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Il a fallu que le président de Niary Tally accepte l’inéluctable pour que l’évidence du titre de la Douane s’impose. Et encore… Il fallut que le président de la Ligue professionnelle donnât son mot pour lever les derniers doutes.

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On pouvait penser à toutes fins possibles. Il fallait cependant une bonne dose de sournoiserie pour imaginer une telle sortie de championnat. L’égalité parfaite entre Douane et Niary Tally a transformé hier tout le monde en statisticien. Quand les calculatrices ont fini de fixer le tableau final, chacun y est allé de sa propre logique. On connaissait le nombre de points, avec égalité parfaite entre les deux formations, le reste tenait alors de l’interprétation personnelle. Le tiraillement était épique dans cette rédaction de Waa Sports, les radios reporters ont renforcé l’embrouille.

On a supputé sur l’ordre dans lequel convoquer le goal différence général et le goal différence particulier. On a parlé de meilleure attaque puis de meilleure différence. Il en est même qui sont allés chercher les corners et évoqué la possibilité d’en arriver au… comptage des cartons cumulés durant la saison, au cas où l’équivalence entre Douane et Niary Tally se poursuivait dans une tirade infinie. Cela semblait absurde et d’un illogisme total.

Il a fallu que le président de Niary Tally accepte l’inéluctable pour que l’évidence du titre de la Douane s’impose. Et encore… Il fallut que le président de la Ligue professionnelle donnât son mot pour lever les derniers doutes.

Ce n’est pas la première fois que les détails d’un règlement échappe aux Sénégalais. Que la confusion s’installe sans qu’on sache où donner de la tête. Que le public s’abandonne aux biens pensants pour entendre ces derniers se perdre dans les certitudes qui se contredisent. On pense donc à l’entourloupe de “Caire-86”.

Dans la douleur de l’élimination des “Lions” par la Côte d’Ivoire, durant la Can de 1986, on eut droit à une formidable manipulation. La victoire ivoirienne enregistrée en début d’après-midi, la folle rumeur d’une qualification sénégalaise traversa le pays comme une trainée de poudre aux environs de 17heures. C’était aberrant. Mais beaucoup s’y sont accrochés pour dormir d’un sommeil apaisé avant de se réveiller le lendemain à l’incongruité d’une telle hérésie.

Qu’importe, le subterfuge était passé. La colère montante des Sénégalais avait divertie et une probable explosion populaire évacuée. La manip avait été si bien montée, voyageant dans les cars rapides et les bus, s’arrêtant dans les grand-places, avait été si bien structurée qu’on l’a supposée venir du ministère de l’Intérieur.

On peut aussi remonter aux éliminatoires de la Coupe du monde 1970. Là aussi, on parle d’une terrible incompréhension qui a porté le Sénégal à disputer le match de trop contre le Maroc. Battus 1-0 à Casablanca, le 3 novembre 1968, les “Lions” l’emportaient par 2-1 à Dakar le 5 janvier 1969. La meilleure attaque aurait dû les qualifier, comme il était de bon ton à l’époque, mais ils se voient imposer un match d’appui perdu (2-0) à Las Palmas, le 13 février 1969.

Un deuxième tour et un tournoi gagné plus tard, les Chérifiens représentaient l’Afrique au Mondial pour la première fois.

L’embrouille d’hier a été par moments d’une complexité inimaginable. Personne ne s’attendant à un tel aboutissement, personne n’est donc allé chercher dans les méandres de l’impossible le scénario qui a fini par s’imposer. On aurait pu disposer du règlement et s’épargner les supputations, mais les différences du championnat se règlent souvent aux points et épargnent tout le monde des petits comptes d’épicier.

La Douane est donc championne. Sur le fil ou sur la lame de rasoir, c’est toujours au mérite. Mais il y a quelque choisie d’inouïe dans ce que cette équipe vient de réaliser. Venir de la Ligue 2 pour remporter le titre de la Ligue 1 est inédit. En faire un facteur de qualité du football sénégalais paraît tiré par les cheveux. On se sent plutôt comme devant une centrifugeuse qui attitre tous les éléments vers un centre, où les entités les mieux organisées parviennent à se maintenir. C’est aussi une qualité ; si cela fait la différence c’est tant mieux. Mais cela ne tire sans doute pas vers le haut.

On verra avec la prochaine Ligue des champions ce que les Douaniers, malgré la présence d’un coach expérimenté, pourront ramener des stades d’Afrique.

Voir par l’As Pikine, championne en titre plonger vers la Ligue 2 mérite autant de questionnements. Ailleurs en Afrique, les formations qui s’imposent sur le continent tissent leurs succès dans la régularité. En Afrique du Nord ou en Rd Congo, les champions construisent dans la durée. Mais depuis le lancement de la Ligue Pro au Sénégal, en 2009, chaque année enregistre son champion.

La saison prochaine, on ira encore apprendre avec l’As Douanes comment cheminer sur le continent.

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