Sadio Mané à Liverpool. Kalidou Koulibaly à Naples. Idrissa Gana Guèye au Paris Saint Germain de Lionel Messi et Neymar. Edouard Mendy à Chelsea. Aliou Cissé sur le banc des «Lions» depuis le 5 mars 2012. Une équipe fédérale qui maitrise la haute compétition pour avoir déjà pris part à quatre coupe d’Afrique des nations, une coupe du monde, des Jeux olympiques entre autres. Un Etat qui ne lésine pas sur les moyens quand il s’agit de mettre les «Lions» dans d’excellentes conditions de performance. Une presse critique et alerte. Un tel cocktail fait forcément du Sénégal, logé dans la poule B en compagnie du Zimbabwe, de la Guinée et du Malawi, un des favoris légitimes de la prochaine CAN prévue du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun.
DES INDIVIDUALITES AU SERVICE DE L’EQUIPE
L’Euro 2021 remporté par l’Italie de Roberto Mancini et les Blues de Chelsea de Thomas Tuchel, vainqueurs de la Ligue des champions, la même année, sont une preuve à suffisance que le football moderne repose sur le collectif au détriment d’un conglomérat d’individualités où chaque joueur cherche vaille que vaille à faire son show personnel afin de trouver une place au soleil. L’époque où un seul joueur prenait le jeu à son compte pour régler à lui tout seul le problème de son équipe n’est peut-être pas révolue, toutefois, il faut reconnaître qu’elle n’a plus de grands jours devant elle. Par conséquent, il faut savoir souvent faire preuve d’altruisme, de beaucoup de générosité au service du collectif. Malheureusement, il faut reconnaître que le Sénégal traine un tel pêché. Ce, de génération en génération. Le dernier match des Lions en est une parfaite illustration. Sur plusieurs actions offensives, des joueurs ont préféré faire preuve d’égoïsme que d’altruisme qui aurait pu sceller le sort du match avec un score fleuve. Et personne n’allait crier au scandale. Hélas ! Quand chaque attaquant ou chaque joueur cherche à marquer un but, même dans une position impossible, le Sénégal ne pouvait y arriver qu’avec un exploit individuel. Comme ce fut le cas avec Sadio Mané qui a libéré tout un peuple. Mais, jusqu’à quand allons-nous continuer à procéder ainsi ? Qu’adviendrait-il face à de grosses cylindrées mieux loties que la modeste formation togolaise ? De telles interrogations méritent d’être posées et surtout avant la grand-messe prévue l’hiver prochain. Il est temps de faire le holà et de faire comprendre que les statistiques individuelles ne devraient pas prendre le dessus sur l’équipe.
LES ELIMINATOIRES QATAR 2022, UN TEST GRANDEUR NATURE
Pour mieux peaufiner sa stratégie, le staff technique sénégalais ne pouvait pas espérer mieux que les éliminatoires de la coupe du monde Qatar 2022. Les Lions vont livrer six (6) matches entre le 1er septembre et le 6 novembre. Après la victoire à Lat Dior face aux Eperviers du Togo, la bande à Sadio Mané a quitté Dakar, dimanche 5 septembre, à bord d’un vol spécial à destination de Brazzaville. Les «Lions» vont croiser le fer avec les Diables rouges du Congo, ce mardi au stade Alphonse Massamba Débat qu’ils connaissent bien, pour le compte de la 2ème journée des qualifications, pour y avoir déjà joué lors des éliminatoires de la CAN (0-0).
Au mois d’octobre prochain, les «Lions» déjà leaders de leur poule H auront droit à une double confrontation. D’abord un déplacement à Windhoek avant de recevoir les mêmes «Brave Warriors» de la Namibie à Thiès devenu l’épicentre du football sénégalais.
La boucle sera bouclée au mois de novembre avec un déplacement à Lomé pour le compte de la 5ème journée face aux Eperviers de Pablo Duarte avant la réception des Diables Rouges pour le compte de la 6ème et dernière journée du 2ème tour de ses éliminatoires expresses. Ces six matches devraient donc être mis à profit pour non seulement préparer la CAN mais les différents adversaires devraient aussi servir de sparring-partners à Aliou Cissé afin de mieux huiler sa machine.
L’EQUATION DES BLOCS BAS
Blocs bas ! Tel un refrain d’un hymne national, ce système de jeu est en passe de devenir un véritable casse-tête pour plusieurs techniciens dans le football actuel. Le sélectionneur du Sénégal, Aliou Cissé, n’est pas en reste. Au contraire, il en souffre énormément. Le 30 mars dernier, la modeste équipe d’eSwatini (146ème au classement Fifa), déjà éliminée de la course pour la CAN 2021, a failli réussir un hold-up parfait face aux Lions, qualifiés à deux journées de la fin.
Après un but matinal inscrit par Sabelo Gamedze à la 4ème minute, le Bouclier du Roi (surnom de l’équipe d’eSwatini) va se recroqueviller dans son camp et laisser l’initiative du jeu aux Lions qui ne réussiront à égaliser que dans les arrêts de jeu (96ème minute) grâce à Cheikhou Kouyaté. Aidés par la dimension du stade Lat Dior, relativement petite, les Visiteurs vont donner du fil à retorde à Aliou Cissé qui avait opté pour un turnover.
Il faut d’ailleurs souligner que le Sénégal a été confronté à ces blocs bas tout le long des éliminatoires. Ne soyons donc pas étonnés d’assister aux mêmes scénarii en phase de poules contre la Guinée et le Malawi. Excepté peut-être le Zimbabwe qui est une équipe joueuse au football. The Warriors (Les Guerriers) sont les premiers adversaires des «Lions» le 10 janvier à partir de 13 heures (Gmt) à Bafoussam.
Par conséquent, il appartient au Sénégal de se préparer à toute éventualité en imposant son jeu. Un système avec Sadio Mané excentré gauche, Ismaïla Sarr excentré droit mais, recadré et attaquant à la pointe de l’attaque (Boulaye Dia, Famara Diedhiou ou Habibou Diallo) nous semble intenable. Surtout qu’au niveau du milieu de terrain, Cissé semble avoir l’embarras du choix entre Idrissa Gana Guèye, Cheikhou Kouyaté, Nampalys Mendy etc.
Il ne reste plus qu’à souhaiter plus de temps de jeu à certains joueurs qui sont sous la menace de la concurrence. C’est le cas de Fodé Balla Touré au Milan AC face au Français, Theo Hernandez mais aussi d’Idrissa Gana Guèye au PSG en concurrence avec Verratti et autre Wijnaldum. La liste est loin d’être exhaustive.
PROTEGER DAVANTAGE PAPE MATAR SARR
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que Pape Matar Sarr a un avenir prometteur. C’est un jeune joueur pétri de talents. Dans ces cas d’espèces, il doit être protégé et aidé afin de lui éviter d’exploser en plein vol. Si Lionel Messi est devenu ce joueur stratosphérique, aimé et adulé, c’est parce qu’il a bénéficié d’une grande protection d’un très grand technicien, Frank Rijkaard avant d’éclore sous la direction de Pep Guardiola. Mercredi dernier, PMS, a vécu une soirée presque cauchemardesque, pour la bonne et simple raison qu’il n’a pas pu gérer la charge émotionnelle qu’il a vécue. Signature d’un contrat de six ans avec Tottenham (Premier League), convocation en équipe nationale pour livrer un match éliminatoire de coupe du monde où il a été titularisé. Il joue dans sa ville natale (Thiès), devant son public parmi lequel ses parents et amis. Last but not least, il occupe le couloir droit qui est loin d’être son poste de prédilection. C’était un peu trop pour lui.
Mais nous devons aussi saluer le discours d’Aliou Cissé après la rencontre. Il a eu les mots justes pour non seulement soulager le jeunot, mais aussi et surtout lui permettre d’oublier sa contre-performance.
Abdoulaye Thiam