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Pour beaucoup, il reste «le défenseur qui a osé défier Zlatan», et il le sait. Et il en est fier. «Fier, oui, car partout où Zlatan va, il casse tout. Mais pas ce jour-là», sourit Bayall Sall à l’évocation de ce fameux soir de novembre 2012 où il a donné le tournis et le bourdon au géant suédois. «J’y repense parfois. Dans la rue, on m’arrête encore pour me dire «respect, tu as tenu Zlatan», mais ça passe, quand même. On tourne la page. Je ne jouais d’ailleurs pas forcément pour le défier, c’est juste que c’était lui qui venait sur mon côté. Lors de notre dernière confrontation à Paris, il a inscrit trois buts, c’était mérité, il était au-dessus de moi.» Une petite baisse de forme, ce 31 août dernier, mais qui ne saurait entacher une première moitié de saison quasi exemplaire: 16 titularisations, deux buts. Omniprésent et décisif, comme transfiguré, le stoppeur des Verts, de retour après une vilaine blessure aux adducteurs qui l’a tenu éloigné des terrains depuis début décembre : «Pour moi, cette saison marque une renaissance. Depuis que je suis revenu de mes problèmes avec le club, cela fait trois saisons que j’essaye de donner tout ce que je peux. Je suis content, je suis à mon meilleur niveau, je m’éclate sur le terrain …»

Bayal Sall et Zlatan Ibrahimovic, sans rancune. (L’Equipe)

«Le loft est arrivé du jour au lendemain, je n’ai pas compris.»Voici donc venu l’âge d’or du défenseur d’airain stéphanois au mental d’acier. La métaphore s’impose, tant le Sénégalais est revenu de l’enfer, enfin, de ce qu’un footballeur peut appeler l’enfer: après le banc, la mise au ban. Le cruel «loft», qu’il fréquente lors de la saison 2011-2012, avant un prêt dans la froidure nancéienne. La petite mort dans le club qui t’a vu naître: «Le loft, oui, c’était un moment difficile mais cela m’a rendu plus costaud mentalement. C’est arrivé du jour au lendemain, je n’ai pas compris. J’en garde le soutien de mon entourage, compagne, parents, frère et sœurs, amis…» La résolution de sa situation financière (une réintégration à l’effectif en échange d’une prolongation de contrat de deux ans afin d’échelonner le paiement de son salaire) s’est accompagnée d’une refonte physique draconienne. Le défenseur a fondu: «Quand j’allais en vacances en Afrique, j’avais pris un préparateur physique après ne m’être accordé qu’une semaine de repos. Je m’entraînais quand il faisait chaud, soit le matin dès 10h00 et l’après-midi vers 17h00, pour maigrir. On courait beaucoup, on faisait beaucoup de foncier et on ne mangeait que des crudités. Cela m’a remis en forme, c’était difficile de perdre tous ces kilos, mais cela m’a permis d’aborder le Championnat bien plus tranquillement.»

Des vidéos de Terry et Lampard pour bosser

En deux saisons, il en redevient même un élément-clé au sein du dispositif stéphanois. Plus affûté physiquement, Bayal Sall n’a pas franchement apprécié la caricature du «joueur typique africain» dressée par Willy Sagnol. «Il a dit ce qu’il voulait dire. Ça fait mal. Il ne devrait pas réfléchir comme ça. Ou alors il a mal exprimé sa pensée.» Longtemps moqué pour sa technique jugée inégale, le défenseur de “Sainté” a, là encore, bossé son sujet. Il a regardé des  vidéos de John Terry, «car il joue avec la tête», ou de Frank Lampard. «J’ai appris la sérénité, surtout. J’ai appris à réfléchir avant d’accomplir un geste agressif.» Cette transformation, l’international sénégalais n’avait d’autre choix que de l’enclencher. «Quand tu vois le regard de tes enfants, tu ne peux pas lâcher, c’est impossible. Je sais d’où je viens, ma famille comptait sur moi donc je ne pouvais pas lâcher. Il n’y a que moi dans ma famille qui joue au foot. Je l’aide financièrement, il y a beaucoup de personnes qui comptent sur moi, je ne peux pas les abandonner comme ça. Alors j’ai travaillé et j’ai attendu mon tour. Je n’ai pas beaucoup parlé, j’ai juste travaillé dur.»

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