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Accroché à Praia où il a accompagné Me Augustin Senghor, candidat à la présidence de la CAF, Saer Seck a bien voulu parler de la difficulté des championnats sénégalais de jouer à huis-clos, sans droits télé, sponsors ou soutien de l’État. Il s’est également prononcé sur la rumeur qui lui prête des ambitions à la présidence de la fédération sénégalaise de football.

Les championnats du football sénégalais se jouent à huis-clos depuis début janvier. Est-ce que ça se passe toujours bien et est-ce que vous pourrez continuer ?

Jouer à huis-clos n’est jamais une bonne décision, le football étant un spectacle et un spectacle c’est toujours des spectateurs. Un stade sans spectateurs est d’une tristesse infinie. Mais les circonstances font que nous n’avons pas le choix. On est obligé, compte tenu de la pandémie, de jouer. Nous nous étions arrêtés le 14 mars 2020, on ne peut pas arrêter depuis ce temps et continuer à ne pas jouer. On ne peut pas non plus avoir l’indécence que nos compétitions soient des facteurs d’accélération de la propagation du virus. On a un devoir de protection des acteurs du football et de leurs familles qui sont quasiment la totalité de la population sénégalaise. C’est un pis-aller, donc nous nous contentons de manière à ce qu’à la fois notre football ne «meurt» pas.

Y a-t-il espoir de décrocher des sponsors ou encore la subvention de l’État pour permettre à ces championnats d’aller à terme, si l’on sait que le huis-clos est très coûteux pour les clubs ?

Vous ne pouvez pas avoir de sponsoring, si vous ne jouez pas. Vous ne pouvez pas avoir le soutien de l’État, si le football est déjà «mort». Vous ne pouvez pas non plus avoir de droits télé, si vous ne jouez pas. Pour activer l’ensemble de ces leviers, il faut que le football reprenne, même dans des conditions extrêmement difficiles. C’est le lieu de rendre hommage aux dirigeants et aux présidents des clubs qui font des efforts et des sacrifices incroyables pour que le football puisse continuer. Il faut que le football survive pour que tous les leviers puissent effectivement être actionnés. Nous avons déjà lancé des appels à l’État, nous les relançons. Sans les dirigeants et la fédération, le football au Sénégal se serait arrêté. Nous faisons, depuis 10 ans, des efforts importants dans le sens de la professionnalisation du football. Tout n’est pas parfait, on le sait, mais on a réalisé des pas importants qu’il faut consolider. Et pour les consolider, il faut les droits télé, que la commercialisation qu’on avait commencée, soit débloquée, il faut l’appui de l’Etat. Jouer nous permet d’avoir, au moins, j’allais dire l’illusion, mais l’ambition d’aller faire actionner ces leviers.

Ça coûte combien à un club qui reçoit un match à huis-clos ?

Un match à huis-clos c’est un coût global d’environ 1 à 1,2 million de FCfa pour chaque club. C’est difficile parce qu’outre la location du stade, on doit mettre en place un dispositif sanitaire, sécuritaire, d’évacuation, avec les sapeurs-pompiers etc. On doit transporter le club, regrouper les joueurs. C’est un investissement lourd. Et derrière, on n’a ni droits télé, ni sponsoring, encore moins, pour le moment, le soutien de l’État. On a un certain nombre d’appuis qui nous ont permis de survivre pendant la période de mars 2020 à décembre 2020, avec la fédération sénégalaise de football qui a été appuyée par la CAF, la FIFA et l’État du Sénégal.

Vous avez bouclé votre deuxième mandat de 4 ans à la tête de la ligue professionnelle. A l’heure de faire le bilan, qu’est-ce que vous retenez ?

Le bilan est mitigé, pour être objectif. Si du point de vue de la régularité de la compétition, de la compétitivité des équipes, de l’organisation des équipes, de la structuration de l’administration de la ligue; on a fait des pas importants, du point de vue de l’environnement économique, malheureusement on n’a pas progressé. Nous avions un sponsor important, Orange qui, aujourd’hui, nous fait défaut et que nous n’avons pas su remplacer. Le point important de ce deuxième mandat était centré sur le développement économique. Et le développement économique devait forcément passer par la promotion des droits télé et leur commercialisation. C’est ce qui devait nous donner une certaine visibilité, un certain niveau d’organisation et de compétitivité pour attirer les sponsors. Nous avions réalisé un grand coup, en commercialisant nos droits télé pour 11 millions de dollars (environ 6 milliards Cfa) avec 10 terrains synthétiques pour permettre à nos clubs de pouvoir s’équiper, avec des panneaux Led et un ensemble de dispositifs autour de ces droits télé qui nous auraient permis d’avoir deux matchs en direct chaque journée, avec des magazines de 52 minutes, la mise en valeur des joueurs de manière à valoriser notre championnat. Au moment de prendre notre envol avec le contrat avec StarTimes, on nous a cassé les jambes. On attend que l’État nous aide à nous en relever de manière à ce que les programmes que nous avions mis en place puissent être déroulés.

Vous est-il arrivé de vivre des moments difficiles dans cette mission à la tête de la ligue pro et de vouloir jeter l’éponge ?

Il y a eu beaucoup de moments de tension et beaucoup de moments de difficultés, mais au lieu de jeter l’éponge, je me dis qu’il faut se mobiliser, faire preuve d’imagination, de courage et de résilience aussi et autour de moi, j’ai des hommes de très grandes qualités au milieu de qui je n’avais pas le droit d’avoir une attitude différente que celle que j’ai eue qui a été de me mobiliser, d’aller chercher les ressources là où elles se trouvent. On s’est battu pour que ce football-là ne meurt pas. Aujourd’hui, les difficultés se sont accrues avec la pandémie. Malgré ça, nous avons encore la foi et l’ambition d’obtenir le soutien de l’État, des droits télés qui se mettent en œuvre et d’aller à la recherche de sponsors pour permettre à notre football d’être à un niveau standard.

En parlant d’ambitions, êtes-vous candidat à un troisième mandat à la tête de la ligue pro ?

Aujourd’hui, il est tôt pour dire que je suis candidat à un troisième mandat. Notre mandat devait être renouvelé au mois d’octobre dernier. Vous ne m’avez pas entendu dire je suis candidat. Le comité exécutif fédéral s’est saisi de ce problème pour décider que le renouvellement du football professionnel devrait être dans le calendrier harmonisé du renouvellement de l’ensemble des instances et institutions du football en août 2021. On a le temps, d’ici au mois d’août 2021, mais aujourd’hui, en ce qui concerne les élections, beaucoup de gens pensent qu’on utilise la langue de bois, mais la candidature de Me Augustin Senghor à la Confédération Africaine de Football met entre parenthèses les différentes ambitions. Je suis à Praia pour accompagner Augustin Senghor. J’ai été de la mission qui était à Abidjan, à Cotonou et au Cameroun. Je bats campagne pour Me Senghor. Les ambitions de Saer Seck doivent se taire par rapport au calendrier qui s’impose à nous. La seule élection qui vaille, c’est celle du président Senghor. Si pour la candidature de Senghor, je dois perdre un mandat à la ligue pro ou m’asseoir sur des ambitions à la fédération sénégalaise de football que beaucoup me prêtent, je le ferai volontiers.

Une rumeur dit qu’il y a un ticket Saer Seck, président de la fédération et Cheikh Seck du Jaraaf, président de la ligue. Est-ce vrai ?

Aujourd’hui, la seule chose qui se travaille, c’est l’élection du président Augustin Senghor à la tête de la Caf. Au lendemain du 12 mars, il y a une vie et il y a effectivement, un football Sénégalais qu’il faut bâtir et qu’il faut continuer à maintenir à la première place du Football africain. A ce moment-là, on s’en occupera. Et quand on travaille pour une élection, on ne se cache pas. La preuve, on travaille pour l’élection d’Augustin Senghor. En dehors de cela, quand il s’agira de bâtir un ticket ou une candidature, on le fera de façon très claire et transparente.

Le projet Diambars est toujours en bonne marche, avec un modèle économique basé sur la location des infrastructures, de la vente des joueurs… Aujourd’hui, la vente des joueurs semble bien reprendre chez vous avec les transferts de Bamba Dieng, Alioune Badara Baldé…?

Ça fait partie du modèle économique. Toutes les académies vivent de transfert des joueurs. Une des raisons pour lesquelles je milite pour que Augustin Senghor soit à la CAF, c’est que la valeur des joueurs africains au moment de leurs départs des pays émetteurs soient mieux pris en considération. Aujourd’hui, il est rare qu’un jeune qui part soit payé rien qu’au niveau des indemnités de formations qui sont considérées par la FIFA comme minimales. C’est une chose qu’on doit corriger. Le moindre joueur brésilien coûte des millions d’euros et le meilleur jeune africain ne peut pas coûter plus de 250 milles euros. C’est totalement inacceptable. Ce système que nous avons hérité de notre passé colonial doit s’arrêter. Diambars, comme toutes les autres académies, a comme base, le transfert des joueurs. Ce n’est malheureusement pas suffisant, parce que les dépenses que nous avons sont au-dessus des fonds que nous récupérons des transferts des joueurs.

Le partenariat avec Marseille est basé sur quoi. Est-ce qu’il fonctionne à merveille ?

Le projet avec Marseille fonctionne. Mais, il est fortement impacté par la pandémie puisque nous avions signé en décembre 2019 alors qu’en France, ils sont entrés en confinement juste après. Malgré cela, nous avons eu un joueur qui a pu aller à Marseille, Ahmadou Bamba Dieng. Il aurait la possibilité d’aller dans d’autres clubs si Marseille ne l’avait pas pris, compte tenu de ses performances.  Mais honnêtement, le partenariat n’a pas fonctionné au niveau où on l’attendait. Mais ce n’est la faute ni à Marseille ni à Diambars. Il y a dans ce partenariat non seulement des aspects financiers mais également de coopération technique, de coopération médicale, en termes de matériel et en termes d’infrastructures qui sont beaucoup plus importants et que nous n’avions pas mis en œuvre. On espère dans le courant 2021, qu’on sortira dans cette pandémie. Quand les gens pourront se déplacer à nouveau librement, on essayera de donner à ce partenariat toute sa plénitude. 

Quelles sont les ambitions du club cette saison, vous avez démarré très fort ?

Un peu à la surprise générale. Nous avons démarré fort, mais nous avons perdu un des éléments importants de notre dispositif, Aliou Badara Baldé. Nous perdrons probablement la semaine prochaine, un autre joueur, Ousmane Ba, qui doit aller aux États-Unis. Mais nous n’avions pas encore récupéré Ousseynou Niang, Mor Talla et Mickael Ngor Faye qui étaient tous deux blessés. Notre ambition est d’assurer notre maintien le plus rapidement possible. Et ceci fait, les gros calibres du championnat vont avoir des soucis à se faire parce qu’à ce moment-là, nous lâcherons les chevaux, nous allons nous faire plaisir. Les enfants dans l’insouciance, quand ils se font plaisir, c’est là qu’ils sont plus dangereux. Pourquoi pas un hold-up ? Nous le ferons dans l’enthousiasme et la bonne humeur en essayant d’améliorer la qualité de nos jeunes. Car, ils sont très jeunes, ils sont dans l’apprentissage. C’est plus facile de corriger dans une ambiance positive avec des matchs gagnés, avec un classement le plus haut possible, avec un maintien assuré. Nous en sommes conscients, mais si on peut lâcher assez rapidement les cheveux, ne nous nous priverons pas.  Et le ciel sera notre limite.

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