque chose, le Barça à neuf ans.
Oui, c’était impressionnant ! Je venais de mon petit village et je débarque au Barça. J’habitais encore avec ma famille, j’allais à l’entraînement avec le car du club.

Qu’avez-vous appris à la Masia ?

Pour moi, c’est le meilleur centre de formation du monde, parce qu’ils font attention à tout. Les études, la personne que tu vas devenir, l’éducation et le foot. Tout va ensemble. Tu peux être un phénomène sur le terrain, mais si tu n’es pas concerné par les études, tu ne passes pas. Ils te montrent le chemin, sur plein de choses. Par exemple, si tu dors à l’internat, tu dois faire ton lit tout seul.

Et sur le plan du jeu ?
Vous sentez-vous un joueur espagnol ?

J’ai grandi à la Masia, où c’était la technique, le ballon, la possession. Puis, à seize ans, je suis parti en Italie, et j’ai appris des choses qu’on n’apprend pas en Espagne : du physique, de la musculation, et tellement de tactique. Au Barça, je n’avais jamais travaillé en salle.
Vous avez été sanctionné par le Barça après un stage au Qatar, à quinze ans, parce que vous aviez mis des glaçons dans le lit d’un camarade.

C’était si grave ?

Dans le foot, on fait ce genre de plaisanteries tout le temps. Mais il s’était passé d’autres choses avant, il n’y avait pas eu que cette histoire. Certains comportements leur avaient déplu. Tu es jeune, et voilà, tu apprends de tout ce qui t’arrive.

Comme sanction, le Barça vous prête en 2010 à Cornellà, un club de Quatrième Division…

Oui, où ça s’est très bien passé. Ensuite, je devais décider : soit je retournais au Barça, soit je partais, parce que j’avais de bonnes offres. Comme j’avais été un peu déçu (par l’attitude du Barça), j’ai voulu continuer ma route comme je le sentais.

Vous étiez touché dans votre fierté ?

Pour être joueur de foot, il faut un caractère fort. Je ne regrette aucun des choix que j’ai faits jusqu’ici. Je suis arrivé en équipe première à dix-huit ans, et aujourd’hui je suis dans un grand club qui m’a payé 30 millions d’euros. Peut-être que si j’étais retourné au Barça je n’en serais pas là.

Pourquoi avoir choisi de quitter l’Espagne ?

J’avais beaucoup d’offres en Espagne, c’est vrai, mais j’avais envie de tout changer. La langue, les gens. Et la Lazio a fait la plus belle offre.

Vous êtes parti tout seul ?

Oui, je dormais à l’internat. La première année (2011-2012) a été difficile, ma famille me manquait. Mais tu penses à ta route. Le foot est fait de sacrifices.

À la Lazio, vous êtes arrivé assez vite en
équipe première. Vous vous y attendiez ?

Oui, chaque jour, au réveil, j’y pensais et je travaillais pour ça. Je voulais arriver en équipe première à dix-huit ans maximum.

Le 4-3-3 est le schéma où vous vous sentez le mieux ?
Disons que c’est le système auquel je suis le plus habitué. À la Masia, on ne faisait que ça. Je peux jouer à gauche, en pointe ou à droite, les trois postes. Mais, à droite,  je n’y ai quasiment jamais joué, même si je peux le faire en cas de besoin.

Comment voyez-vous le jeu ?

Je pense qu’il faut s’amuser sur le terrain. Si tu penses trop, si tu te stresses, tu n’y arriveras pas. Je suis un joueur d’instinct. Si mon corps me dit d’aller à droite, je vais à droite sans réfléchir.

Et si l’entraîneur vous dit d’aller à gauche ?

(Rires.) S’il me dit d’aller à gauche, que je vais à droite et que je suis bon, alors c’est bien comme ça, non ?

L’été dernier, durant lequel vous êtes
parti au bras de fer avec la Lazio, a-t-il été une période difficile ?

Oui, un peu. Cela faisait un an que je voulais quitter la Lazio, que je voulais changer de chemin, pour voir d’autres terrains, d’autres visages, d’autres gens, d’autres regards.

Suiviez-vous la Ligue 1 ?

Je l’ai suivie surtout la saison dernière, un peu. Je suivais Monaco, qui a fait un super Championnat et une belle Ligue des champions.

Avez-vous parlé à des joueurs avant de vous décider ?

Oui, à Benjamin Mendy notamment. Nous sommes amis, on s’est connus par la vie privée, pas par le foot, et on s’appelle souvent. Il m’a parlé de Monaco en très bons termes. Du coup, je n’ai pas hésité. Monaco est un endroit parfait pour bien travailler, et pour progresser quand on est jeune.

Pour l’instant, comment trouvez-vous la Ligue 1 ?

C’est physique, rapide, avec de très beaux stades, en tout cas ceux que j’ai vus jusqu’ici. Et il y a de très bons joueurs. Je ne comprends pas pourquoi certains le considèrent comme un Championnat moyen.

Vous avez la réputation d’avoir une forte personnalité….

Je ne sais pas. Je sais ce que je veux, c’est vrai, depuis tout petit. À la Lazio, il y a aussi eu quelques retards à l’entraînement…(Rires.) Ici, pas encore, pas un seul ! Continuons comme ça..

Vous êtes international sénégalais (16 sélections, 3 buts). Avez-vous beaucoup hésité avec l’Espagne ?

Je voulais attendre, voir ce que me disait mon cœur, avant de choisir une équipe nationale. Ensuite, j’ai senti que ce serait le Sénégal. J’ai parlé à mes parents, et j’ai décidé. Depuis, je n’ai pas vécu un seul jour plus émouvant que celui où j’ai débuté en sélection (le 26 mars 2016 contre le Niger). Toute ma famille était au stade,  ils se sont levés, ils hurlaient dès l’échauffement. Voir les regards de ma mère, mon père, ma grand-mère, c’était une émotion incroyable. »

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