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Son entraîneur, Michel Der Zakarian le surnomme «l’ancêtre», mais le Sénégalais Souleymane Camara, doyen des joueurs de champ africains du Championnat de France, n’a rien d’un vieux joueur tout près de la retraite. A presque 35 ans, il continue d’épater la Ligue 1 et le club héraultais où il dispute sa 11e saison. Pour RFI, le meilleur buteur de l’histoire de Montpellier revient sur cette histoire d’amour avec le club héraultais. 

Souleymane, revenons sur la première journée de Ligue 1. Votre but permet à Montpellier de battre Caen (1-0) au cours d’une soirée en hommage à Louis Nicollin, président du club décédé le 29 juin 2017. Comment vous avez vécu cette soirée ?

J’ai ressenti beaucoup d’émotions ce soir-là. Monsieur Nicollin était quelqu’un de très important pour moi. Depuis que je suis arrivé à Montpellier en 2007, il a toujours dit à tout le monde qu’il m’appréciait, qu’il m’aimait beaucoup. D’ailleurs, mes coéquipiers disaient que j’étais son fils. Tout le monde connaissait notre relation particulière.

Et vous êtes devenu en même temps le meilleur buteur de Montpellier en Ligue 1 avec 49 réalisations…

Cela fait plaisir, et j’espère en tout cas être plus souvent décisif cette année. Je ne savais même pas que je pouvais devenir le meilleur buteur du club en Ligue 1 ce soir-là. C’est après le match qu’on me l’a appris.

C’est votre 11ème saison à Montpellier, une belle histoire. Comment s’est construite cette relation ?

Dans la vie, on dit : « l’homme propose et Dieu dispose ». Au départ, l’idée était de me relancer quand Rolland Courbis est venu me chercher à Nice. Dans ma tête, c’était un prêt pour rebondir. Quand je suis arrivé, j’ai été bien accueilli, j’ai bien aimé la ville. La première année s’est bien passée avec l’équipe et les dirigeants. A partir de là, je me suis dit “pourquoi pas”. D’autant que le club montait en Ligue 1. C’était un challenge. Quand nous sommes montés en Ligue 1, la première année, nous avons fini 12e. La deuxième année, nous avons fini 14e et la troisième année, nous avons fini champions.

Vous avez tout connu avec le club : maintien, montée, champion, vous n’avez jamais eu des envies de départ à un moment donné ?

Avant l’année du titre, j’avais des pistes, il y avait des clubs en Angleterre, en Turquie et en Arabie Saoudite, mais le président Nicollin ne voulait pas que je parte. Il ne le voulait pas du tout. A chaque fois, il s’opposait à mon départ.

C’est un peu pour lui que vous êtes resté alors ?

Oui par respect et aussi le fait… (il ne termine pas sa phrase). Vous savez maintenant, j’ai une famille. Je ne suis pas seul, j’ai trois enfants. Donc quand je fais quelque chose, je réfléchis parce que ce n’est pas facile de prendre des décisions sur un coup de tête. J’en parle à ma femme, avec mes enfants et mon entourage. Après réflexion, mes enfants ne voulaient pas partir, ma femme, non plus, donc je me suis dit que c’était pas mal de rester à Montpellier.

Vous allez avoir 35 ans en décembre mais vous avez toujours l’air d’un jeune joueur. Quel est votre secret pour rester aussi frais ?

Je ne sais pas s’il y a un secret mais effectivement dans ma tête, je me sens jeune. En tout cas, je fais tout pour être à la hauteur. Je travaille. Je fais en sorte d’être performant à l’entrainement ou en match. C’est sûr que je n’ai plus mes jambes de 18 ans, mais j’essaie de donner tout chaque fois que je suis sur le terrain. On a la chance de faire un métier qu’on aime. Pour le moment, je me sens physiquement très bien, j’espère en profiter au maximum.

Quand vous voyez votre coéquipier Vitorino Hilton (40 ans), vous vous dites que vous pouvez jouer encore quelques saisons ?

Cela va être dur d’aller chercher « Vito ». C’est en tout cas exceptionnel de le voir à ce niveau. Je lui tire mon chapeau. C’est quelqu’un avec qui je m’entends bien. Il y a beaucoup de respect entre nous. Après dans le football, tout est possible. Là, physiquement, je me sens bien. Si mon corps me dit que je peux continuer encore, oui pourquoi pas.

Réfléchissez-vous à l’après foot ?

Oui, car je n’ai plus 18 ou 20 ans. Donc forcément, j’y pense. Là, je n’ai pas quelque chose de défini mais j’y réfléchi. Je n’ai pas pris de décision. Pour le moment, je profite au maximum des moments passés sur le terrain. J’y réfléchis (il insiste).

Vous avez arrêté avec la sélection du Sénégal alors que vous l’avez connu très jeune, à 19 ans. Est-ce qu’il n’y a pas un sentiment d’inachevé avec les Lions ?

C’est toujours dur de quitter la sélection sachant qu’on aime son équipe nationale, son pays. J’étais arrivé à un certain moment où je me disais que j’avais pratiquement tout donné avec eux  et vice-versa. Il y avait aussi ma famille, mes enfants qui n’arrêtaient pas avec les questions. Cela fait partie aussi de ma décision, même si cela a été difficile. J’ai fait quand même 13 ans avec les Lions de la Téranga. La seule chose que je regrette, c’est de n’avoir pas gagné la coupe d’Afrique avec l’équipe du Sénégal, mais j’en garde des souvenirs exceptionnels.

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