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Peut-être qu’un jour on la gagnera bien cette Can. Qu’on arrivera dans cette compétition en se faisant grenouille plutôt que bœuf ; qu’on gonflera progressivement sans bruit, jusqu’à atteindre l’enflure idéale pour occuper le top du podium. Qu’on n’éclatera pas vite pour avoir enflé trop tôt, vide de ce qu’on est, plein de ce qu’on n’est pas. Pour l’heure, la Can est une compétition qui se joue à 16 équipes et qu’à la fin le Sénégal perd toujours. Cette phrase vous rappellera sans doute que d’autres ont souffert sur leur chemin de croix avant de trouver les sentiers de félicité. On compte à cet effet sur le prochain “entraineur de haut niveau”.

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Il faut juste comprendre, ou se rappeler, avec le sport, que ce qui se construit de solide n’est pas le fruit d’un miracle, mais le produit d’une rencontre entre des aspirations positives et des normes logiques. Une question alors : qu’est-ce que réellement un “entraineur de haut niveau” ? Tous ces expatriés qui se sont succédé sur le banc des “Lions” depuis bientôt quinze ans, n’étaient-ils donc que des leurres, alors qu’on cherchait une lueur ?

Dans la loterie du “haut niveau”, la renommée importe beaucoup. Le palmarès suit – qui va souvent avec le précédent critère. Si les prétentions financières ne font pas sauter le Trésor public, il ne reste qu’un bon lobby pour faire le reste.

Une fois le divin coach installé, on lui fixe un résultat à terme. Depuis quelque temps on y ajoute des objectifs intermédiaires. Mais on oublie l’essentiel : le projet de performance sportive. Qu’on ne s’étonne donc pas que tous les deux ans, en moyenne, que dure un coach, son départ laisse une énorme impression de vide. Car on travaille avec des funambules. Des gens qui dansent sur une corde, loin du réel terre-à-terre  et qui, une fois partis, laissent parfois un néant à reconstruire.

Bien vrai que dans le haut niveau actuel, il est difficile de faire du sélectionneur un “Thierno”. Il n’est plus celui qui enseigne le jeu et le “je” (la personnalité). On n’entendra sans doute plus cette sublime phrase de feu Mawade Wade, définissant un jour sa fonction d’entraineur pour dire : “Je cours derrière ceux qui courent derrière le ballon.” Et pour donner du bon sens à sa course, il ajoutait : “Le football, c’est de l’intelligence en mouvement.” La sienne venant féconder celle des joueurs.

Quand le sélectionneur n’enseigne plus, que reste-t-il ? Ses connaissances technico-tactiques à gérer l’instant d’un match, sa capacité à créer un groupe, à le motiver, à donner un sens à l’effort des uns et des autres pour qu’il ne soit pas seulement de la sueur, mais aussi du bonheur.

Bienvenue donc à l’entraineur de “haut niveau”. Mais après tant d’échecs, il faut des repères clairs pour savoir de quoi on a besoin. Car le temps presse et une campagne s’annonce (eh oui…) qui chasse une autre.

 Au regard de la sélection nationale telle qu’elle s’est affirmée au cours de ces dernières années, on doit bien savoir dans quel sens orienter la continuité. Aujourd’hui qu’on connaît le potentiel, les valeurs, les acquis, les déficits, on peut déterminer le cap à suivre. En cela on reconnaîtra au moins à Giresse d’avoir laissé une ébauche qui peut faire œuvre d’art.

Reste à savoir ce qu’on va demander au futur bonhomme de “haut niveau”. A apprendre aux “Lions” comment garer le bus de Mourinho et rigoler des efforts vains des autres à le contourner ? A montrer aux concepteurs du milieu comment tisser une toile et disposer du fil d’Ariane qui permet de se retrouver dans tous les schémas que peuvent imposer les situations de jeu ? Quoi d’autre encore ?

Le difficile, dans la recherche de l’oiseau rare du banc, c’est qu’il n’y a pas de normes absolues pour dessiner une réussite. Par contre, il y a les méthodes de travail qui peuvent convaincre et attester d’une expertise. Il y a aussi le cursus et la certification que complètent l’expérience et les connaissances.

Quoi qu’il en soit, un entraineur n’est pas un pilote d’avion à qui on demande 10 000 heures de vol (équivalent à mille heures d’entrainement pour un entraineur ?) pour lui donner les commandes d’un A380 (une équipe nationale ?).

S’agit-il de continuer à retourner la question, avec l’impression de chercher le bouchon, au fond de l’océan, qui empêche la mer de se vider ? Non… On veut juste cette fois comprendre comment/pourquoi le sélectionneur national de haut niveau qui va arriver est de haut niveau et sur quoi on l’étalonne.

Dans deux ans, on n’aura pas l’air d’être aussi désarmé devant tant de bruit et de fureur.

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