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Le football sénégalais a tout l’air d’une charogne que se disputent les prédateurs. D’un côté, ce sont d’anciens dirigeants, écartés soi par l’Etat pour mauvaise gestion, soit par le mouvement associatif lui-même pour leur carence, qui cherchent à revenir par la petite porte, non sans clouer au pilori ceux qui ont réussi à faire rejouer au foot au Sénégal. D’un autre côté, ce sont d’anciennes stars du ballon, aujourd’hui en mal de popularité (et d’argent ?), qui sont à la quête une planque. Enfin, et c’est de ce côté-là que les gens sont le plus actifs, le poste de sélectionneur des «Lions».

La plus grosse erreur du Comité exécutif de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), elle l’a commise avec la tentative de recrutement de Pierre Lechantre, tout en sachant que mes meilleurs techniciens d’Europe ne migrent pas vers les pays du Golfe. A défaut de l’ancien coach du Cameroun, Me Augustin Senghor et compagnie se sont contentés d’un Joseph Koto (par défaut), plutôt que de se hisser à la hauteur des ambitions du Sénégalais et du potentiel humain dont dispose son football.

C’est pourquoi le Premier ministre Abdoul Mbaye n’a pas tort de dire qu’il faut «à des joueurs de D1 européenne, un entraîneur de D1 européenne». Quand un entraîneur peut facilement nourrir des complexes vis-à-vis de ses joueurs, quand ceux-ci savent que depuis sa nomination, le coach n’a pas perçu un seul sou, ses principales ressources étant les primes qu’il perçoit au même titre que ses joueurs, c’est la porte ouverte à tout.

Pourquoi Aliou Cissé ?

Aussi, après le limogeage de Joseph Koto et la désignation du Directeur technique national (Dtn) pour assurer l’intérim, des candidatures ont-elles commencé à tomber sur la table du président de la Fsf, tout comme des noms de techniciens, qui ne se sont même pas manifestés, sont agités. Chaque jour, dans la presse, les lobbies s’investissent pour suggérer tel ou tel autre entraîneur, servant des fois des arguments plus nostalgiques, plus complices que techniques.

La dernière en date, c’est la suggestion d’un quotidien dakarois d’introniser un débutant, en la personne d’Aliou Cissé. Ancien capitaine de la «Génération 2002», celle-là qui croit devoir prendre en otage le football sénégalais, après être passé à côté d’une inscription dans le Panthéon du football sénégalais, Cissé est un vrai leader, et cela, nul n’en disconvient. Après sa carrière sportive, il a fait ses examens d’entraîneur et obtenu ses diplômes, mais il ne s’est jamais exercé à ce métier exigeant et complexe, pas même en club.

Sentimentalisme aveugle

Pourtant, dès son retour au pays, il est bombardé adjoint de l’entraîneur de l’équipe nationale olympique, qui se qualifie pour les JO 2012 et atteint même les quarts de finale. Le titulaire du poste est «promu» adjoint en sélection A et lui, Cissé, intronisé patron des Olympiques. Et voilà que ses amis, de la presse comme anciens joueurs, dont Henri Camara qui espère une 100esélection avant la retraite, montent au créneau pour lui destiner le banc des «Lions». Que vaut une telle proposition ? N’est-ce pas l’expression d’un sentimentalisme aveugle, qui fait fi de tous les intérêts du Sénégal et de la gravité de la situation ?

Qu’on nous dise qu’Aliou Cissé est à cheval entre les deux types d’entraîneurs, notamment «expertise extérieure» et «expertise locale», il y a à se demander quel sens ces souteneurs-là donnent-ils à l’expertise. Lamine Ndiaye et Amara Traoré n’ont-ils pas été dans le même habit que Cissé ? Et pourtant, le résultat est là. Echec et mat ! Alors, que faire pour que cette querelle soit dépassée ? Ouvrir la porte de la tanière à toutes les expertises et choisir le meilleur profil, celui qui cadre le plus avec les objectifs du Sénégal et laisser à l’heureux élu le temps et la liberté de travailler.

Mais l’aventurisme doit prendre fin au Sénégal avec la déconvenue Koto. Tout autre choix fantaisiste ou complaisant pourrait être lourd de conséquence, quand on médite ce qui s’est passé au stade Léopold Sédar Senghor, le 13 octobre 2012 contre la Côte d’Ivoire (saccages des tribunes et incendies) et qui n’est dû qu’au mauvais choix des hommes.

Source: Lesénégalais

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