Anciens internationaux sénégalais, Adolphe Mendy, Aly Male et Mbaye Badji ont pendant longtemps occupé le poste d’arrière des Lions. Ils connaissent le job et savent séparer la bonne graine de l’ivraie. Ces anciens Lions jugent leurs cadets, qui ne leur procurent pas forcément que du plaisir.
Sur la colonne vertébrale de l’équipe nationale, un embouteillage monstre. En pointe comme dans l’axe central des Lions, les solutions sont multiples. Une abondance de biens qui cache un mal profond. Il suffit de faire un pas sur les côtés pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts. Ou du moins le vide qu’ont laissé des latéraux comme Pape Fall, Oumar Touré, Adolphe Mendy (génération 86) et après eux, Oumar Daf, Mbaye Badji, Aly Male, Ferdinand Coly, Habib Bèye, entre autres. La relève annoncée (Cheikh Guèye, Pascal Mendy) n’est pas encore à la hauteur. Les préposés à la tâche sont moins brillants que leurs aînés. Un des meilleurs latéraux de France en 2011, Cheikh Mbengue, peine à se maintenir à son niveau. Malgré la confiance renouvelée du sélectionneur, Alain Giresse, le joueur de Toulouse, qui continue à faire de l’ombre à Armand Traoré, n’offre plus suffisamment de gages de sécurité. Ses sorties sont devenues approximatives. À droite, on colmate les brèches.
«Zargo Touré a des problèmes sur le plan offensif, mais a le talent et la puissance pour être un bon arrière droit, avoue Mbaye Badji, ancien international. Il faut maintenant voir si celui qui est devant lui ouvre le couloir pour qu’il puisse apporter quelque chose sur le plan offensif. Mais contre l’Angola, j’ai l’impression qu’il était limité. Cheikh Mbengue, lui, manque de hargne dans les replacements défensifs.» Bref, résume Aly Male, ancien international : «Nos latéraux traînent des lacunes.» Adolphe Mendy est du même avis. «On n’a plus les latéraux d’antan. On a un grand déficit de latéraux et le jour où l’on réglera ce problème, on aura une bonne équipe».
L’ancien défenseur international sénégalais fait allusion à l’apport offensif que peuvent avoir les arrières. «Les latéraux ne se cantonnent plus à rester derrière. Ils sont maintenant les 5 ou 6e attaquants. Ils ont un apport considérable dans la phase offensive, parce que de plus en plus, le football se joue sur les côtés. Avec des latéraux qui ont un apport offensif conséquent, l’équipe a plusieurs chances de mettre des buts et de gagner le match. Malheureusement, nos arrières manquent d’apport offensif. Le latéral doit être défensivement bon, savoir bien se replacer et être capable d’accompagner les attaquants dans la phase offensive. C’est un travail considérable, parce qu’ils sont très importants dans le football actuel.» N’est pas latéral qui veut. Certains défenseurs centraux décalés sur les côtés éprouvent d’énormes problèmes pour faire le job. «La polyvalence a ses limites, souligne Adolphe. Le professionnel doit pouvoir s’adapter, mais c’est difficile quand ce n’est pas son poste de prédilection. Un footballeur a besoin de repères. Ce n’est pas évident de se retrouver sur les côtés quand on n’est pas latéral de métier. Le colmatage ne peut pas être une solution durable. Les défenseurs centraux ne sont pas des latéraux de métier. Défensivement, ils vont tenir le coup, mais ne vont rien apporter sur le plan offensif. Avec cette méthode, on n’avancera pas. Il faut qu’on essaye de trouver des latéraux de métier. Avec les défenseurs centraux, le gabarit est souvent un handicap. Quand ils ont en face des ailiers de métier qui vont très vite, ils ont des problèmes. Ce n’est pas la même vitesse. Les gens qui sont lourds ne sont pas rapides. Face à un ailier de métier très véloce, quand ça joue bien dans les espaces, cela devient difficile. Ils sont lourds, le temps de se retourner le gars est déjà parti.»
Le football local peut-il prétendre combler le gap ? Adolphe Mendy : «Pourquoi pas ? L’équipe nationale n’est pas réservée qu’aux professionnels. Dans le championnat local, on a parfois de très bons joueurs. De notre temps, la moitié de l’équipe était composée de joueurs locaux. On voit parfois des joueurs locaux plus capés que les professionnels. Il ne faut pas avoir peur de les prendre.» Aly Male : «il faut qu’on fasse confiance aux joueurs locaux. Sans citer de noms, il y a de bons latéraux dans le championnat local. Il faut leur donner la chance de se montrer. Dans l’engagement et la motivation, ils pourront apporter un plus.» Mbaye Badji, lui, cite «Mamanding Kidiéra (Casa), Mame Balla, Souleymane Ciss (As Pikine) Khassim Soumaré (Diambars) et Babacar Seck (Jaraaf)».
GFM