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Joseph Koto coach su sénégal football
Joseph Koto

Pour le président de l’Association nationale de la presse sportive (Anps), Mamadou Koumé, le mal du football sénégalais est profond. Il ne croit pas en l’homme providentiel et estime que Joseph Koto est « le mouton du sacrifice ».
Que pensez-vous du limogeage de l’entraîneur national, Joseph Koto ?
« Il faut dire qu’avec les entraîneurs nationaux, l’histoire s’est souvent très mal achevée. Sauf pour Bruno Metsu qui, avec des résultats probants, a quitté de son gré le banc de la Tanière. Excepté lui, je ne pense pas qu’il y ait un entraîneur dont le contrat est allé jusqu’à terme. Par exemple, les cinq derniers entraîneurs du Sénégal ont tous été remerciés. Ceci est dû au fait que leurs résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes. Mais de tous, Koto est certainement celui qui a le cycle de vie le plus éphémère au sein de l’équipe nationale. Les uns et les autres ont eu des vécus allant au moins d’un à deux ans. »

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Est-ce que la fédération a cédé à la pression ou pensez-vous qu’elle a pris la décision en toute lucidité ?
« De toute façon, la Fédération de football était obligée de réagir après ce qui est considéré par une frange non négligeable de l’opinion comme un échec. C’est comme qui dirait la société civile du football attendait sa sortie. L’opinion s’attendait à ce que la fédération réagisse. Et en tant qu’entité autonome, elle a pris une décision. Ce qu’il faut dire, c’est que Joseph Koto a été le mouton du sacrifice. C’est logique. Parce que quand il y a un échec, quelqu’un doit payer. Et c’est souvent l’entraîneur.
Je ne connais pas les contours du contrat, mais je doute que Joseph Koto ait accepté de prendre l’équipe nationale avec comme condition d’éliminer la Côte d’Ivoire. Parce que la Côte d’Ivoire est la meilleure équipe du continent même si elle n’a rien gagné depuis 20 ans.  Alors que nous, nous sommes en reconstruction après le fiasco de Bata. Pour ce qui est du match contre la Côte d’Ivoire, l’exploit aurait été que le Sénégal passe. Mais la logique, c’était que le meilleur passe. Et le meilleur, c’est la Côte d’ivoire, au regard de son effectif. »

Mais d’aucuns disent que cette élimination est une humiliation pour le Sénégal ?
Ce n’est pas mon point de vue. Cela aurait été une humiliation si les équipes comme le Niger, le Rwanda ou encore le Botswana nous avaient éliminés. Parce que nous sommes meilleurs qu’eux sur le plan du jeu et du classement Fifa. Mais si les équipes comme le Nigéria, le Ghana vous éliminent, ce n’est pas une catastrophe. Elles sont mieux cotées que nous.

Pourquoi l’opinion n’a pas compris les choses ainsi ?
Parce que la fédération n’a pas bien communiqué. Je pense que les fédéraux et les entraîneurs auraient dû préparer l’opinion à une défaite. En sport, il faut dire la vérité aux gens. Les techniciens et la presse doivent dire la vérité au peuple. La vérité, c’est ce qui se passe sur le terrain, en évaluant les forces en présence. On peut faire des exploits dans un match. C’est ce qui s’est  passé en Coupe du monde 2002. De même, je reste convaincu que la Guinée équatoriale et la Libye ont fait des exploits à Bata contre le Sénégal. Si les matches étaient en aller et retour, la tournure aurait été autre en 2002 et à Bata aussi.

Après le départ de Koto, quelle alternative pour l’équipe nationale?
La vie continue. Le football aussi. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas allés à la Can que tout doit sauter. Il faut continuer à travailler. Je ne crois pas en l’homme providentiel. Personne ne peut, d’un coup de baguette magique, régler les problèmes du football sénégalais. Pour que le football se développe, il faut se mettre au travail. Les équipes intermédiaires doivent vivre et être suivies. On doit avoir des équipes représentatives au niveau du championnat. Aujourd’hui, la Coupe du Sénégal passe presque inaperçue alors qu’elle était bien cotée. Elle n’a même plus d’identité. Parce qu’on change le trophée à chaque édition, alors que c’est le même trophée dans les autres pays. On ne maîtrise même pas le calendrier du calendrier. On doit revoir tout cela.
Il faut, d’autre part, avoir des compétences techniques et administratives. Les gens doivent être mieux formés. Les techniciens locaux ont beaucoup de travail à faire. Nous devons aussi revoir l’organisation de nos clubs. Depuis quand nous ne jouons plus les grands rôles en Afrique ? Depuis la disparition de la Jeanne d’Arc de Oumar Seck. Maintenant, c’est les clubs gambiens qui nous éliminent en Coupe d’Afrique. On a vraiment régressé.
Enfin, il faut avoir l’énergie et la détermination pour redresser et reconstruire le football au niveau des administratifs et des techniciens. Il n’y a pas de solutions miracles. Seul le travail peut relever le niveau de notre football.

Est-ce que le président de la fédération, Augustin Senghor, n’est pas affaibli en ce moment ?
Le sport, c’est les résultats. Si tu ne fais pas de résultats, les gens vont s’interroger sur vos compétences et capacités. Mais je ne pense pas que parce que nous sommes éliminés par la Côte d’ivoire qu’il faut casser la colonne vertébrale de notre football. Le football ne s’arrête pas seulement à l’équipe nationale, même si elle reste la vitrine de notre football comme le disent certains. Pour moi, la fédération a un mandat qu’il faut respecter. A la fin de son mandat en 2013, il y aura une évaluation et les clubs vont décider. Je ne suis pas de ceux qui croient qu’il faut tout remettre en cause. Nous sommes tombés, mais nous devons nous relever et partir sur de nouvelles bases. Partir sur une démarche plus convaincante et plus cohérente. Ne pas seulement se limiter à l’équipe nationale. Il faut avoir une feuille de route et communiquer sur cela.

Quel doit être le profil du futur sélectionneur ?
Il doit être de haut niveau. Il peut être un Sénégalais ou un étranger. Si c’est un étranger, il faut le payer selon les tarifs sur le marché. Si c’est un national, il lui faut un bon traitement. La balle est dans le camp de l’Etat du Sénégal. Est-ce qu’il est en mesure de payer un technicien de haut niveau ? C’est toute la question. Maintenant, si l’Etat fixe une barre, la solution sera locale.

Dans ce cas de figure, quels sont les entraîneurs nationaux de haut niveau ?
Nous avons Lamine Ndiaye qui fait un travail remarquable au Tout Puissant Mazembé. Il a prouvé qu’il est un bon technicien. Il est déjà passé et a échoué. Il y a aussi Lamine Dieng qui a pris la Tanière après l’échec de Sénégal 92. En club, il a toujours eu de bons résultats. Il a fait un très bon travail quand il était au Maroc et a aussi été demi-finaliste de Coupe d’Afrique des clubs avec l’Us Gorée.

Et Boubacar Sarr Locotte ?
Il a aussi fait l’équipe nationale. Lui aussi n’a pas réussi. Faut-il leur donner une 2ème chance ? C’est aux décideurs d’en décider. Quand aux autres qui sont encore au niveau local, ils n’ont pas le vécu qui leur permet de prendre l’équipe nationale. Parce qu’ils baignent dans un environnement qui ne leur permette pas de rivaliser avec les meilleurs d’Afrique.

Quel est votre jugement sur le cas El Hadj Diouf dans le football sénégalais ?
C’est un débat qui n’a pas lieu d’être. Diouf fait partie de ceux qui ont écrit l’une des plus belles pages de l’histoire de notre football. L’histoire retiendra qu’il a été le leader qui a amené le Sénégal en finale de Coupe d’Afrique et en quart de finale de Coupe de monde. Mais les choses évoluent. Nous sommes passés à une autre génération de joueurs.

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